Anthony Chen
陳哲藝
/ 陈哲艺
Présentation
par Brigitte
Duzan, 31 août 2013
Anthony
Chen est né en 1984 dans la communauté chinoise de
Singapour et en est aujourd’hui l’un des jeunes
réalisateurs les plus prometteurs, après la Caméra
d’or qui lui a été décernée au festival de Cannes,
en mai 2013, pour son premier long métrage :
« Ilo
Ilo » (《爸妈不在家》).
Ses films
évoquent et illustrent la culture spécifique de la
communauté chinoise singapourienne, encore très liée
à ses origines, mais en pleine évolution, engendrant
une nostalgie du passé – lié à l’enfance - à fleur
de peau.
Etudes à
Singapour puis à Londres
Anthony
Chen a d’abord reçu une éducation à la chinoise, à
l’école primaire de Nan Hua, puis au Lycée chinois,
aujourd’hui baptisé Hwa Chong Institution (华侨中学).
Il est ensuite entré |
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Anthony Chen |
à la Ngee Ann
Polytechnic (义安理工学院)
dont il est sorti en 2005.
Il s’était
intéressé très tôt au cinéma, mais c’est dans cet
établissement qu’il a commencé à l’étudier. C’est pour son
travail de fin d’étude qu’il a tourné son premier court
métrage, « G-23 », tout de suite remarqué. En 2007, son
second court métrage, « Ah Ma » (《阿嬷》),
qui concourait pour la Palme d'Or du court métrage au 60ème
Festival de Cannes, obtint une mention spéciale, devenant
ainsi le premier film de Singapour à remporter un prix à
Cannes.

Anthony Chen recevant
la Caméra d’or
à Cannes en mai 2013,
avec Agnès Varda |
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En 2008,
son troisième court métrage, « Haze », fut
sélectionné pour concourir pour l’Ours d’or du court
métrage à la 58ème Berlinale.
Mais
Anthony Chen dut alors faire son service militaire
obligatoire ; à la fin, cependant, il eut la chance
d’être admis à la National Film and Television
School, à Londres, où il partit avec une bourse du
Media Development Authority de Singapour.
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Il en sortit
diplômé en 2010, année pendant laquelle il tourna ses deux
courts métrages « Lighthouse » et « Distance » qui ont une
facture très britannique, et qui peuvent être considérés en
ce sens comme des exercices de style. En 2009, il avait été
lauréat du Young Artist Award du National Arts Council de
Singapour.
De retour à
Singapour, il tourna encore deux courts métrages avant de
réaliser son premier long métrage de fiction,
« Ilo
Ilo », qui en a fait une vedette dans son pays et un
réalisateur désormais mondialement célèbre.
Les huits courts
métrages avant Ilo Ilo
2004
: G.23 (23’)
: court métrage de fin d’études réalisée à 23 ans.
G-23 raconte les
histoires de trois personnages qui fréquentent le même
cinéma de quartier. Ce court métrage fut présenté en
particulier au festival de Cannes, dans la section Tous Les
Cinémas du Monde.
2007 :
Ah Ma (14’35)
《阿嬷》
Une grand-mère est
en train de mourir sur son lit d'hôpital ; les membres de
famille se retrouvent à son chevet, mais la mort, en fait,
les isole plus qu’elle ne les rapproche, car chacun reste
plongé dans ses propres souvenirs et sentiments. Ce court
métrage autobiographique a concouru pour la Palme d'Or du
court métrage au Festival de Cannes en 2007 et obtenu une
mention spéciale.
Le film :
www.youtube.com/watch?v=Afr32A2N87s
2008
:
Haze
(15’)
Dans la chaleur
humide de l’été, alors que la télévision montre le
brouillard de pollution provoqué par les incendies de forêts
en Indonésie, deux adolescents sèchent l’école pour passer
un moment ensemble ; leur petite histoire d’amour tranquille
est opposée à la canicule et la fumée qui s’étend à
l’extérieur. On retrouve ainsi souvent chez Anthony Chen
l’utilisation des événements extérieurs comme un cadre
précis de ses films.
Bande annonce :
www.youtube.com/watch?v=eWiMgTvCH58
2009 : Hotel 66
(15’)
Il s’agit du
premier film réalisé par Anthony Chen à Londres pendant ses
études à la National Film and Television School. L’ambiance
est ici radicalement différente. C’est une petite histoire
entre un homme descendu dans un hôtel et une gardienne de
cet hôtel, sur fond de coupe du monde de football. Le film a
bénéficié de conditions de tournage exceptionnelles : en
studio, avec l’aide de tous les corps de métier de l'école,
y compris pour les décors qui ont été faits exprès pour le
film. Il est d’une esthétique particulièrement réussie.
Un court extrait :
http://vimeo.com/68286036
2010/1 : Lighthouse
(23’)
Second film tourné
à Londres, Lighthouse est le premier réalisé en anglais avec
des acteurs anglais. Il raconte l’histoire d’une mère qui
part avec ses enfants à la suite d’une rupture, mais réalise
bientôt qu’il n’est pas si facile que prévu de quitter sa
maison. Le réalisateur a fait un effort particulier pour que
l’ambiance soit véritablement anglaise, et que même les
couleurs n’aient rien d’exotique. Et le pari est tenu.
Extrait :
www.youtube.com/watch?v=g_ugFvCCm_U
2010/2 : Distance
Court métrage
également tourné à Londres, il représente le pendant de
« Lighthouse ». Un couple déambule dans Londres, avant de se
séparer. On notera un effort particulier sur la photo
(signée Benoît Soler, devenu le chef op’ indissociable de la
filmographie d’Anthony Chen), en particulier pour rendre les
ciels et la lumière de la capitale britannique, sur les
bords de la Tamise.
Extrait :
http://vimeo.com/15087612
2011 : The Reunion
Dinner
(15’30)
回家过年
Film de commande
des autorités singapouriennes – l’histoire d’une famille
d’origine chinoise sur deux générations à travers les
différentes soirées pour fêter le Nouvel An – ce court
métrage garde les thèmes chers à Anthony Chen : la famille,
les relations humaines, mais aussi une certaine nostalgie du
passé face à une économie en plein boom, et une culture en
pleine mutation... culture qui reste chinoise, mais dont
l’évolution se traduit jusque dans la langue, plus singlish
que mandarin ou hokkien aujourd’hui.
Le film ;
www.youtube.com/watch?v=aLyVarVFM9w
2012 : Karung
Guni
(12’)
Très court métrage
qui relate une rencontre improbable pour évoquer subtilement
en une dizaine de minutes les problèmes de société propres à
Singapour : travailleurs étrangers, racisme, difficultés
d’intégration... Un collecteur de vieux papiers à recycler
prend dans son camion une jeune Chinoise récemment immigrée
qu’il a failli renverser. Il lui explique : les
Singapouriens jettent leurs vieilles affaires, mais il leur
faut du temps pour s’habituer aux neuves.
Le film :
www.youtube.com/watch?v=iDpvkrtEM8Y&list=FLhcCFSYtPFBlKl61wRtNrcA
Au travers de ces
courts métrages, on voit Anthony Chen se forger peu à peu un
style, et s’imposer comme personnalité d’une sensibilité
très particulière.
« Ilo
Ilo » est la consécration de ces premières œuvres. Il
marque l’apogée d’un parcours singulier.
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