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Acteurs

 
 
 
     
 

Bai Guang 白光

Présentation

par Brigitte Duzan, 20 novembre 2014

 

Bai Guang est une célèbre actrice et chanteuse qui a commencé sa carrière au début des années 1940 à Shanghai pour la poursuivre à Hong Kong après 1949. Célèbre, elle l’est à plus d’un titre : comme actrice, elle est la femme fatale type du cinéma chinois de l’époque, belle et charismatique, ange damné, mais d’une profonde humanité ; souvent filmée étendue, dans des positions langoureuses, elle a souvent été comparée à Marlène Dietrich.

 

Comme Marlène aussi, sa renommée tient en grande partie à sa voix : tous ses rôles comportent des séquences chantées, et les

 

Bai Guang

chansons interprétées dans ses films sont souvent plus célèbres que les films eux-mêmes : elles ont été enregistrées et restent des succès populaires.

 

Bai Guang est restée à jamais dans l’histoire du cinéma chinois « la séductrice de toute une génération » (ou la femme fatale de toute une époque) (一代妖姬), un de ses rôles les plus célèbres.

 

Shanghai, années 1940

 

Etudes de théâtre et de musique

 

Tamaki Miura

 

De son vrai nom Shi Yongfen (史永芬), Bai Guang est née en juin 1920 à Beiping (北平), comme s’appelait alors Pékin. Le hasard veut que deux autres grandes actrices et chanteuses chinoises portant le même patronyme soient nées la même année à Beiping : Bai Hong (白虹) et Bai Yang (白杨). Bai Guang est donc parfois appelée, de manière typiquement chinoise, « l’une des trois Bai de Beiping » (北平三白之一).

 

Elle a d’abord reçu une formation classique d’actrice de théâtre, dans la troupe dite « de salon » de Beiping  (北平沙龙剧团) où elle est réputée avoir joué le rôle de Xiao Dongxi (小东西) dans la pièce de Cao Yu (曹禺) « L’Aurore » (《日出》).

 

En 1937, elle entre à l’Université chrétienne pour filles de Tokyo pour faire des études artistiques, et, parallèlement, suit des cours de chant. Son professeur est la première cantatrice japonaise à avoir fait une carrière internationale, la première à avoir chanté au Met à New York : la soprano Tamaki Miura.

 

Comme, à cause de la guerre, les concerts et représentations d’opéra étaient interdits à Tokyo, elle y a ouvert une école de chant. Née en 1884, c’était déjà une grande dame de l’opéra, célèbre pour son interprétation de madame Butterfly, opéra qu’elle a chanté pour la première fois à Londres, en 1911. Puccini lui-même dira qu’elle était la cantatrice idéale pour chanter son opéra. Elle formera non seulement Bai Guang, mais aussi Li Xianglan (李香兰).

 

L’air le plus célèbre de Madame Butterfly, Un bel di vedremo, par Tamaki Miura

 

En 1938, celle qui s’appelle encore Shi Yongfen joue dans un film japonais de propagande, « La voie de la douceur asiatique » (《东洋平和之道》), film sans intérêt, mais qui lui fait faire la connaissance d’un homme avec lequel elle a une brève liaison ; quand il est condamné pour trahison, en 1943, Yongfen rentre en Chine, à Shanghai, et c’est un tournant dans sa vie.

 

Depuis longtemps, son rêve est de faire du cinéma, son autre passion avec le chant. Elle déclare vouloir irradier la lumière sur l’écran comme celle, éblouissante, diffusée par les projecteurs, ce qui est, selon elle, le fondement même du cinéma. D’où son nom d’actrice : Bai Guang 白光, littéralement "lumière blanche", mais une radieuse clarté avec tout le signifiant implicite du caractère guang : la splendeur et la gloire.

 

Débuts à Shanghai en 1943

 

Elle fait ses débuts au cinéma, à Shanghai en 1943, en travaillant dans les studios japonais : au studio Zhonglian (中华联合制片公司 ou 中联), résultant de la fusion par les Japonais d’une douzaine de studios de Shanghai avec leur propre studio, le studio Zhonghua (中华) ; elle passera ensuite au Huaying (华影)quand les Japonais regrouperont sous ce nom les activités de leur studio de Mandchourie avec celles du Zhonglian à Shanghai.

