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Jacob Cheung 张之亮

Présentation

par Brigitte Duzan, 08 août 2014 

 

Jacob Cheung ne fait pas partie des grands réalisateurs populaires de Hong Kong, mais, dès son premier film en 1988, il a fait preuve d’un réel talent. Tout au long de sa carrière, il a réalisé (et écrit) des films qui ont été récompensés dans de nombreux festivals, comme on dit généralement dans les biographies, et il en a produit de nombreux autres.

 

En août 2014 sort son film le plus ambitieux à ce jour, « The White-Haired Witch of Lunar Kingdom » (《白发魔女传之明月天国》), superproduction en 3D produite et distribuée par Bona Film, avec publicité tapageuse autour des deux têtes d’affiche, Fan Bingbing (范冰冰) et Huang Xiaoming (黄晓明). Il est intéressant, à cette occasion, de se replonger dans sa filmographie pour mieux comprendre un réalisateur qui reste relativement peu connu et mériterait de l’être plus.

 

Débuts comme producteur puis réalisateur

 

Jacob Cheung en 2007

 

Né à Hong Kong en septembre 1959, Jacob Cheung fait partie de la génération de réalisateurs hongkongais formés à la télévision dans les années 1970. Il est en effet diplômé de l’Artist Training Center de la chaîne Hong Kong Television Broadcasts (HKTVB), où il a étudié, entre autres, avec Andy Lau.

 

Production avec Sammo Hung

 

Mr. Vampire

 

Il débute comme assistant réalisateur et scénariste à la télévision, puis passe à la production en entrant à la compagnie Cinema City (新艺城影业) de Karl Maka (麦嘉).

 

Sa carrière démarre vraiment au milieu des années 1980 sous l’égide de Sammo Hung (洪金宝), comme assistant de production sur des films produits par la compagnie créée par ce dernier en 1978, « Bo Ho Film Company », et distribués par la Golden Harvest (嘉禾娱乐事业集团): ainsi « Mr. Vampire » (僵尸先生), premier film de Ricky Lau (刘观伟), produit par Sammo Hung, le grand succès du genre jiangshi à Hong Kong en 1985 (1).

 

En même temps, Jacob Cheung travaille aussi sur la production de « My Lucky Stars » (福星高照), film d’action de 1985 produit par Leonard Ho et la Golden Harvest, réalisé par Sammo Hung et interprété par Sammo Hung lui-même, avec Jackie Chan et Yuen Biao.

 

Jacob Cheung passe à la réalisation en 1988, en débutant dans le réseau Sammo Hung/Golden Harvest.

  

Scénariste et réalisateur

 

Produit par la Bo Ho Company de Sammo Hung et distribué par la Golden Harvest, son premier film, en 1988, est une biographie romancée du dernier eunuque chinois: « Lai Shi, China's Last Eunuch » (中国最后一个太监).

 

Adapté d’un roman de Ni Kuang (倪匡)(2), le film raconte la vie du dernier eunuque Sun Yaoting (孙耀庭), Liu Laishi (刘来喜) dans le film, dont la « carrière » est ruinée par la chute de la dynastie ; il entre dans une école d’opéra de Pékin, dont le directeur (interprété par Sammo Hung) tente de lui obtenir un poste officiel comme « dernier eunuque » ; mais l’expulsion de l’empereur de la Cité interdite en 1924 le fait tomber dans une vie d’errances. Andy Lau interprète le rôle du mari de Chiu Tai (招弟), l’amie d’enfance de Liu Laishi.

 

Lai Shi, China’s Last Eunuch

 

Bande annonce https://www.youtube.com/watch?v=MVv-oCl4Tnw

 

Beyond the Sunset

 

Après ce premier film, Jacob Cheung décide de créer sa propre compagnie pour avoir plus de liberté ; elle est créée à la fin de l’année : c’est la Dream Factory (梦工场电影制作), et c’est avec cette nouvelle structure qu’il produit son second film : « Beyond the Sunset » (《飞越黄昏》), sorti en 1989. C’est un succès.

 

Le film obtient les prix du meilleur film et du meilleur scénario à la 9ème édition des Hong Film Awards, outre un prix de la meilleure actrice dans un rôle secondaire à Cecilia Yip (叶童). Ce second film sort Jacob Cheung de l’anonymat et lance sa carrière.

