par Brigitte Duzan, 2 juin 2016, actualisé 15 novembre 2018
Wang Shuibo est né le 11 septembre 1960.
Il a grandi pendant la Révolution culturelle, puis,
à la fin des années 1970, est devenu l’un des
nombreux artistes travaillant dans le département de
propagande de l’Armée de libération. Il est devenu
membre du Parti en 1980.
Au début des années 1980, il est entré à l’Institut
central des Beaux-Arts à Pékin pour y étudier les
arts visuels, puis il y est resté comme chargé de
cours.
A l’automne 1989, il est parti poursuivre ses études
au Canada et s’est orienté vers le cinéma
d’animation. Il a commencé sa carrière de cinéaste
en 1993, comme assistant du cinéaste d’animation
Fredric Back, sur le tournage de son moyen métrage
« The Mighty River ».
Wang Shuibo
1. Le premier film de Wang Shuibo est un court
métrage d’animation autobiographique de 29’ qui l’a
rendu aussitôt célèbre :
« Sunrise
over Tiananmen Square » (《天安门上太阳升》).
C’est un collage de photographies d’archives, de
documents familiaux et de créations artistiques
originales qui exprime une vision personnelle de la
Révolution culturelle et des années qui ont suivi.
Pour lui, comme pour sa génération, Tian’anmen est
resté un symbole des aspirations à une Chine
nouvelle fondée sur l’égalité, la coopération, la
liberté de pensée et d’expression.
Le film
est un reflet des propres aspirations du cinéaste,
de sa quête personnelle de vérité et d’authenticité.
Il traduit le dramatique sentiment de trahison
ressenti après les événements de Tian’anmen, pour
lui comme toute une génération élevée dans la
vénération de Mao
[1].
Sunrise over
Tian’anmen Square
Sunrise over Tian’anmen Square
2. Son
second film « Swing
in Beijing » (《悠哉,北京》), en
2000, est un documentaire sur la scène artistique
underground en Chine au tournant du millénaire.
3. Son troisième film, « They Chose China » (《他们选择了中国》),
sorti en 2005, est un autre documentaire qui retrace
l’histoire des prisonniers de guerre américains qui,
à la fin de la guerre de Corée, ont préféré rester
en Chine plutôt que de revenir chez eux, aux
Etats-Unis.
L’histoire de l’un d’eux, un Noir originaire du
Tennesse, Clarence Adams, a récemment fait la une de
la revue South China Morning Post quand sa fille
Della a été interviewée, en mai 2016 ; elle a
raconté les suites de la décision de son père et les
tribulations de la famille, en particulier quand ils
ont été obligés de fuir la Chine à cause de la
Révolution culturelle.
4. En 2007, Wang Shuibo a réalisé un court métrage
de fiction - Je souhaite que tu sois à mes côtés
(《希望你在我的身边》) - et, la même année, un documentaire
pour la télévision canadienne.
En 2008, il a participé à une exposition à l’espace
798 à Pékin, « L’esprit et la Révolution » (《禅与革命》).
5. En 2014,Wang Shuibo a réalisé un autre
documentaire dans le même genre que « Swing in
Beijing », consacré à la scène musicale rock et punk
de Wuhan : « Never Release My
Fist »
(《绝不松开我的拳头》).
Never Release my Fist
[1]
Pour des commentaires complémentaires sur le film,
voir : A
History of Pain : Trauma in Modern Chinese
Literature and Film,
Michael Berry, Columbia University
Press, 2008, p. 326.