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Ju
Anqi 雎安奇
Présentation
par Brigitte
Duzan, 6 mai 2013, actualisé 8 mai 2015
Né en
1975, dans la province du Xinjiang, Ju Anqi (雎安奇)
est d’abord poète. En 1994, il a publié deux
recueils de ses poèmes à frais d’auteur, puis est
parti étudier à l’Institut du cinéma de Pékin.
Dès la fin
de ses études, en 1998, il a créé une petite
structure de production qu’il a appelée « La petite
équipe cinématographique de la tranchée » (壕沟电影小组).
Pourquoi ce nom bizarre ? Pendant qu’il étudiait à
Pékin, a-t-il expliqué, il y avait, devant les
locaux de l’Institut, une tranchée béante,
vraisemblablement restée là à la suite de travaux
qui n’avaient jamais été achevés, ou peut-être même
jamais commencés ; de temps en temps, les étudiants,
à la sortie des cours, allaient s’y réfugier pour
discuter entre eux, assis sur les talons. C’était à
ses yeux une image symbolique du cinéma indépendant
chinois. |
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Ju Anqi |
Il y a beaucoup de
vent à Pékin |
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Il a
aujourd’hui
une trilogie
documentaire
à son actif, mais ses débuts ont été austères : au
printemps 1999, il a filmé son premier documentaire,
« Il y a beaucoup de vent à Pékin » (《北京的风很大》),
avec une équipe de deux personnes dans les rues et
les espaces publics de la capitale, muni d’une
vieille caméra 16 mm Arriflex et d’un micro monté
sur une antenne télé – et a utilisé pour compléter
des extraits de vieux films en noir et blanc sur la
capitale (une vingtaine de minutes au total) pour
saisir le contraste avec la réalité d’aujourd’hui.
On lui a
reproché l’aspect brutal du montage de ce premier
documentaire, faisant alterner des plages de silence
total avec de brusques séquences bruyantes ; le
contraste est déroutant, mais voulu. Pour lui, un
documentaire ne doit pas tendre à l’objectivité,
mais doit au contraire refléter la |
subjectivité de
son auteur. Les deux autres volets de
la trilogie partent
du même principe.
Quand on
lui demande ce qui le pousse à filmer, Ju Anqi
répond : un impérieux besoin. Il faut assurément
être poussé par une très forte nécessité intérieure
pour filmer ainsi – et ce indépendamment des moyens
techniques ou financiers : si l’on n’a pas les
moyens de faire un long métrage, on en fait un
court, dit-il.
Outre cette
trilogie, il a également signé deux vidéos, l’une de
18’, « Toile » (《网》),
et l’autre de 45’, « Colis postal » (《邮包》).
En 2007, il
a aussi réalisé un film humoristique en noir et
blanc : « Bon anniversaire, monsieur An » (《生日快乐
安先生》) :
les aventures d’un certain monsieur An qui, le jour
de son anniversaire, part en vadrouille et fait une
série de rencontres…
Son film
suivant, sorti en 2010, « Peking Duck » (《北京烤 |
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Bon anniversaire,
monsieur An |
Peking Duck |
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鸭》),
raconte les aventures tout aussi improbables d’un
cuisinier pékinois spécialiste du canard laqué.
En 2002,
il avait tourné un film avec le poète Shu, au
Xinjiang : une sorte de road movie pendant lequel le
poète Shu (竖)
avait composé seize poèmes. Ju Anqi n’avait jamais
réussi à monter son film. Finalement il a pu
commencer à le faire en juin 2013 ; la
postproduction a été terminée en juillet 2014 et le
film est sorti en première mondiale au festival de
Rotterdam en janvier 2015, sous le titre
« Poet on a
Business Trip » (《诗人出差了》).
Le film a
ensuite été sélectionné en compétition
internationale au festival de Jeonju, en Corée ; le
8 mai 2015, il a été
couronné du Grand Prix du festival.
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Filmographie
Trilogie documentaire
1999
Il y a beaucoup
de vent à Pékin
《北京的风很大》
2004 Couettes
《被子》
2008 Nuit de
Chine
《中国之夜》
Fiction
2007 Bon
anniversaire, monsieur An 《生日快乐
安先生》
2010 Peking Duck
《北京烤鸭》
Docu-fiction
2015 Poet
on a Business Trip 《诗人出差了》
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