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Shanghai dédie un musée à son cinéma
par Brigitte
Duzan, 26 juin 2013
Alors que
se tenait le
16ème festival du cinéma de Shanghai,
le musée de Shanghai (上海电影博物馆)
ouvrait ses portes au public, le 17 juin 2013, à
l’ancienne adresse du studio de Shanghai, sur Caoxi
Bei Lu (漕溪北路),
dans le quartier de Xuhui (徐汇区) ;
c’était aussi, autrefois, l’adresse de la Lianhua.
Il aura
fallu des années de gestation pour que le musée voie
le jour. Mais ce n’est qu’en 2011 que l’architecte
allemand Tilman Thürmer, fondateur du bureau
Coordination Asia, a été sélectionné,
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La façade du musée |
après un appel
d’offres international, pour être le directeur artistique et
conseiller du projet, en collaboration avec le Shanghai Film
Group.
Tel qu’il se
présente aujourd’hui, le musée occupe 15 000 m2 sur quatre
étages et propose un parcours en immersion totale, dans une
mise en scène fastueuse et vibrante, dans une palette de
blanc noir, gris et doré (à l’exception de l’allée du tapis
rouge), avec des expositions traditionnelles, mais aussi
quelque 70 installations interactives (1). Dans l’intention
de capter et faire ressentir l’essence du cinéma, et
l’esprit du cinéma de Shanghai, l’accent a été mis dès le
départ sur l’image en mouvement et l’opposition de l’ombre
et de la lumière.
L’entrée du musée |
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Comme tout
musée du cinéma qui se respecte, il expose des
anciens accessoires, costumes, appareils et
souvenirs des personnages et événements de
l’histoire du cinéma de la ville, mais il permet
aussi de visionner des films et clips vidéo. Il
possède quatre cinémas, dont un équipé en 4D, ainsi
que divers studios où l’on peut jouer au réalisateur
ou au chef opérateur, s’initier aux techniques de
l’animation ou de la postproduction, bref se sentir
cinéaste le temps d’une visite. |
Outre les nombreux
documents et objets du studio de Shanghai, qui étaient
conservés dans divers entrepôts, le musée a d’ores et déjà
bénéficié d’importantes donations, 700 objets au total.
Ainsi, la petite fille du grand dramaturge et scénariste
Xia Yan (夏衍)
a donné au musée toute une collection
de livres, scénarios et lettres de son grand-père.
Il était logique de
retracer l’histoire d’un cinéma qui n’a cessé d’inventer et
de se renouveler après avoir longtemps été à l’avant-garde
en Chine : c’est, entre autres, à Shanghai que, en 1921, est
produit le premier long métrage chinois, inspiré d’un
célèbre fait divers :
« Yan
Ruisheng » (《阎瑞生》) ;
suivent, en 1928, le premier film d’arts martiaux chinois à
être sérialisé, « L’incendie du
temple du Lotus rouge » (《火烧红莲寺》),
ou encore, en décembre 1930, le premier film sonore chinois
« La chanteuse Pivoine rouge » (《歌女红牡丹》),
réalisé en collaboration avec Pathé.
Ce qu’il reste de
ce patrimoine devait être mis en valeur, mais aussi
restauré.
Le musée sera en effet aussi un centre d’étude et de restauration de
films anciens, qui se propose de travailler en collaboration
avec divers organismes privés et publics. Il a ainsi signé
un accord de coopération avec les archives du film de Corée
du Sud (KOFA) pour organiser des expositions en commun et
restaurer des films, accord annoncé le dimanche 16 juin, au
festival de Shanghai.
Si le cinéma de
Shanghai entre au musée, on espère que, grâce à de telles
initiatives, il pourra connaître une nouvelle jeunesse. On
n’en ressent que plus vivement le regret d’avoir vu
disparaître, entre autres, les grands artistes des studios
d’animation de Shanghai, sacrifiés sur l’autel d’une
modernité sans âme.
Notes
(1) Parcours en
images :
www.thecoolhunter.net/article/detail/2182/shanghai-film-museum
Présentation sur le
site de Coordination Asia :
http://coordination.asia/shanghai-film-museum-3/
Maquettes de David
Cassells, assistant de Tilman, responsable du design :
www.davidcassellsdesign.com/?p=867
Le site du musée :
www.shfilmmuseum.com/
Le billet d’entrée
coûte 60 yuan, demi-tarif pour les étudiants.
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