 

 

Le peintre des émotions

 

C’est avec une nouvelle petite structure de production, Filmagica Productions, qu’il produit son troisième film, en 1990 : « Goodbye Hero» (玩命双雄》), avec une excellente distribution : outre Petrina Fung qui interprétait déjà le rôle principal dans le film précédent, David Wu (吴大维), Cora Miao (缪骞人), Vivian Chow (周慧敏), Derek Yee (尔冬升), etc…

 

Deux ans plus tard, il réalise un film original, « Cageman » (笼民), sur ces ‘hommes en cage’ qui n’ont trouvé d’autre moyen, pour résoudre la crise du logement qui sévit à Hong Kong, que de vivre dans de petits cubes grillagés, entassés les uns sur les autres dans un entrepôt. Certains sont des travailleurs migrants venus de Chine continentale, d’autres des retraités. Ce n’est pas un documentaire, mais c’est à peine une fiction : les hommes en cage, dans le film, sont harcelés par une société immobilière qui veut les déloger et détruire leur misérable repaire pour construire à la place un

 

Cagemen

immeuble de luxe. Certains s’allient pour tenter de défendre un mode de vie pourtant voué à disparaître.

 

Bande annonce https://www.youtube.com/watch?v=AwVUGzAvrsQ

 

Jacob Cheung réalise ensuite un film par an, ou presque, jusqu’en 1997, des films qui sont avant tout des peintures de personnages aux prises avec des situations tristes de la vie courante, mais sans audace particulière.

 

Intimates

 

L’année 1997 est marquée par la sortie d’ « Intimates » (《自梳》), film qui résume assez bien les films de la période, leurs qualités, et les facteurs qui les desservent, essentiellement les scénarios.

 

Celui d’« Intimates » est construit sur la base d’un double fil narratif, l’un au présent, l’autre au passé, le second étant conté en flashback. La narration au présent concerne une jeune architecte, Theresa Lee, qui a des problèmes avec le garçon qu’elle aime. Par ailleurs, elle doit accompagnerà Canton sa tante Foon qui dit y aller pour revoir une ancienne amie nommée Wan. Mais celle-ci est introuvable.

 

Le film est en fait l’histoire de ces deux femmes, et de l’amour très fort qui les a unies. A la fin, elles ont été séparées alors qu’elles tentaient de monter à bord d’un paquebot pour tenter

de fuir la ville envahie par les Japonais ; le quai a été bombardé, Foon seulement en a réchappé, Wan qui avait essayé de revenir la retrouver au péril de sa vie étant restée bloquée derrière les grilles bloquant le quai. Foon a passé le reste de son existence à chercher son amie partout, sans vouloir croire à sa mort. 

 

L’idée est originale, et les deux rôles sont superbement bien interprétés, par Charlie Young et Carina Lau, qui n’a jamais été aussi belle que dans ce film. Le scénario intègre en outre un élément de tradition peu connue, permettant aux femmes refusant un mariage arrangé de vivre, dans des communautés entièrement féminines, des existences vouées à la chasteté absolue. C’est cette tradition qui permet, dans le film, d’introduire un élément dramatique rapprochant finalement les deux femmes.

 

Avec la qualité de l’interprétation, cela aurait pu donner un film approchant du chef d’œuvre. Il n’en est rien. Et ce uniquement à cause du scénario qui donne trop d’importance à la jeune architecte moderne et à ses peines de cœur. On voit bien que les scénaristes ont voulu établir un pont entre le présent et le passé par le biais des personnages, mais justement les peines sentimentales de la jeune Theresa sont d’une banalité affligeante à côté de celles de Wan et Foon. La fin est en outre d’un mélo encore plus affligeant. C’est une belle occasion ratée. Mais il faut voir le film, pour les deux actrices…

 

Intimates, en 13 parties :

P1 https://www.youtube.com/watch?v=89ycDyJYAsI

P2 https://www.youtube.com/watch?v=itAxZ6yR3SI

P3 https://www.youtube.com/watch?v=2ziONdqNJV8

P4 https://www.youtube.com/watch?v=0v8bp77GFd0

P5 https://www.youtube.com/watch?v=BmMIcfsBm8k

P6 https://www.youtube.com/watch?v=h961B-QtIyA

P7 https://www.youtube.com/watch?v=Xlm3_Xtw0T8

P8 https://www.youtube.com/watch?v=GAFNpYf3xjI

P9 https://www.youtube.com/watch?v=jtJUkyfDQ3M

P10 https://www.youtube.com/watch?v=rbozZ0mIvj4

P11 https://www.youtube.com/watch?v=D-9dqS76oUM

P12 https://www.youtube.com/watch?v=OuhivJwZbjY

P13 https://www.youtube.com/watch?v=H2hL5vtoi2A

 

Le cap de l’an 2000

 

C’est en 2006 que sort le film de Jacob Cheung le plus connu et le plus populaire jusqu’à maintenant : « A Battle of Wits »  (墨攻). Avec ce film, le réalisateur semble renouer avec le genre de ses débuts, devenu genre à la mode : la fiction historique. Mais il montre aussi les progrès réalisés : spécialiste des drames humains et de leurs ressorts psychologiques, il touche ici un thème éminemment  chinois, mais nouveau chez lui, la guerre psychologique.

