Réalisateur cantonais né en 1988 Chaozhou (潮州),
à l’est du Guangdong, Choy Ji (蔡杰)
a fait parler de lui quand son premier long métrage,
« Borrowed Time » (《人海同游》),
a été en compétition au 28ème festival de Busan
début octobre 2023, dans la section New Currents où il était
le seul film chinois. Aussitôt après, il faisait aussi
partie des onze films chinois en compétition au 7ème
festival de Pingyao
dans la section Hidden Dragons (“藏龙”).
Etudes, documentaire et courts métrages
Choy
Ji a d’abord fait des études de journalisme en pensant
devenir reporter. Puis il a étudié la réalisation de
documentaires à l’Université des Communications de Pékin (中国传媒大学).
Il a travaillé comme journaliste pendant un an avant de
commencer à tourner des courts métrages documentaires. Il a
passé près de dix ans à tourner un documentaire au Tibet,
sur deux enfants de douze ans dont tout le monde disait
qu’ils deviendraient des tulku, des lamas réincarnés.
C’est la longueur du processus, et le fait qu’on ne le
maîtrise pas car on dépend de la vie que l’on filme, qui
l’ont incité à passer à la réalisation de films de fiction,
en commençant par des courts métrages à petits budgets.
Inspiré
par la nouvelle vague de Taiwan et par celle de Hong Kong,
ainsi que par le style elliptique de réalisateurs comme
Hirokazu Kore-Eda ou Ozu
[1],
Choy Ji a réalisé trois courts métrages avant de tourner
« Borrowed Time » : « Nature Kids » (《云上佛童》)
tourné au Tibet en 2012, « Recalling » (《有生之年》)
en 2013 et « A Piece of Time » (《归省》)
en 2014 qui ont été présentés au festival de Busan. Le
dernier court métrage est l’histoire d’une fille de Canton
partie au Japon où elle s’est mariée et qui revient chez
elle pour le festival de la mi-automne. Pour ce film, Choy
Ji a travaillé avec la scénariste Wang Yin (王寅)
dont c’était aussi le premier scénario, inspiré de son
séjour au Japon pour un doctorat de sociologie, et avec
l’actrice Lin Dongping (林冬萍)
qu’il connaissait toutes deux auparavant ; elles sont
revenues pour « Borrowed Time ».
« Borrowed Time » explore la vie à Hong Kong vue du point de
vue de Cantonais, de l’autre côté de la frontière. Le titre
anglais est emprunté à la définition courante qui était
celle de Hong Kong : « a borrowed place with a borrowed
time ».
Borrowed Times
Le
film est l’histoire d’un tournant dans la vie d’une jeune
femme : elle va se marier mais ne sait comment révéler à la
famille de son fiancé que son père s’est enfui à Hong Kong
parce qu’il était couvert de dettes et qu’il a fondé là-bas
une nouvelle famille. C’est aussi la raison pour laquelle sa
mère ne veut pas assister au mariage. Mais le film est aussi
un retour vers le passé, et un voyage de découverte des
secrets qu’il recèle.
Borrowed Time
Tous
les personnages sont interprétés par des acteurs non
professionnels sauf le père, joué par l’acteur hongkongais
Tai Bo (太保)
[2].
Le personnage principal est interprété par l’ancienne
camarade de classe du réalisateur Lin Dongping avec laquelle
il avait réalisé son troisième court métrage huit ans
auparavant. Elle s’était ensuite mariée et elle était restée
dans le sud tandis que Choy Ji partait vivre à Pékin.
La
préparation et le tournage du film ont pris cinq ans. À
cause du covid, le tournage a dû être scindé en deux, avec
deux équipes différentes, en passant plus de temps sur les
séquences qui se passent sur le Continent. En même temps,
quand les cinémas ont fermé à cause du covid, les
investisseurs se sont retirés, donc le film a été financé
par la famille et les amis du réalisateur. Choy Ji a été
aidé par le producteur exécutif du film,
Stanley Kwan (关锦鹏),
en particulier pour le casting et le tournage à Hong Kong où
l’équipe n’avait jamais tourné.
Le
film doit beaucoup à la photographie de Huang Shuli (黄树立)
qui était déjà le directeur de la photo de Wang
Erzhuo (王尔卓)
pour « Farewell, My Hometown » (《再见,乐园》),
mais aussi au typhon qu’ils auront dû attendre deux mois !
Maintenant que « Borrowed Time » est terminé, Choy Ji peut
achever le montage de son documentaire sur le Tibet… avant
de poursuivre avec un nouveau projet de fiction dans le sud.
Borrowed Times, trailer du festival de Busan
[1]Ozu dont
Choy Ji cite une maxime dans une interview du
Paper :
« atteindre une subtile perfection en tournant un
film grâce à la concision du style »
“以简洁的风格,拍出电影的洗练完美”.