Né à
Wenzhou, dans le Zhejiang, Pan Zhiqi (潘志琪)
est un documentariste chinois diplômé de l’Institut des
Beaux-arts de Xi’an et de l’Institut du cinéma de Pékin. Il
a commencé à préparer son premier documentaire, « Private
Detective » (《侦探》),
en 2005. Son deuxième long métrage, « Ms. Hu's Garden » (《胡阿姨的花园》),
a été primé au 26e festival international de
cinéma de Shanghai en juin 2024, est sorti en octobre
suivant au 29e festival de Busan et a été
sélectionné par le
festival Jean Rouch,
à Paris, en 2025. Tous ses documentaires traitent des
difficultés des petites gens à s’adapter à la vie moderne
dans une Chine en pleine croissance qui les relègue à la
marginalité.
§2010 :
Private Detective《侦探》47’
Ce
documentaire traite de la profession de détective privé qui
a émergé en Chine au début des années 1990, essentiellement
dans le cadre d’affaires concernant des relations
extra-conjugales. Pour cette raison-même, c’est une
profession qui souffre d’un déficit d’image et d’un statut
controversé, tant du point de vue légal que moral. En
réalité, Pan Zhiqi ne s’est pas vraiment intéressé aux
détectives eux-mêmes, mais s’est servi de cette approche
pour aborder les problèmes affectifs de la société chinoise,
en particulier dans le processus d’urbanisation.
§2017 :
24th Street《24号大街》88’
Pan
Zhiqi s’est attaqué ici à un autre problème de la société
chinoise moderne : les laissés-pour-compte de la croissance.
Le personnage qu’il a suivi, nommé Su (老苏),
est l’un de ces marginaux qui ont du mal à trouver leur
place dans la ville chinoise moderne. Avec sa compagne Qin (琴妹),
il a ouvert un petit restaurant de misère près d’un chantier
sur la 24e rue à Hangzhou, mais comme il avait
omis de demander un permis (de construire, d’exploitation,
on ne sait trop), il est expulsé avec les autres illégaux
autour de lui. Après une autre tentative conclue de la même
manière, il décide de rentrer chez lui au village où vivent
sa femme, ses enfants et la famille de sa compagne. Cela
fait trente ans qu’ils en sont partis et, comme on peut
l’imaginer, l’accueil qui leur est réservé n’est pas des
plus chaleureux.
Pan
Zhiqi ne cherche pas à embellir la réalité. Su est même
présenté comme un personnage que les scrupules n’étouffent
pas et qui n’hésite pas à arnaquer les gens au besoin.
L’histoire est fondée sur l’expérience personnelle du
réalisateur : en 2010, il a déménagé dans la zone de
« développement technologique » de Hangzhou et sous ses
fenêtres était un bidonville où vivaient des travailleurs
migrants. Il a donc commencé à les observer. Au bout de sept
ans, il avait quelque 700 heures de rushes…
Trailer (du festival du Golden Horse)
§
2023 : Flower Chasers《逐花人》27’
Pour
« Flower Chasers », Pan Zhiqi a suivi un jeune apiculteur,
ses abeilles et sa famille au cours de leurs voyages à
travers la Chine à la recherche des fleurs nécessaires aux
abeilles. Mais c’est aussi un témoignage sur les conditions
de vie de plus en plus précaires de la famille au fur et à
mesure que s’accroît la crise écologique ; des régions
entières sont frappées de sécheresse, les fleurs
disparaissent, et les abeilles meurent.
Trailer
§2024 :Ms. Hu's Garden《胡阿姨的花园》
102’
Shibati (十八梯)
est un vieux quartier de Chongqing au milieu d’immeubles
modernes où madame Hu gérait autrefois un petit hôtel pas
cher pour les travailleurs migrants qui lui permettait tout
juste de vivre. Maintenant âgée, elle part tous les matins à
travers les rues animées du quartier pour aller récolter des
objets mis au rebut et laissés sur le trottoir par les
entreprises du voisinage afin de décorer son jardin. C’est
son havre de paix, l’espace qui lui reste pour surmonter ses
problèmes, et surtout les soucis que lui cause son fils
dépressif.
C’est
encore une expérience personnelle : comme il l’a expliqué
dans une
interview avec Sixth Tone,
c’est
après avoir déménagé à Chongqing que Pan Zhiqi a rencontré
là Ms. Hu. Il a passé dix ans à filmer son quotidien, dont
il a fait une sorte de symbole du sort de l’individu
déterminé à s’accrocher à ses racines au sein des
bouleversements de l’époque.