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Chen Zhuo
陈卓
Né en 1978
Présentation
par
Brigitte Duzan, 26 avril 2012
Né en
juillet 1978 à Changsha, dans le Hunan, Chen Zhuo (陈卓)
fait partie de ces jeunes artistes chinois venus au
cinéma après des premières recherches dans la
photographie et la vidéo expérimentales.
Art de
l’image sous toutes ses formes
Enfant, il
a étudié la peinture avec son père, puis est entré à
l’Ecole nationale de Beaux-Arts (中央美术学院).
Après
avoir obtenu en 2003 un premier diplôme de dessin
d’architecture, il a poursuivi ses études par un
doctorat en images numériques. Il fait maintenant
partie du corps professoral de l’Ecole et ses
œuvres, dans le domaine de l’image expérimentale,
autant photographie qu’animation, ont acquis une
certaine notoriété.
En 2004,
il a commencé un projet d’illustration de mythes et
légendes chinois inspiré par les films d’animation
vus quand il |
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Chen Zhuo |
était petit (« Le
roi des singes » et autres). Cela a donné en 2005 la série
« Yi » (《羿》), et le dessin animé
« L’archer Yi » (《羿》)
qui a obtenu divers prix en Chine.
Le dessin animé "L’archer Yi"
Chen Zhuo et Huang
Keyi |
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Le dessin animé se
réfère à l’archer Yi, ou Houyi (后羿),
personnage mythique auquel a fait appel Yao (尧)
pour abattre les neuf soleils de trop qui brûlaient la
terre ; le succès de Houyi permit à Yao de devenir empereur,
l’un des Cinq Empereurs (五帝)
de la mythologie chinoise. Chen Zhuo imagine les soleils
sous la forme d’oiseaux et Houyi avec un facies à motifs de
tiaotie, comme on en trouve sur les bronzes Shang.
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En 2007, il a commencé à collaborer avec l’artiste Huang
Keyi (黄可一),
collaboration qui a débouché sur la création de la série
« Carnaval de Chine » (《中国嘉年华》),
dont les
œuvres mêlent images réelles et images fictives ; c’est une
réalité reconfigurée, mêlant humour, absurde et dérision, où
le ciel est trop bleu pour être vrai, où les ballons sont
trop rouges pour ne pas être sanglants, et où Mao donne son
onction à tout ce carnaval… La série est devenue célèbre.
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Carnaval de Chine n°1 |
Carnaval de Chine n°
10 |
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En 2010, avec
quelques collègues professeurs,
Chen Zhuo
a ensuite créé un studio de production,
Beijing Tiger
Entertainment & Media Company (老虎数字传媒有限公司).
Il a alors
préparé le tournage de son premier long métrage, « Song of
Silence » (《杨梅洲》),
qu’il a mis près de deux ans à terminer, en assurant
lui-même le montage et les effets spéciaux.
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L’archer Yi |
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Premier film :
Song of Silence
Scénario
La jeune Jing (小静)
est sourde et vit dans un petit village de pêcheurs avec son
grand-père et son oncle depuis que ses parents ont divorcé.
Elle passe le plus clair de son temps sur le bateau de son
oncle, et les deux jeunes gens finissent par développer des
relations réprouvées par la morale qui obligent
l’adolescente à aller vivre en |
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Song of Silence |
ville avec son père, Zhang
Haoyang (张昊阳).
Les quatre personnages |
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Celui-ci est un
flic qui n’a qu’un désir, avoir un fils et fonder un foyer.
Lorsque sa petite amie tombe enceinte, elle vient donc vivre
avec lui. C’est une jeune musicienne à l’esprit rebelle, et
les relations entre elle et Jing sont au départ plutôt
hostiles ; mais une certaine complicité s’établit bientôt
entre elles. Le rêve de paternité de Zhang Haoyang, son
désir de foyer, vont se heurter à une réalité tragique qui
va le forcer à reconsidérer son identité de père….
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Chen Zhuo est parti
d’une histoire vraie pour écrire les bases de son scénario.
Le film se passe dans son Hunan natal ; il est interprété
par des acteurs non professionnels, et joué en dialecte
local, ce qui lui donne évidemment beaucoup de réalisme.
Solitude sublimée
par l’image
Le sentiment qui se
dégage de ces personnages enfermés dans leur solitude est
une inaptitude à gérer leurs relations avec leurs proches,
chacun avec une intensité particulière, le cas emblématique
étant le parallélisme total des existences des deux jeunes
filles, l’une cherchant violemment à s’exprimer dans sa
musique, que l’autre ne peut entendre.
La narration est
relativement simple, mais les conflits existentiels larvés
de chacun sont rendus avec une grande |
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Xiao Jing |
acuité, soulignée
par la beauté d’images pures, la poésie diffuse qui émane de
la rivière, filmée dans des
bleus plus ou moins pâles, mais
toujours froids. La photo est ici au premier plan, c’est
elle qui sous-tend le film.
Song of Silence, photo |
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En fait, on se
prend à s’étonner presque qu’il y ait une histoire ; on
aurait plutôt attendu de Chen Zhuo un film moins narratif,
dans la lignée de son travail sur l’image numérique
expérimentale.
« Song of Silence »
reste cependant un très beau film. Il a obtenu le prix du
Coq d’or 2012, prix sponsorisé par l’Association du cinéma
chinois pour promouvoir la créativité et la recherche dans
le domaine cinématographique en Chine.
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Bande annonce
"Song of Silence"
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