29 juillet
2015 : sortie en France du chef d’œuvre restauré de King Hu,
« A Touch of Zen »
par Brigitte Duzan, 27 juillet 2015
« A Touch of Zen » (《侠女》)
est un chef d’œuvre incontesté de
King Hu qui a bénéficié
pour le réaliser, à Taiwan, de conditions qu’il ne
retrouvera pas par la suite.
Le film ayant quelque peu souffert, il a fait l’objet d’une
restauration 4K au laboratoire bolognais
l’Immagine Ritrovata, restauration délicate menée
par le Taiwan Film Institute sous l’égide du ministère de la
Culture de Taiwan, et entièrement financée par l’ancienne
actrice et productrice
Hsu Feng (徐枫) qui tient le
rôle principal dans le film.
La copie restaurée a été présentée au festival de Cannes, en
mai 2015, dans la section Cannes Classics, soit quarante ans
après que le film a obtenu le Grand Prix de la Commission
technique du festival, en mai 1975. C’est ce prix qui a
contribué à faire connaître le film, après son double échec
commercial, à Taiwan d’abord, puis à Hong Kong, en novembre
1971.
A Touch of Zen
(affiche Carlotta Films)
Mais il était sorti là quinze jours après le premier grand
succès de Bruce Lee, « The Big Boss » (《唐山大兄》), qui avait
lancé l’acteur, mais aussi la grande vogue du kung-fu, en
Asie puis dans le monde entier.
« A Touch of Zen » n’était
pas en phase avec les goûts du grand public. Mais c’est
souvent le cas des chefs d’œuvre.
« A Touch of Zen » reste un film unique dans l’histoire du
cinéma chinois, avec des scènes mémorables – dont la fameuse
bataille dans la forêt de bambous qui a régulièrement
inspiré les réalisateurs de wuxiapian depuis lors, tandis
que le personnage interprété par
Hsu Feng se retrouve dans
d’innombrables nüxia ultérieures, mais pas seulement, car
elle a été aussi choisie comme référence pour diverses
thématiques féminines, voire féministes, allant de
l’indépendance exacerbée à une bisexualité refoulée…
La qualité de la restauration fait apprécier le moindre des
détails de l’image, dont on sait à quel point
King Hu la
travaillait. C’est une redécouverte.