 

D’emblée, ce sont quatre films qu’elle tourne en cette année 1943

 

1. Le premier - « Love Peas of the South » (红豆生南国), écrit et réalisé par Wen Yimin (文逸民) est un film mineur dans la longue carrière du réalisateur, mais déterminant pour celle de l’actrice, car il la campe dès l’abord dans le type de rôle dont elle ne réussira pas à s’affranchir par la suite : celui d’une beauté monnayant ses charmes, séductrice en diable, chanteuse et danseuse ; mais, elle apporte une subtile nuance à ce personnage classique : sous des dehors tapageurs et aguichants, elle apparaît d’un naturel pourtant bon.

 

2. Son second rôle ne lui donne guère les moyens d’affirmer son talent. Le film est pourtant réalisé par Li Pingqian, (李萍倩), mais Bai Guang y apparaît dans un rôle de séductrice (“女妖”) un peu superficiel, face à celui de l’épouse, interprétée par Chen Yunshang (陈云裳), l’actrice rendue célèbre par son rôle dans le grand succès de Bu Wancang (卜万苍) en 1939, « Mulan s’enrôle dans l’armée » (木兰从军).

 

On a une critique du rôle de Bai Guang dans un essai de Zhang Ailing (张爱玲) publié en 1945 dans le recueil « Ecrit sur l’eau » (Liu Yan 流言). C’est au chapitre intitulé « A la lumière de la lanterne d’argent » (《借银灯》) (1) et la critique prend un mordant particulier  sous la plume de l’écrivain que ses collègues masculins dauberont aussi bien « la séductrice des lettres de Shanghai » (海上文妖) :

« Dans « Struggle for Spring », Nancy Chen [ou Chen Yunshang] interprète son rôle d’épousehéroïque dans un style d’étudiante effusive ; quant au rôle de Bai Guang, il est limité par ses lignes de dialogues ; elle interprète une vamp étonnamment honnête, mais est réduite à tendre régulièrement son verre en répétant : « Allons, buvons ! » ; elle tente bien de rompre la monotonie du rôle par des regards aguichants, mais ses efforts semblent quelque peu forcés. »

 

C’est évidemment l’écueil de ce genre de rôle. Mais Li Pingqian

 

Struggle for Spring

 

Couverture de l’enregistrement des chansons du film Struggle for Spring

a compensé les déficiences des dialogues en offrant à Bai Guang une séquence musicale dont la chanson, elle, va devenir célèbre et lancer l’actrice, qui sera désormais inséparable de la chanteuse.  

 

La chanson "Tao Li Zheng Chun" interprétée par Bai Guang

 

3. Les deux autres films où elle joue, cette même année 1943, sont de même remémorés surtout pour leurs chansons. Le succès de Bai Guang dans ce domaine tient en grande partie à la tessiture de sa voix : une voix plutôt de mezzo, rare à une époque où la plupart des chanteuses avaient des voix aigües. 

 

1943 : enregistrement de la chanson

The Fire of Love

 

Cela lui vaudra d’être appelée « la reine de la voix grave » (低音歌后), ce qui la distingue des six autres grandes chanteuses/actrices chinoises des années 1940, dont les trois premières étaient devenues célèbres dans la décennie précédente : Zhou Xuan (周璇), la Voix d’Or (金嗓子), Gong Qiuxia (秋霞), Bai Hong (白虹.), Yao Lee (姚莉), Li Xianglan (李香), Wu Yingyin (吴莺).

 

C’est la grande période où les films chinois sortent avec des chansons qui les rendent populaires, tout comme leurs actrices. Le cinéma chinois a mis longtemps à maîtriser et développer le son ; il l’utilise ensuite pour intégrer la musique, souvent enregistrée en disques dont la technique, importée, se développe en même temps. Bai Guang arrive à point.

 

La chanson du film « The Fire of Love » ou « Les feux de l’amour »,

musique de Chen Gexin (陈歌辛) : Lian Zhi Huo恋之火

 

4. Mais, si son quatrième film de l’année n’est pas mémorable, il est important car c’est sa première collaboration avec le grand réalisateur avec lequel elle va faire quelques-uns de ses meilleurs films : Yue Feng (岳枫).