 

Inspiré d’un roman historique japonais et d’une série de manga très connue, « A Battle of Wits » se situe pendant la période des Royaumes combattants et a le mohisme (墨家) pour motif de base, c’est-à-dire une doctrine prônant le pacifisme en un temps de guerres perpétuelles. C’est, encore une fois, une idée de départ originale, mais le film est bien mené.

 

« Asian big-budgeter in which the characters don’t get lost

 

A Battle of Wits

among the production design and special effects… Surprise is that the director is Jacob Cheung, whose career (“Beyond the Sunset,” “Cageman,” “Intimates”) has largely been in melodrama and more intimate metaphysical fare », écrivait Derek Elley pour Variety à la sortie du film.  

 

 

Ticket

 

C’est une énorme co-production, alliant des compagnies japonaises, sud-coréennes et chinoises, dont, côté chinois, Huayi Brothers et China Film. Avec, dans les rôles principaux, le vieux complice des jours anciens, Andy Lau (刘德华), en mohiste appelant à la résistance contre l’ennemi, et, imprévue, Fan Bingbing (范冰冰) en chef de cavalerie !

 

Le succès est au rendez-vous, pourtant Jacob Cheung ne continue pas dans cette voie, sans doute parce qu’il est difficile de rassembler 160 millions de dollars HK tous les ans. Son film suivant, en 2007, est donc dans la ligne de sa filmographie antérieure, avec un budget modeste de dix millions : « Ticket » (车票) est l’histoire d’une jeune femme qui part dans le Yunnan à la recherche de sa mère biologique. Il suscite des commentaires élogieux et de nombreux articles sur divers blogs (3).

 

Encore une fois, le grand atout du film est le jeu des acteurs : l’actrice Zuo Xiaoqing (左小青) qui a fait ses débuts dans le premier film de Jiang Wen (姜文), mais a surtout joué à la télévision depuis lors, Nicky Wu (吴奇隆) et Cecilia Yip (叶童).

 

Il faut ensuite sept longues années de travail à Jacob Cheung pour réussir à terminer un film que l’on attendait aussi peu de lui que « A Battle of Wits » : annoncée par une bruyante campagne médiatique, le 1er août 2014 sort sur les écrans chinois la superproduction en 3D/Imax « The White-Haired Witch of Lunar Kingdom » (《白发魔女传之明月天国》), adaptation de l’un des romans les plus connus et populaires de Liang Yusheng (梁羽生), Baifa Monü zhuan《白发魔女传》 (4).

 

On en était resté au film de 1993 de Ronny Yu « The Bride with White Hair » (《白发魔女传》) qui en était considéré jusqu’ici comme la meilleure adaptation. Mais ce film avait supprimé toute référence historique et largement modifié l’histoire ; il tenait surtout à la qualité de l’interprétation, par Leslie Cheung et Brigitte Lin, deux monstres sacrés qu’il semblait difficile de vouloir émuler.

 

Jacob Cheung a tourné la difficulté en jouant la carte

 

The White-Haired Witch of Lunar Kingdom

historique, en revenant au texte initial, tout en choisissant deux acteurs réputés pour leur charisme, au moins en Chine : Huang Xiaoming (黄晓明) et Fan Bingbing (范冰冰). Le film répond aux critères du jour en termes de têtes d’affiche et effets spéciaux, un gros travail a été fait sur le scénario, mais rien ne pourra faire oublier la merveilleuse symbiose opérée à l’écran par Leslie Cheung et Brigitte Lin… Il reste un film bien fait qui aura rapporté son pesant de renminbi au box office. 

 

 

Notes

(1) Jiangshi (僵尸) ou mort vivant, zombie : motif récurrent de certaines histoires fantastiques chinoises lié à une ancienne tradition populaire. Le film de Ricky Lau a fait partie d’une mode de "comédies d’horreur" à Hong Kong dans les années 1980 ; il a été suivi de trois séquelles, en 1986, 1987 et 1988, également produites par la Bo Ho Company.

(2) Sur Ni Kuang, voir http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Ni_Kuang.htm

(3) Exemple : cet article d’un blog, avec photos du tournage et du film.

(4) Voir http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Liang_Yusheng.htm

 


  

Filmographie

 

2014  The White-Haired Witch of Lunar Kingdom 《白发魔女传之明月天国》

2007  Ticket 车票

2006  A Battle Of Wits 墨攻

2004  Hero on the Silkroad  丝路豪侠

2001  Never Say Goodbye  有人说爱我

2001  Midnight Fly  慌心假期 

1999  The Kid 流星语 

1997  Intimates 《自梳》

1995  Whatever Will Be, Will Be 仙乐飘飘

1994  The Returning 等着你回来

1993  Always on MyMind 抢钱夫妻

1992  Lover's Tear誓不忘情 

1992  Cageman 笼民

1990  Goodbye Hero玩命双雄

1989  Beyond the Sunset 《飞越黄昏》

1988  Lai Shi, China's Last Eunuch 中国最后一个太监

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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