Accueil Actualités Réalisation
Scénario
Films Acteurs Photo, Montage
Musique
Repères historiques Ressources documentaires
 
     
     
 

Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Zhao Liang 赵亮

Présentation

par Brigitte Duzan, 7 décembre 2011, actualisé 10 août 2021

 

Né en 1971 à Dandong, dans l’est du Liaoning (辽宁丹东), Zhao Liang (赵亮) est, à l’heure actuelle, l’un des plus grands documentaristes indépendants chinois.

 

Il a  fait des études de photographie, à l’Institut des beaux-arts Lu Xun (鲁迅美术学院) de Shenyang, puis à l’Institut du cinéma de Pékin dont il est sorti en 1994. Ses photographies, vidéos et installations, tout comme plus tard ses documentaires, portent un regard sans complaisance sur les bas-fonds de la société ;

 

Zhao Liang

mais, s’il veut choquer, c’est pour mieux dénoncer les injustices sociales dont il rend compte.

 

Il a fait partie d’un groupe d’artistes contestataires qui vivaient dans une colonie créée dans la banlieue ouest de Pékin à la fin des années 1980 : le premier ‘village d’artistes’ installé dans un district rural près des ruines de l’ancien Palais d’Eté, le village d’artistes de Yuanmingyuan (圆明园艺术村).

 

Farewell Yuanmingyuan

 

C’était un mouvement différent des mouvements protestataires des années précédentes ; il s’agissait plutôt de revendiquer un statut professionnel au sein de la société, et chercher une voie de réalisation individuelle, en se dégageant des contraintes sociales. Le mouvement prit de l’ampleur après les événements de 1989, et devint célèbre au milieu des années 1990, quand y fut créé le courant dit du réalisme cynique en peinture.(1)

 

 

En mai 1992, le Quotidien de la jeunesse de Chine (中国青年报) publia un article sur “le village d’artistes dans les ruines du Palais d’Eté”. Cela attira l’attention des médias internationaux, mais aussi des autorités chinoises ; craignant une source potentielle d’activités subversives, en particulier à cause de la proximité du village de nombreux centres universitaires, elles décidèrent de le fermer en 1995.

 

Le harassement des artistes par la police locale, leur éviction et l’arrestation de certains résidents est ainsi l’objet du premier documentaire réalisé, en 1995, par Zhao Liang : « Farewell Yuanmingyuan » (《告别圆明园》).

 

« Paper Airplane » (《纸飞机》), tourné entre 1997 et 2001, en est comme la suite logique. C’est un documentaire très sombre sur une communauté de drogués de la banlieue de Pékin, des jeunes dont l’existence est dictée par un  

 

 

Paper Plane

 

Crime and Punishment

 

impératif essentiel : gagner l’argent nécessaire à l’achat de leur dose journalière. Ce sont des vies misérables dans des appartements miteux, sous la menace constante d’une descente de police, toute tentative de sortir de l’emprise de la drogue étant fatalement vouée à l’échec parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer les traitements nécessaires. Quand il leur arrive d’être hospitalisés après une arrestation par la police, ils rechutent quand ils sortent, d’où le titre du film, suggéré par l’un de ces jeunes : on est comme un avion de papier qui vole un instant avant de retomber…

 

Ces deux premiers films ont déjà les caractéristiques des suivants : une approche de la réalité qui se veut objective et crue, sans jugement personnel apparent, mais impliquant que les paumés et marginaux ne le sont que parce que la société les a rendus tels.

 

Victimes et censeurs sont mis à la même enseigne, ce qui

est aussi très net dans le film suivant, « Crime and Punishment »  (《罪与罚》): les policiers sont autant victimes d’un système vicié que les pauvres hères dont ils sont chargés de sanctionner les errements, rivés à leur poste comme le chien attaché à leur porte.

 

En 2008, « Pétition : La cour des plaignants » (上访) est devenu le grand classique du documentaire engagé, filmé sur une longue durée, en partageant la vie quotidienne des sujets filmés, et en tentant au maximum de s’effacer derrière la caméra.

 

Depuis lors, Zhao Liang  a réalisé un film sur d’autres victimes, celles du SIDA, mais en abandonnant toute présentation à l’indépendance, à la demande du gouvernement, sans doute dans un moment de doute et de fatigue : « Together » (《在一起》). A la sortie de

   

Pétition

« Pétition », il avait en effet confié que la pression avait été terrible.

 

Lors d’une interview au festival de Berlin, en février 2011, à l’occasion de la présentation de « Together », Zhao Liang a indiqué qu’il reviendrait à son style habituel pour son documentaire suivant, qui serait à nouveau financé et produit par des partenaires étrangers.

 

Ce documentaire est « Behemoth » (悲兮魔兽), sélectionné en compétition internationale à la 72ème Biennale de Venise, où il est sorti en première mondiale en septembre 2015. Tourné en Mongolie intérieure, c’est une réflexion sur les dégâts environnementaux et humains entraînés par le

développement industriel à marche forcée de la Chine.

 

Parallèlement, depuis le début des années 2000, Zhao Liang poursuit la même réflexion par le biais de la photo (sa formation initiale) et de la vidéo d'art. Cette autre facette de son art fait de lui, de plus en plus, un artiste de premier plan.

 

2021 : I’m So Sorry

 

En 2021, après six ans de travail, Zhao Liang a présenté un nouveau documentaire engagé au festival de Cannes, où il est sorti dans la section « Cinéma pour le climat » : « I’m So Sorry » (《无去来处》). Conçu comme un essai poétique, le film traite des dangers tangibles du nucléaire à travers un voyage de Tchernobyl à Fukushima. C’est un avertissement glaçant sur les catastrophes qui pourraient bien se reproduire.

   

I’m So Sorry, affiche du festival de Cannes

 


 

Filmographie :

 

1995 《告别圆明园》   Farewell Yuanmingyuan

2001 《纸飞机》        Paper Airplane

2004 《城市场景》     (moyen métrage, 56’)

2006 《在江边》        Au bord du fleuve (à la frontière sino-coréenne)

2007 《罪与罚》        Crime and Punishment (Montgolfière d’or au festival des Trois Continents)

2008 上访           Pétition : La cour des plaignants 

2011 《在一起》        Together

2015 《悲兮魔兽》     Behemoth

2021 《无去来处》     I’m So Sorry

 

Note

(1) On a une idée de la vie dans cette communauté d’artistes en regardant le film de 1990 « Bumming in Beijing : the last dreamers » (《流浪北京》) de l’autre documentariste indépendant qui a marqué les années 1990, Wu Wenguang (吴文光).

 

En complément :

Longue ‘conversation’ tenue en février 2010 avec un journaliste américain où Zhao Liang parle de ce qui était alors ses deux derniers films : http://dgeneratefilms.com/cinematalk/cinematalk-conversation-with-zhao-liang-director-of-crime-and-punisment-and-petition/

 

 

     

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Qui sommes-nous ? - Objectifs et mode d’emploi - Contactez-nous - Liens

 

© ChineseMovies.com.fr. Tous droits réservés.

Conception et réalisation : ZHANG Xiaoqiu