 

1944-1948 Transition

 

C’est justement avec Yue Feng qu’elle tourne l’année suivante, en 1944, un film – tourné à la Huaying - assez typique de l’engouement pour les chansons de film : « The Magic World of Filmdom » - litttéralement "des milliers

 

Bai Guang avec Wang Danfeng pendant la guerre à Shanghai

d’années dans la mer d’argent", entendez le cinéma (银海千秋)

 

The Dream of a Butterfly

 

Le scénario est de Zhang Shankun (张善琨), le principal cinéaste qui a participé à la création de la Zonglian en collaborant avec les Japonais, ce qui lui vaudra d’être l’un des premiers à partir à Hong Kong à la fin de la guerre. Son travail est très simple ; le film est une série de numéros musicaux, comportant quarante chansons, avec les grandes stars du moment,

dont, outre Bai Guang : Hu Die (胡蝶), Zhou Xuan (周璇), Li Lihua (李丽华), Li Xianglan (李香兰), Chen Yanyan (陈燕燕)… On est là au niveau zéro du scénario, c’est du pur divertissement en chansons.

 

Après un film policier, Bai Guang tourne dans deux films en 1948 : un film inspiré de « Rebecca », le film de Hitchcock d’après le roman de Daphné du Maurier : « The Dream of a Butterfly » (蝴蝶梦) ; puis un film de l’écrivain devenu réalisateur Tang Shaohua (唐绍华), aux côtés deson amie Wang Danfeng (王丹凤) : « A Diamond Ring » (珠光宝气).

 

Mais c’est à Hong Kong, où elle part en 1949, que sa carrière prend un nouvel élan, d’abord grâce à Yue Feng, puis grâce à Li Pingqian.

 

Les dix grandes stars de Hong Kong à la fin des années 1940/début des années 1950, de dr à g : Wang Danfeng 王丹凤, Bai Guang 白光, Li Lihua 李丽华, Zhou Xuan 周璇, Hu Die 胡蝶, Chen Yunshang 陈云裳, Gong Qiuxia 龚秋霞, Chen Juanjuan 陈娟娟, Sun Jinglu 孙景璐, Luo Lan 罗兰.

(les trois dernières étant des interprètes de rôles secondaires)

 

Hong Kong, années 1950

 

1949 : Yue Feng

 

Les deux films de Yue Feng dans lesquels elle joue en 1949 sont faits sur le même modèle : ils sont réalisés au studio de la Grande Muraille (长城电影制片公司), dont ce sont deux des premiers films produits, sur un scénario écrit par Tao Qin (陶秦), avec le grand chef opérateur Dong Keyi (董克毅). Outre Bai Guang, on retrouve dans les deux cas le couple Han Fei (韩非) /Gong Qiuxia (龚秋霞).

 

1. Dans le premier, « Blood-Stained Begonia » (《血染海棠红》), Bai Guan interprète une femme démoniaque ; on pourrait difficilement faire pire dans le genre « serpents et scorpions » (蛇蝎女人) : elle est l’épouse d’un petit malfrat, interprété par Yan Jun (严俊), qu’elle-même pousse à voler – il vole des bijoux en laissant derrière lui un bégonia, d’où le titre ; elle le fait condamner à la prison à vie pour vivre avec son nouvel amant, abandonne son bébé, séduit divers hommes, ouvre une maison close, en battant au besoin les femmes si elles se montrent quelque peu récalcitrantes,

 

Blood-Stained Begonia

et va jusqu’à faire chanter la famille qui a recueilli sa fille pour leur soutirer de l’argent. 

 

Yan Jun est cité en premier dans le générique, mais c’est vraiment elle la vedette. Elle incarne le type de femme endurcie, prête à tout, et en particulier à se servir de ses charmes, pour obtenir ce qu’elle veut, un amant ou de l’argent.

 

2. Quant au second, « A Forgotten Woman » ou, parmi les titres anglais que l’on trouve aussi, « An Unfaithful Woman » (《荡妇心》), c’est le portrait d’une femme fatale – c’est le sens littéral du titre – mais au sens où elle est marquée par un destin fatal. Le scénario est adapté du roman de Tolstoï « Résurrection ». Bai Guangy interprète une prostituée accusée du meurtre de son souteneur. Mais le film montre, en flashbacks, comme dans « Le jour se lève », comment elle en est arrivée là.

