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Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Dai Wei 戴玮

Présentation

par Brigitte Duzan, 11 mai 2022 

 

Née à Harbin, Dai Wei a fait des études de journalisme à l'Université des communications de Chine (中国传媒大学新闻系). Après l’obtention de son diplôme, elle a continué ses études dans le département de mise en scène de l’Institut du cinéma de Pékin. 

 

Elle a travaillé pendant dix ans à la télévision centrale CCTV et filmé des vidéos musicales avant de réaliser son premier long métrage, « Ganglamedo » (《冈拉梅朵》), tourné au Tibet central et sorti en 2008. Elle a poursuivi avec le projet de deux autres films pour former avec le précédent une « trilogie tibétaine », mais seul le premier des deux a été réalisé. Son quatrième film, « Chanting Willows » (《柳浪闻莺》), sélectionné au festival de Shanghai en 2021, se démarque de la thématique tibétaine pour aborder la question du genre à partir de l’histoire de deux interprètes d’une troupe d’opéra Yue, interprètes féminines comme le veut la tradition de cet opéra,

 

Dai Wei

 

2008 : Ganglamedo

 

Ganglamedo

 

Produit par China Film, sur un scénario de Tashi Dawa (扎西达娃), « Ganglamedo » (《冈拉梅朵》) tisse une histoire « romantique » entre une jeune Tibétaine et un chanteur chinois, unis à soixante ans de distance par le chant intitulé Ganglamedo.

 

Le film a été produit pour le 60ème anniversaire de la fondation de la République populaire, afin de contribuer à la diffusion de messages d’harmonie entre ethnies sur le sol chinois.

 

 

Ganglamedo, sous-titres chinois

 

2011 : Once Upon a Time in Tibet

 

Un an après « Ganglamedo », au lendemain des émeutes de Lhasa, Dai Wei a enchaîné avec le tournage d’un autre film au Tibet, avec une équipe de production occidentale. Le film a un titre de fable : « Once Upon a Time in Tibet » (《西藏往事》). C’est en effet une histoire d’amour entre une Tibétaine et un pilote américain faisant partie de ceux qui, pendant la guerre de résistance contre le Japon, apportaient des approvisionnements en Chine en survolant l’Himalaya. Le scénario est adapté, par l’auteur lui-même, du roman de Tashi Dawa « Troubles à Shambala » (《骚动的香巴拉》), publié en 1993.

 

Au-delà de l’aspect un tantinet caricatural des personnages et de l’intrigue, dû d’abord au scénario, le film a au moins deux point positifs à son actif. D’une part, il a offert son premier grand rôle à l’actrice chinoise Song Jia (宋佳) qui, dans le rôle ici d’une jeune Tibétaine, s’en sort très bien.

 

Once Upon a Time in Tibet

Et d’autre part, il a de superbes images, signées du grand directeur de la photo Mark Lee Ping-bin (李屏賓).  

 

Once Upon a Time in Tibet, trailer

 

Dai Wei a ensuite conçu le projet d’un troisième film – « Le Royaume de Guge » (《古格王国》) [1] – qui semble n’avoir jamais pu être réalisé, mais qui constitue, au moins virtuellement dans sa filmographie, le troisième volet d’une trilogie dite « du Tibet », ou plus exactement « trilogie des amours légendaires du Tibet »  (西藏传奇爱情三部曲).

 

Si ces films sont intéressants, cependant, c’est surtout parce qu’ils montrent le côté un peu artificial, cultivant le pittoresque pour un public chinois, des films sur des thèmes tibétains réalisés au Tibet par les cinéastes chinois à un moment où Pema Tseden venait de commencer lui-même à filmer : le tournage de « Once Upon a Time in Tibet » a commencé, en 2009, alors que « The Search » (《寻找智美更登》) était couronné du Grand prix du jury au festival de Shanghai [2]

 

Dai Wei a ensuite abandonné la thématique tibétaine avec « Once Again » (《二次初恋》) sorti en 2017, puis pour le film suivant, sorti au festival de Shanghai en 2021 : « The Chanting Willows » (《柳浪闻莺》).

