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Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Zhang Mengqi 章梦奇

Présentation

par Brigitte Duzan, 21 juillet 2022

 

Zhang Mengqi est l’une des premières jeunes documentaristes à s’être jointe au Folk Memory Project de Wu Wenguang (吴文光), ce projet visant à recueillir les témoignages des survivants de la Grande Famine des années 1959-1961 et étendu à un travail sur la mémoire, sous forme de portraits individuels.    

 

C’était en 2009. Elle a depuis lors fait œuvre de recherche personnelle dans un mouvement de retour aux sources, son documentaire de 2011 « Self-Portrait: At 47km »   (自画像:

 

Zhang Mengqi en 2021

47公里) marquant le début de son travail dans le cadre du Folk Memory Project. En octobre 2021, dix ans et dix films plus tard, son documentaire  « Fairy Tale in 47km » (《自画像47公里童话》) a été primé à la 26ème édition du festival de Busan (prix du Mécénat).     

 

Les autoportraits

 

De la danse au documentaire

 

Née en  1987 dans le Hubei, Zhang Mengqi est diplômée de l’Ecole de danse de l’Université centrale des nationalités (中央民族大学舞蹈学院), à Pékin, dont elle est sortie en 2008. En avril, alors qu’elle participe à un atelier de danse japonais à Chaoyang, elle suit un groupe à Caochangdi, et découvre cet endroit étrange qui ressemble à un entrepôt et abrite à la fois des ateliers, un cinéma, une cantine. Elle apprend ce qu’est un documentaire en assistant le mois suivant, en mai 2008, à l’atelier organisé conjointement par Wu Wenguang (吴文光) et le documentariste hollandais Frank Sheffer.

 

Autoportrait

 

En mai 2009, elle entend Jia Zhitan (贾之坦) – un paysan du Hubei qui a participé au « Villagers’ Documentary Project » de Wu Wenguang à partir de 2005 - parler du projet de documentaires sur la mémoire des villages, celle des communes populaires et de la Grande Famine en particulier. Acceptée comme réalisatrice et chorégraphe en résidence à Caochangdi (草场地), elle bénéficie de la sensibilisation et de la formation en ateliers qui en est le principe.

 

C’est alors qu’elle commence à filmer, en réalisant d’abord deux courts métrages documentaires sur elle-même et sa mère, les premiers  « autoportraits » : «  Self-Portrait and Dialogue with My Mother » (《自画像及和母亲对话》) en 2009 et « Self-Portrait and Sexual Self-Education » (《自画像及自我性教育》) en 2010. Ces premiers films gardent la marque de sa formation de danseuse et de chorégraphe.

 

Le film suivant, son premier long métrage, « Self-Portrait with Three Women » (自画像和三女人), forme le troisième volet de cette trilogie personnelle, les trois femmes étant sa grand-mère, sa mère et elle-même, et le thème central celui du mariage. Le film a été présenté au festival international du

 

Autoportrait avec trois femmes (Zhang Mengqi au centre), photo sina

documentaire de Yamagata.

 

Self-Portraits at 47 km

 

Le « Folk Memory Project » démarre pendant l’été 2010. Zhang Mengqi part alors dans le village de son grand-père, Diaoyutai (钓鱼台), à 47 kilomètres de Suizhou (随州), dans le nord du Hubei, d’où le titre commun, dès lors, de ses « autoportraits ». Village décimé par la Grande Famine, il était alors fui par les jeunes qui partaient travailler en ville, représentant ainsi une image emblématique de l’histoire rurale chinoise du 20e siècle.

 

Achevé en 2011 et sélectionné au festival Cinéma du Réel à Paris en 2012 dans la section Compétition premiers films, « Self-Portrait: At 47km »   (自画像:47公里) est le premier documentaire réalisé par Zhang Mengqi dans le cadre du projet de Wu Wenguang. Elle a interrogé les anciens du village sur leurs souvenirs de la Grande Famine, et leurs réponses l’ont renvoyée aux souvenirs conservés dans sa propre famille.