 

Placée comme servante dans une riche famille, elle était tombée amoureuse du fils (interprété par Yan Jun). Alors qu’elle se retrouve enceinte, les parents arrangent un mariage pour leur fils et veulent vendre la servante, qui s’enfuit. Comme la « Divine », elle se livre à la prostitution pour élever son enfant. Quand celui-ci est enlevé par son souteneur, elle l’attaque, mais tombe inanimée ; quand elle se réveille, il est

 

An Unfaithful Woman, 1949

mort, et elle va se dénoncer en pensant l’avoir tué. Le procès est mené par nul autre que son ancien amour devenu avocat. Elle sera acquittée et le vrai meurtrier finira par se dénoncer. Mais elle restera déterminée jusqu’à la fin, confiant son fils à la famille mais refusant d’y revenir.

 

Le film est encore l’occasion d’une mémorable séquence musicale :

La chanson Ten Sighs 叹十声 tirée du film An Unfaithful Woman

 

Interview dans Movie News, octobre 1950

 

Le personnage, cependant, est différent de la Divine de Ruan Lingyu (阮玲玉) ou de ceux incarnés par Zhou Xuan (周璇) : c’est une femme révoltée, victime de la société, brimée et brisée par ses codes rigides, mais qui conserve un idéal d’indépendance qui lui fait refuser les compromis.

 

Bai Guang rêvait de s’affranchir de ces rôles, de jouer des rôles à la Bette Davis, ou, comme Lin Chuchu (林楚楚) à la génération précédente ou Gong Qiuxia (龚秋霞) à la sienne, des rôles du type traditionnel « bonne épouse et mère aimante » (贤妻良母). Elle n’en a jamais eu l’occasion. Il ne faut pas le regretter : les personnages féminins qu’elle a incarnés sont uniques et d’une grande profondeur, bien au-delà du « sexsymbol » qu’on en a parfois fait.

 

Le critique taïwanais Jiao Xiong-ping (焦雄屏) a souligné que l’image de femme fatale de Bai Guang cache en fait, au plus profond, une tendresse et un amour universel de déesse mère ; il a rendu hommage à Bai Guang comme étant une actrice d’une grande beauté et d’une indépendance rare, dont la vie reflète une grande solitude au milieu des événements du monde et des dissipations de la vie, caractéristiques qui trouvent leur origine dans la Shanghai des années 1940. (2)

 

1950 : Li Pingqian et Yidai Yaoji

 

C’est cette image complexe qui va devenir à jamais emblématique de ce type de personnage -femme fatale peut-être, mais ambigu et très humain - avec le film de Li Pingqian (李萍倩) tourné à la fin de la même année, et sorti début janvier 1950, un film dont le titre va devenir le surnom de l’actrice et dont aucune traduction répertoriée n’est satisfaisante : « Enchanteress of a Generation », « A Strange

 

Pochette de l’enregistrement de la chanson du film The Lexicon of Love

Woman », ou « Héroïne des années 20 » (3) (Yidai Yaoji一代妖姬). 

 

A Strange Woman /Yidai Yaoji

 

Le scénario est l’œuvre de Yao Ke (姚克), grand scénariste qui avait une prédilection pour les sujets historiques et venait de signer le scénario de « L’histoire secrète de la cour des Qing » (《清宫秘史》). Il adapte ici, en la transposant dans la Chine des années 1920, l’histoire de La Tosca, personnage imaginé par Victorien Sardou mais immortalisé par Puccini.

 

Nous sommes à Pékin en 1926, dans un pays livré aux seigneurs de guerre. La Tosca est devenue Xiao Xiangshui, littéralement Petit parfum (小香水) ; c’est une chanteuse d’opéra (chinois), amoureuse d’un médecin du nom de Liang Yanming (梁燕铭) et prête à tout pour lui plaire, y compris à faire échapper un révolutionnaire recherché par la police. Quand le médecin est arrêté, Xiao Xiangshui se donne au chef de la police qui promet en échange de le libérer. Mais il ne tient pas parole et fait exécuter son prisonnier. Se voyant trompée, Xiao Xiangshui se venge en tuant le policier et se suicide.

