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Metteurs en scène

 
 
 
     
 

Li Luo 李珞

Né en 1978

Présentation

par Brigitte Duzan, 30 janvier 2013

 

Li Luo est un jeune cinéaste chinois qui a connu une soudaine notoriété lorsque son premier long métrage, « Rivers and my Father » (河流和我的父亲), a été présenté au Festival du cinéma indépendant chinois de Nankin en 2010.

 

Il a depuis lors à nouveau créé la surprise, cette fois au festival de Vancouver en 2012, lorsque son second film, « Emperor visits the Hell » (《唐皇游地府》), a gagné le Dragons and Tigers Award for Young Cinema. Li Luo s’avère être, à l’heure actuelle, l’un des talents les plus originaux du

 

Li Luo au festival de Vancouver, en 2012

jeune cinéma chinois ; ce n’est peut-être pas un hasard qu’il réside au Canada…

 

Du cinéma expérimental au docu-fiction

 

Li Luo (李珞) est né en 1978 à Wuhan (1). Il a étudié le cinéma au Canada où il réside toujours. Mais il puise son inspiration dans son pays.

 

Il a d’abord réalisé des courts métrages expérimentaux, Passionné de musique, il a, dans ces premiers films, expérimenté sur l’image et le son. L’un de ses courts métrages est ainsi une étude sur le chant des oiseaux, qui fait penser à Messiaen.

 

1. Son premier long métrage (mais relativement court, 70’) a été projeté à la Berlinale en février 2009. Intitulé « I Went to the Zoo the Other Day », tourné en noir et blanc, sans musique ni bruit de fond, le film porte encore la marque de l’expérimentation. Il dresse un parallèle entre les hommes et les animaux, en l’occurrence un couple d’immigrés serbes à Toronto et les animaux en cage dans le zoo.

 

Dragana emmène son copain Danilo au zoo pour le distraire parce qu’il déprime. Pendant la visite, ils se racontent, en serbe, des histoires qui nous révèlent peu à peu leur histoire personnelle.  Ils s’identifient avec les animaux qu’ils voient, et nous, visiteurs extérieurs, les observons inconsciemment du même regard de voyeurs. Au-delà de la vision désenchantée de l’immigration, c’est une métaphore de l’aliénation dans le monde moderne.

 

 

Bande annonce

 

2. Le second film de Li Luo a été l’une des révélations de la 7ème édition du Festival du cinéma chinois indépendant de Nankin, en 2010. Il s’agit de « Rivers and my Father » (《河流和我的父亲》), évocation du père du réalisateur, sur la base de souvenirs personnels notés par le père lui-même.

 

Le film réalise une combinaison très subtile de fiction et de documentaire, en déstructurant la narration pour jouer sur le

 

Rivers and my Father

son et l’image, à la façon dont opère la mémoire. Mais le film se termine en outre sur une coda inattendue, qui restitue la parole au père pour un dernier commentaire sur le film réalisé par son fils. En ce sens, le film garde la marque d’une œuvre en devenir dont la forme ne peut être totalement achevée, étant celle d’une mémoire qui varie avec ceux qui l’expriment.

 

La surprise de Vancouver 

 

Emperor visits the Hell

 

En 2012, le troisième film de Li Luo crée la surprise au festival de Vancouver où il obtient le Dragons and Tigers Award for Young Cinema. C’est un pastiche de trois chapitres du grand classique chinois « Le voyage à l’Ouest » (西游记) : « Emperor visits the Hell » (《唐皇游地府》), dont le titre est lui-même un clin d’œil à un film chinois éponyme de 1927, de Yu Qingquan (余清泉).

 

Il s’agit d’une satire en forme de fable, mettant en scène Li Shimin (李世民), deuxième empereur de la dynastie des Tang sous le nom d’empereur Taizong (唐太宗). Pour gagner un pari avec un moine, le roi des dragons utilise ses relations divines pour changer la météo, sur quoi sa tête est mise à prix dans le ciel. Il va alors demander l’aide de l’empereur qui tente de distraire l’envoyé céleste de sa sinistre tâche en l’invitant à un jeu de go, mais en vain. L’empereur fait alors des cauchemars, voit des esprits partout, tombe malade, meurt et va en enfer (2). … Il doit alors se prosterner devant tous les

esprits des gens dont il est responsable de la mort…

 

Li Luo transpose l’histoire dans la Chine moderne, fait du roi des dragons un truand, de la cour impériale un repaire de brigands et de fonctionnaires corrompus… Le film est à nouveau en noir et blanc, mais plus noir que blanc.

 

 

Bande annonce

 

 

Notes

(1) Li Luo et non le contraire comme on le trouve souvent, y compris au générique de « Rivers and my Father », en contradiction avec les caractères qui apparaissent juste au-dessus.

(2) L’empereur Taizong est mort à 50 ans, d’une maladie que l’on pense avoir été liée à des « drogues d’immortalité ».

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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