 

2017 : Once Again

 

Once Again

 

Tourné à Chongqing, « Once Again » (《二次初恋》)  joue avec un thème fantastique : alors qu’un couple s’est séparé au bout de vingt ans de mariage, la femme, Ye Lan (叶兰), voit apparaître un jeune garçon, Lu Damin (路大民), qui se dit être un neveu de son mari et devient l’ami de son fils. Mais Ye Lan se pose de plus en plus de questions car Lu Damin ressemble trop à celui qu’il dit être son oncle quand il était jeune…  

 

Le film apparaît tout au plus comme une transition dans la filmographie de Dai Wei.

 

 

 

2021 : The Chanting Willows

 

« The Chanting Willows » (《柳浪闻莺》) partait dès l’abord d’une idée bien plus attrayante ; même si elle a été traitée maintes fois – et le parallèle a été fait avec « Adieu ma concubine » (《霸王别姬》) sans qu’il soit besoin d’y revenir –  elle l’a rarement été d’un point de vue féminin comme ici.

 

Le film est adapté d’une novella (zhongpian xiaoshuo) de l’écrivaine Wang Xufeng (王旭烽) [3] tirée d’un recueil de 2008 intitulé « Amours au bord du lac de l’Ouest » (爱情西). Le titre chinois (liulang wenying《柳浪闻莺》), littéralement « le chant des loriots dans les saules », est le nom d’un des dix sites célèbres du lac de l’Ouest à Hangzhou. Le scénario, que la réalisatrice a passé trois ans à peaufiner, relate l’histoire d’un triangle amoureux original – deux interprètes, féminines bien sûr, d’opéra Yueju et un peintre spécialiste d’éventails – le tout sur fond de déclin de cet opéra et des troupes qui l’interprétaient dans les années

 

The Chanting Willows

1990. Mais Dai Wei a changé la perspective de la nouvelle en se plaçant du point de vue des deux femmes, et en accentuant le contexte du déclin d’une troupe d’opéra se battant pour survivre dans la Chine de l’ouverture au marché.  

 

Le film est aussi une réflexion sur le genre au travers de la relation entre les deux femmes qui ont passé toute leur vie et leur carrière ensemble, relation perturbée par l’attirance de l’une pour le peintre d’éventails tandis que l’autre perd peu à peu la vue. Le film débute par la déclaration du peintre : « Une femme interprétant un opéra Yue représente un troisième genre, entre masculin et féminin. » Déclaration qui trouve un écho à la fin du film comme dans une sorte de sentence parallèle : « Une jeune femme interprétant un rôle masculin reflète une combinaison de genres au-delà du simple binôme mâle-femelle ». Le film est un hommage à l’opéra Yue dont il présente onze épisodes, sur un total de vingt minutes de film.

 

 

Bande annonce

 

Après avoir été sélectionné en compétition au festival de Shanghai en juillet 2021, « Chanting Willows » est sorti en Chine début mars 2022. Dans ses dix premiers jours d’exploitation, les recettes n’ont couvert que la moitié du budget. Mais Dai Wei n’a pas l’intention d’abandonner sa nouvelle approche du cinéma en continuant son exploration de la psyché féminine.

  


 

Filmographie

 

2008 Ganglamedo 《冈拉梅朵》

2011 Once Upon a Time in Tibet 《西藏往事》

        [Le royaume de Guge《古格王国》)]

2017 Once Again 《二次初恋》

2021 The Chanting Willows 《柳浪闻莺》

 


 


[1] Il s’agit d’un royaume tibétain fondé au 10e siècle par un arrière-petit-fils du dernier empereur de la dynastie Yarlung, Langdarma. Le royaume était situé dans le district de Ngari, dans l’actuelle Région autonome du Tibet, et connut son apogée au 17e siècle. Le site fut redécouvert au début des années 1930 par l’archéologue italien Giuseppe Tucci et réhabilité à partir de 1969. La restauration des fresques a été entreprise à partir de 2012.

[2] Ganglamedo en particulier est à replacer dans le cadre d’un nouvel essor, dans les années 2000, des films dits « de minorités » (少数民族电影). Voir la thèse de Vanessa Frangville sur le sujet.

[3] Écrivaine née en 1955, spécialiste du thé et auteur d’une trilogie de romans sur le sujet (la « Trilogie des hommes du thé »《茶人三部曲》) qui lui a valu le prix Mao Dun en l’an 2000.

 

 

     

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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