 

Pour incarner cette Tosca chinoise, on ne pouvait évidemment trouver mieux que l’élève de Tamaki Miura. Bai Guang est irrésistible dans ce rôle où elle retrouve, face à elle, les acteurs avec lesquels elle a joué dans ses films précédents. Dans la carrière de l’actrice, Yidai Yaoji forme comme le troisième volet d’une trilogie avec les deux films de Yue Feng. C’est l’apogée de sa carrière.

 

1950-1956 : variations sur le même thème

 

Actrice et chanteuse adulée, Bai Guang est recherchée. On la voit sur les couvertures des magazines, photographiée et interviewée.

 

Le problème, c’est que ce succès va l’enfermer dans le même genre de rôle, avec peu ou prou les mêmes acteurs dans les cinq années suivantes. Elle cherche alors à s’en évader en

 

New Romance of the West Chamber, 1953

fondant sa propre compagnie de production et à produire ses propres films.

 

1956-1959 : L’aventure de la production

 

En 1956, elle fonde la Guoguang Film company (国光影片公司) avec laquelle elle va produire deux films, co-écrits et coréalisés  avec Luo Zhen/Lo Chen (罗臻), qui joue également dans les deux films à ses côtés.

 

Le premier, en 1956, est « Fresh Peony » (《鲜牡丹》), une adaptation d’un roman de Sima Sangdun (司马桑敦) dont elle avait aimé le personnage principal, qu’elle reprend dans son scénario : une chanteuse d’opéra connue, poursuivie par son beau-frère, un seigneur de guerre. On peine à comprendre qu’elle ait voulu produire elle-même ses films pour se camper dans un personnage qui ressemble à ceux dont elle disait vouloir s’affranchir.

 

Publicité pour Fresh Peony, Hong Kong 1956

 

Bai Guang à Taiwan avec trois autres actrices célébrant l’anniversaire de Chang Kai-chek (le 70ème en 1957 ?)

   

 

Quant au second film, en 1959, « Welcome, God of Wealth ! » (《接财神), ilest tombé dans l’oubli. Bai Guang tourne encore un dernier film à la fin de l’année et décide d’abandonner définitivement le cinéma.

 

1969-1999 : Kuala Lumpur

 

Elle avait déjà fait une première tentative en 1951, lassée par la piètre qualité des films et la monotonie des rôles qu’on lui proposait. Elle s’est mariée avec un Américain avec lequel elle est partie vivre au Japon. Mais l’union n’apas duré longtemps et elle est revenue à Hong Kong.

 

En 1959, elle se retire vraiment de la scène et mène une vie solitaire. Finalement, en 1969, elle part s’installer à Kuala Lumpur, en Malaisie, où elle épouse un homme de 25 ans son cadet : Yan Langlong (颜良龙).

 

Welcome God of Wealth, 1959

 

Love’s Sad Ending

 

Quand on lui demande, un peu étonné, la raison de ce mariage, elle qui a été mariée à 18 ans par sa mère, s’est remariée pour divorcer presque aussitôt et qui avait juré qu’elle ne se remarierait jamais, elle répond avec assurance : « C’était une union prédestinée ; rien ne pouvait l’empêcher » (缘分来了,千军万马都挡不住). Comme si elle jouait enfin dans la vie les rôles qu’on lui avait refusés au cinéma…

 

 

Elle est à Taiwan à la fin des années 1970 et revient brièvement à la chanson en 1979, pour donner un concert à Kaohsiung, devant une foule enthousiaste qui l’acclame.

 

Sa dernière apparition publique a eu lieu en 1995, à la télévision de Hong Kong, pour présenter un concours de la chanson, le prix des dix meilleurs chanteurs chinois (十大中文金曲颁奖典礼), aux côtés de la chanteuse qui s’est rendue célèbre en enregistrant

 

Avec le réalisateur taïwanais Chen Yao-chi 陈耀圻 en 1978

ses chansons, Xu Xiaofeng (徐小凤), surnommée « la petite Bai Guang » (小白光).  

 

L’émission télévisée :

1 https://www.youtube.com/watch?v=04ib1_0gig0

2 seconde partie, avec Bai Guang reprenant ses airs les plus connus : https://www.youtube.com/watch?v=Hg8jD2qw9ZM

 

Le piano en marbre sur sa tombe

 

Bai Guang est décédée à Kuala Lumpur le 27 août 1999, des suites d’un cancer. Yan Langlong lui a fait ériger, dans le Nirwana Memorial Park, une tombe qui ressemble à un mausolée, avec sur le côté un piano de marbre qui diffuse ses chansons les plus célèbres. Elle a écrit une autobiographie qui n’a jamais été publiée.