 

Self-Portrait: At 47km (extrait) 

 

Self-Portrait 2014 : construire un pont

 

Les trois films suivants sont des variations sur le thème du « kilomètre 47 », décliné en « Danser », « Rêver », « Construire le pont » et « Mourir ». « Construire le pont » concerne un groupe d’enfants du village qui tentent de créer une bibliothèque ; c’est difficile mais aussi signe d’espoir, un pont vers l’avenir. Le pont est une autre histoire : il y a une petite rivière qui traverse le village, témoin de toute son histoire, mais qu’aucun pont n’a jamais franchie, les villageois se contentant de la franchir à pied sur des pierres et des blocs de bois. En allant rendre visite à son grand-père, elle a souhaité qu’un pont soit construit, mais elle s’est aussi demandé s’il n’aiderait pas les gens à en partir.

 

En 2013, le grand-père de la réalisatrice était gravement malade. Elle a fait la connaissance des enfants et de leurs rêves, se demandant où elle pouvait bien elle-même se situer : quelque part entre le vieillard mourant et ces

enfants encore pleins d’espoirs et d’illusions. Le dernier film de la série, en 2015, est une réflexion sur la mort du vieil homme et sa signification dans le contexte du village.  

 

Self-Portraits in 47 km

 

Après la mort de son grand-père, Zhang Mengqi se tourne vers une autre famille, sans quitter le thème de l’autoportrait, mais dans une optique légèrement différente, marquée par le changement de préposition dans le titre - in et non plus at 47km – et sans doute reflétant aussi le fait que sa résidence à Caochangdi s’est achevée en 2014. Tous les films de cette sous-série, un par an quasiment, sont construits sur l’opposition entre la mémoire des anciens et les rêves des plus jeunes.

 

Les enfants filment

 

         -   Dans « Birth in 47km », elle filme une grand-mère dont le dos tout tordu témoigne des malheurs qu’elle a eus à subir toute sa vie et sa petite-fille qui vient d’avoir un bébé. La grand-mère vit encore dans l’ombre du souvenir de la famine ; elle a donné naissance à sept enfants, en accouchant toute seule, et deux des enfants, des jumeaux, sont morts peu après la naissance. Sa petite-fille, qui est travailleuse migrante, travaille dans une usine en ville et n’a pas un avenir bien rose non plus. Le village, presque vide, est un amas de maisons à l’abandon… Tout donne l’impression déprimante que la famine a laissé une empreinte tellement durable dans les esprits qu’elle n’est pas vraiment terminée.

Le film a été présenté au festival de Yamagata, en 2017.

 

         -   Dans « Sphinx in 47km », en 2018, une autre vieille femme raconte la mort de son fils, tandis qu’une petite fille peint ce qu’elle rêve sur les murs de la maison. Là encore, Zhang Mengqi montre le décalage abrupt entre la mémoire amère de la vieille génération et le monde de rêve de l’enfant.

 

Pourquoi le Sphynx ? Parce que Zhang Mengqi, comme son mentor Wu Wenguang, pense qu’il est nécessaire en Chine de se poser des questions sur le passé, en tentant de résoudre les énigmes qu’il pose afin de découvrir la vérité.

 

Self-Portrait 2018 : Sphinx at 47km

 

Le film a été présenté en première mondiale au festival Visions du réel de Nyon.

 

Trailer Sphinx : https://mubi.com/fr/films/self-portrait-sphinx-in-47-km/trailer

 

         -   « Window in 47km », en 2019, est filmé l’hiver, dans un village enneigé où la mémoire semble être figée. Un vieil homme de 85 ans raconte l’histoire de la moitié de sa vie, comme une fenêtre sur le passé, tandis qu’une petite fille dessine des portraits de personnes âgées du village.

 

« Window in 47km » a été sélectionné au 15ème festival de Yamagata.

