Le
film est sorti en Chine en novembre 2017, et en France fin
juillet 2018. En juin 2018, Dong Yue l’a présenté au
festival de Macau où il a décroché le prix du meilleur
nouveau réalisateur. On peut considérer le film comme
participant de la vogue du film noir qui a marqué le cinéma
chinois à partir du « Black
Coal, Thin Ice » (《白日焰火》)
de Diao
Yinan (刁亦男)
en 2014.
2024 : The Wig
The Wig
Dong Yue rebondit avec « The Wig » (《戴假发的人》),
un film tourné en 2020 mais sorti seulement en 2024, délai
qui laisse deviner de nombreux problèmes de censure. Ce
n’est plus spécifiquement un film « noir », mais relève
plutôt d’une intrigue policière complexe où le personnage
principal, un avocat, a lui-même sa part de mystère.
Meng
Zhong (孟中)
est cet avocat issu d’un milieu très modeste qui,
aiguillonné par son père, mais obligé de travailler pour
pouvoir continuer ses études, a passé quatre fois l’examen
avant de réussir. Comme souvent dans ce cas, il s’est fait
chauffeur de taxi, et ce faisant a véhiculé des gens de
toutes sortes dont, surtout la nuit, des ivrognes. L’un
d’eux lui a un soir demandé de le conduire au hasard des
rues, mais Meng Zhong s’est rendu compte qu’il n’avait pas
d’argent ; il ne s’en est débarrassé qu’après un violent
pugilat, en le poussant sur la rive du fleuve, sans savoir
ce qu’il est ensuite advenu de lui.
En
septembre 2020, quand commence le film, il est devenu avocat
renommé, et vient de remporter un procès contre une société
de construction, au profit des ouvriers. Parallèlement, il
assume aussi des charges d’aide juridictionnelle, et dans ce
cadre vient d’accepter le cas d’une jeune lycéenne qui a été
violée dans une chambre d’hôtel. Elle est élevée par sa mère
depuis que son père les a quittées, ce qui fait vibrer bien
des cordes en Meng Zhong car il a lui-même été élevé par son
père…
Soupçonnant que le directeur de l’hôtel cherche à protéger
le violeur car il refuse de lui montrer les vidéos de
surveillance, il soudoie un employé de l’hôtel qui les lui
procure : le violeur est un magnat de l’immobilier qui a des
actions dans l’hôtel[1].
Qui plus est, c’est sa maîtresse qui avait attiré l’enfant
en proposant à sa mère, elle aussi seule à l’élever, de
l’aider. Meng Zhong se retrouve ainsi poursuivi par les
sbires du malfrat.
Dans
le cours de son enquête, il rencontre une fille bizarre qui
porte une perruque rouge et qui lui offre d’aider à
approcher la jeune victime prostrée, qui refuse de parler et
fait même une tentative de suicide. Sur quoi, tout se
complique, et Meng Zhong se retrouve confronté à son passé.
Le
principal attrait du film tient à l’acteur qui interprète le
rôle principal : Huang
Xiaoming (黄晓明)
– rôle aux antipodes de ceux auxquels il avait habitué son
public. Le film n’a malgré tout guère eu de succès à sa
sortie, peut-être en raison d’une construction tortueuse en
multiples flashbacks qui finissent par diluer l’intérêt du
thème principal, et noyer le spectateur au bout des deux
heures de projection.
Présentation du film
The Wig, trailer
[1]Cette
partie de l’intrigue rappelle le film de 2017 de
Vivian Qu (文晏)
« Angels Wear White » (《嘉年华》).
Le sujet était brûlant car deux affaires similaires
étaient intervenues, d’abord à Pékin au moment de la
sortie du film, puis à Shanghai, et avaient suscité
de vives polémiques.