 

  

 

Notes

(1) Pour le texte chinois, voir Liu Yan流言, chapitre 12 : http://book.rijigu.com/book/read/1358056_13

On peut aussi se référer à la traduction en anglais, dans Written on Water, tr. Andrew F. Jones, Columbia University Press, 2005, p. 96.

Sur Zhang Ailing, voir http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_ZhangAiling.htm

(2) Voir aussi l’analyse des rôles de l’actrice dans les deux filmsdans :Hong Kong Cinema: A Cross-cultural View, by Law Kar and Frank Bren, with the collaboration of Sam Ho, Scarecrow Press, 2004, pp. 273-274.

(3) Selon la traduction adoptée lors de la rétrospective de 1983 au Centre Pompidou, voir : Le cinéma chinois, sous la direction de Marie-Claire Quiquemelle et Jean-Loup Passek, Centre Georges Pompidou, 1985, page 202.

 


 

Filmographie

 

Actrice

 

1943 Love Peas of the South 红豆生南国 écrit et réalisé par Wen Yimin 文逸民

1943 Struggle for Spring 《桃李争春》 de Li Pingqian 李萍倩

1943 The Fire of Love 恋之火

1943 Bitter Sweet 《为谁辛苦为谁忙》 écrit et réalisé par Yue Feng 岳枫

1944 The Magic World of Filmdom银海千秋 réalisé par Yue Feng 岳枫

scénario Zhang Shankun 张善琨

1947 Spy Ring #13 十三号凶宅 écrit et réalisé par Xu Changlin 徐昌霖

1948 The Dream of a Butterfly蝴蝶梦 réalisé par Shu Shi 舒适/Huang Han 黄汉

scénario Yao Ke 姚克 

1948 A Diamond Ring 珠光宝气 de Tang Shaohua 唐绍华 avec Wang Danfeng 王丹凤

1949 Blood-Stained Begonia 《血染海棠红》 réalisé par Yue Feng 岳枫

scénario Tao Qin 陶秦 photographie Dong Keyi 董克毅

avec Gong Qiuxia 龚秋霞, Han Fei 韩非, Yan Jun 严俊

1949 A Forgotten Woman / An Unfaithful Woman 《荡妇心》 réalisé par Yue Feng 岳枫

scénario Tao Qin 陶秦 photographie Dong Keyi 董克毅

1949 The Lexicon of Love 风流宝鑑de Wang Yin  王引

1950 A Strange Woman 一代妖姬 de Li Pingqian 李萍倩 scénario Yao Ke 姚克

1950 Song on a Rainy Night 《雨夜歌声》 de Li Ying  李英

1950 24 Hours of Marriage 结婚廿四小时 de Tu Guangqi 屠光启

1951 When Roses Bloom 《玫瑰花开》de Li Ying  李英 directeur artistique Li Hanxiang 李翰祥  

1951 The Joy of Spring 迎春乐

1951 Missing Document 626间谍网

1952 A Sweet Maiden / Song of a Nightingale 香姐儿de Wang Yin 王引

1952 Smash Up 毁灭 de Bu Wancang 卜万苍 scénario Tao Qin 陶秦

1953 New Romance of the West Chamber 新西厢记 + de Tu Guangqi 屠光启

1953 A Songstress Called Hong Lingyan / Tears of a Songstress 《歌女红菱艳》 de Tu Guangqi 屠光启

*1956 Fresh Peony 《鲜牡丹》

*1959 Welcome, God of Wealth ! 《接财神》

1959 Love’s Sad Ending 多情恨 de Jin Huolang/ Kim Hwa-rang 金火浪

 

Réalisatrice/productrice/actrice

 

Deux films co-écrits/réalisés/interprétés avec Luo Zhen/Lo Chen 罗臻,

*1956 Fresh Peony 《鲜牡丹》

*1959 Welcome, God of Wealth ! 《接财神》

 

 

Recherche effectuée pour le CDCC, à l'occasion de la projection du film Yidai Yaoji à la Cinémathèque française, le 26 novembre 2014, dans le cadre du programme "Portraits de femmes dans le cinéma chinois".

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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