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Wang Haolu
王昊鹭
Présentation
par Brigitte Duzan, 25 mars 2021
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Wang Haolu est une scénariste et réalisatrice chinoise qui a fait ses
études de cinéma à Londres où elle vit actuellement.
Elle est titulaire d’une bourse du BAFTA (British
Academy of Film and Television Arts) et a participé
en 2020 au programme jeunes talents de la Berlinale
où elle a présenté
son premier long métrage,
« A Dutiful Wife » (《湖水里的猛兽》).
Ses films sont centrés sur l’analyse de la psychologie et des émotions
de personnages pour la plupart féminins, en mêlant
réalité et fiction dans un style très personnel
empruntant aux thrillers psychologiques et aux films
fantastiques. Elle se déclare spécialiste en
« emotional fantasy ».
De la
banque au cinéma
Wang Haolu a obtenu en 2019 un master en réalisation de
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Wang Haolu |
films de fiction à la National Film and Television School (NFTS) en
Angleterre.
Mais c’était au bout d’un parcours légèrement tortueux qui a
commencé par des études d’économie aux Etats-Unis, suivies
d’un poste dans une banque d’investissement à Hong Kong.
Elle aimait le cinéma, mais n’aurait jamais pensé en faire
une carrière. Jusqu’à ce qu’elle aille un jour au cinéma
voir « Persona » d’Ingmar Bergman. Elle avait 25 ans, et son
univers en fut ébranlé. Elle prit une caméra, apprit à s’en
servir et, toute seule, fit un court métrage – qui lui valut
d’être admise à la NFTS.
Pendant ses études, entre 2015 et 2019, elle a écrit et
réalisé plusieurs courts métrages qui jalonnent son parcours
et reflètent sa maturation tant en termes esthétiques que
thématiques.
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2015 : Flip Flops
Après s’être disputée avec son petit ami, une jeune fille
part furieuse, le petit ami sur les talons. L’attache d’un
de ses tongs casse, elle les jette et continue à pied.
Arrivée sur la plage, au bord de la mer, elle se laisse
tomber sur le sable, le petit ami s’assoit à côté d’elle, et
comme elle fait la tête, il va se baigner et s’éloigne en
nageant. Elle s’endort. Et quand elle se réveille, le copain
a disparu, il ne reste que son sac à dos, panique….
Flip Flops (15’)
https://vimeo.com/132101743
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2018 : Lao Wai
《老外》
Une jeune Chinoise qui s’est perdue fait de l’autostop pour
tenter de rentrer à Londres.
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2019 : The Pregnant Ground
《怀孕的大地》
C’est le film de fin d’étude de Wang Haolu. Une jeune femme
fait une fausse couche et en est profondément affectée. Elle
fait des cauchemars, et une fissure dans l’asphalte, dans la
rue sous sa fenêtre, prend soudain des aspects fantastiques.
The Pregnant Ground (24’)
https://www.shortoftheweek.com/2020/03/06/the-pregnant-ground/
L’idée du film lui est venue en se promenant dans son
quartier, en voyant une bosse de la taille d’une pomme sur
le bitume. Il y avait des travaux partout dans les rues,
avec des chantiers bruyants et des trous béants pendant des
semaines. En même temps, c’était un moment où elle
ressentait le besoin d’avoir un enfant. Les deux phénomènes,
superposés, liant émotions et imaginaire, ont donné
l’argument du film.
Le scénario a été écrit très vite, en une semaine, mais la
préparation a été plus difficile, car, avec un budget
réduit, il fallait trouver les sites adéquats, en
particulier un réservoir souterrain pour la dernière partie
du film ; quant aux « bosses » de différentes tailles de la
fin du film, elles ont été construites dans les studios de
la NFTS, avec modélisation en 3D. Pour la post-production,
Wang Haolu a travaillé avec une équipe d’effets spéciaux
afin de créer les effets fantastiques nés des troubles
émotionnels de son personnage, tournant à la névrose. C’est
ce qui a été le plus long : trois mois.
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Le tournage, dans un espace restreint en intérieur
et sur cinq sites différents en extérieur, a été une
expérience importante vu les défis à surmonter, tels
ceux posés par les scènes de chute – dont celle de
la défenestration du mari, résolue, comme chez King
Hu, par des matelas amortissant le choc. Le choix de
l’actrice – Huang Lu (黄璐)
- et son identification au rôle ont été un autre
atout pour la réussite du court métrage
.
« The Pregnant Ground » préfigure le long métrage
qui a suivi.
2020 : Premier long métrage
« A Dutiful Wife » (《湖水里的猛兽》)
est un « thriller psychologique » tourné en Chine et
produit par
Factory Gate. Le 5 février 2021,
le film a obtenu le prix
ARTE Kino International dans le cadre du CineMart,
le marché de coproduction du festival de Rotterdam.
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A Dutiful Wife
(affiche CineMart) |
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Maman, de Louise
Bourgeois,
devant la Tate Modern |
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Le film raconte l’histoire d’une psychanalyste soupçonnée par la police
de séquestrer son mari disparu. C’est le cas, mais
il s’échappe, et quand on découvre sur elle de
nombreuses traces de violences, la situation se
renverse : son mari est en fait violent, et elle en
est la victime. Il devient l’un des patients de
l’hôpital psychiatrique où elle exerce.
L’histoire est inspirée d’un cauchemar dans lequel son mari était
assassiné, et où elle avait le sentiment terrifiant
que c’était elle qui l’avait tué, sans parvenir à se
rappeler quand ni pourquoi. Elle a eu aussi pour
source d’inspiration la sculpture géante de Louise
Bourgeois représentant une araignée intitulée Maman
dont la version originale a été exposée pour la
première fois en 2000 dans le Turbine Hall de la
Tate Modern, à Londres (et que le musée a acquise en
2008) : l’araignée géante était pour Louise
Bourgeois un hommage à sa mère qui était tisserande
et travaillait |
dans l’atelier de restauration textile de son mari. Wang
Haolu en a fait une image de la femme piégée dans le
mariage.
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Wang Haolu et sa
productrice Liang Ying |
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Le film dresse un portrait de femme dans une perspective intérieure, en
creusant la psychologie des personnages et leurs secrets
intimes. Il est né de la rencontre de la réalisatrice avec
sa productrice Liang Ying (梁穎) qui s’est passionnée pour le projet, y voyant un film de femme sur les
femmes, dans un genre original, digne de rejoindre la gamme
de films chinois « nouvelle vague » de
Factory Gate dont
elle fait partie.
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