 

    -   « Fairy Tale in 47km », achevé en 2021, marque le dixième anniversaire des débuts de la réalisatrice dans le Folk Memory Project. Alors que se construit un nouveau bâtiment dans le village, les jeunes filles qu’elle avait jusqu’ici filmées prennent à leur tour la caméra pour filmer dans le village. Le titre vient de la réaction d’un vieil homme : « Quand je regarde tes films, c’est comme si je revoyais la maison de ma grand-mère où j’allais quand j’étais petit, c’est comme un conte de fées. » 

 

Fairy Tale au festival de Busan

 

Trailer Fairy Tale : https://mubi.com/fr/films/self-portrait-fairy-tale-in-47-km/trailer

 

Cependant, le montage du film a été fait en 2020, pendant une nouvelle phase du « Folk Memory Project » entraînée par l’épidémie de covid19.

 

Le monde par la fenêtre

 

La Maison bleue 2022

 

En effet, en 2020, la pandémie de covid19 empêche de poursuivre le travail sur le terrain : plus possible d’aller filmer dans les villages en interrogeant les habitants. Mais la préservation de la mémoire de l’année 2020 fournit un autre sujet de travail de mémoire, sur des bases différentes, définissant une communauté en ligne, ce que Wu Wenguang appelle « Online Reading Material Workshop » (线上阅读素材工作坊).

 

Alors Zhang Mengqi rapporte ce qu’elle voit de sa fenêtre. Un espace public a enfin été créé, sur la colline, comme l’annonçait l’enfant dans « Fairy Tale » - la Maison bleue - mais il est resté vide, pour un temps indéterminé. C’est le titre de son film : « La Maison bleue » (蓝房子).

 


 

Filmographie

 

Réalisatrice

- Série des “Self-Portraits” 自画像

2010 Self-Portrait with Three Women 自画像和三女人

2011 Self-Portrait: At 47km自画像:47公里

2012 Self-Portrait: Dancing at 47km 自画像:47公里跳舞

2013 Self-Portrait: Dreaming at 47km 自画像:47公里

2014 Self-Portrait: Building the Bridge at 47km 自画像:47公里架橋

2015 Self-Portrait: Dying at 47km 自画像:47公里之死

2016 Self-Portrait: Birth in 47km自画像:生于47公里

2018 Self-Portrait: Sphinx in 47km自画像:47公里斯芬克斯

2019 Self-Portrait: Window in 47km 自画像:47公里之窗

2021 Self-Portrait: Fairy Tale in 47km 《自画像:47公里童话》

 

- Autre

2022 Blue House 蓝房子

 

Directrice de la photographie

2013 Because of Hunger: Diary 1 因为饥饿:吴日记之1, de Wu Wenguang (吴文光).

Documentaire sur les deux premières années du Caochangdi Memory Project.

 


 

Bibliographie

 

Articles et critiques de films

Hu Lidan. “Self-Portraiture and Historical Memory: Zhang Mengqi’s Documentary Practice.” Critical Arts 2019/33.2, pp. 29-41.

 

Chang Chen. “True/False film review: Self-Portrait: Birth in 47 KM”, Vox Magazine, March 2, 2018

Zhang Mengqi's film reveals a disturbing hidden history of China under the rule of Chairman Mao :

https://www.voxmagazine.com/arts/true-false-film-review-self-portrait-birth-in-47-km/article_9b715150-1e7b-11e8-b0dd-d7d85ce51fcc.html

 

Mai Nadin. “Self-Portrait: Sphinx at 47km – Zhang Mengqi (2017)”, The Art(s) of Slow Cinema, Jan. 7, 2020

Mai Nadin. “Self Portrait: Window in 47km – Zhang Mengqi (2019)”, The Art(s) of Slow Cinema, June 29, 2020

(accès payant)

 


 

Interviews en ligne

 

- Koshimizu Emi. “A Dialogue Across Generations, Between Mother And Daughter”, Yamagata International Documentary Film Festival, October 7, 2011

http://www.yidff.jp/interviews/2011/11i059-e.html

- Barker, Carol-Mei. “Riddles of the Sphinx: An Interview with Zhang Mengqi”, Kinoscope, August 31, 2018

https://read.kinoscope.org/2018/08/31/riddles-of-the-sphinx-an-interview-with-zhang-mengqi/- Voelcker, Becca. - “Interview: Mengqi Zhang”, Film Comment, November 4, 2019

https://www.filmcomment.com/blog/interview-mengqi-zhang/

 

 

 

     

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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