par Brigitte Duzan, 21 janvier 2017, actualisé
3 avril 2024
Né en 1971 à Yangzhou (扬州),
dans le Jiangsu, Zhou Hongbo a réalisé une douzaine
de films, documentaires et fiction, depuis 1999. Il
est l’un des réalisateurs promus par le Centre de
recherche sur le cinéma mondial de l’Université
normale de Shanghai (上海师范大学世界电影研究中心)
qui a organisé une rétrospective de son œuvre en
janvier 2015 et a présenté son second long métrage
de fiction, « Winter Cicadas » (《冬蝉》),
au festival de Cannes en juin 2015.
Zhou Hongbo a commencé en 1996 ses études à
l’Institut du cinéma chinois de Pékin dont il est
sorti diplômé en 1999, après quoi il a aussitôt
commencé à travaille à la télévision de Shanghai.
Son film de fin d’étude, « A Fish Who Wants to
Fly » (《霜天晓角》),
a été sélectionné par le programme de la
Cinéfondation du 53ème festival de
Cannes, puis a été présenté au Festival des courts
métrages asiatiques de Pusan.
Zhou Hongbo
En
2002, il a réalisé un documentaire de 30 mn, « Gongs et
tambours de Jiangzhou » (《绛州锣鼓》).
Mais le film qui l’a fait connaître est « Lotus Ferry » (《董家渡》),
un documentaire de 60 mn sorti en 2006. Lotus Ferry est en
fait un petit quartier résidentiel très animé de Shanghai,
au sud du Bund, près d’un vieil embarcadère, appelé ainsi du
nom du ferry reliant le quartier au reste de la ville. Il y
a de
Lotus Ferry
vieux bâtiments d’usines, des vieilles églises, un
théâtre souterrain, des rues tortueuses et des
bâtiments historiques célèbres, ou du moins il y
avait, car depuis lors – et surtout depuis
l’Exposition universelle de 2010 – le quartier a en
grande partie été détruit dans la vague de
modernisation de Shanghai.
Le quartier de
Dongjiadu
La caméra s’arrête sur un vendeur de fruits, une
femme qui tient un petit salon de coiffure avec son
frère sourd, un vieil homme qui parle un excellent
anglais… Il n’y a pas de narration, les gens restent
anonymes, la caméra enregistre des tranches de vie
sans poser de questions. Mais plane
sur tout cela le sens du déclin, inéluctablement lié au
développement de la ville. C’est aujourd’hui un document sur
un monde qui n’est déjà plus.
En 2008, le documentaire « Le Mirage » (《天目》)
a été présenté en première internationale au
Festival des Cinémas d’Asie, à Vesoul. Zhou Hongbo
explore l’univers intérieur de Chen Shi, qui vit
seul, isolé, en pleine montagne. Sa femme l’a trompé
avec son beau-frère, et s’est suicidée, un an
auparavant. Alors Chen Shi a fui dans la montagne,
où il rencontre par hasard sa belle-sœur et son
beau-frère. Ils tentent de se pardonner, sans y
parvenir.
En 2013, le documentaire « White Ballet Skirt »
(《白舞裙》)
est un autre exercice sur les conflits entre
individus, et les conflits internes, le tout sur
fond de destin. Le documentaire filme une petite
fille de dix ans, de Chengdu, qui rêve de devenir
une ballerine. Comme ses parents n’ont pas les
moyens de lui payer des cours de danse, elle
s’entraîne dans la rue. Son histoire devient célèbre
et elle est invitée au festival de Brisbane pour
danser avec des professionnels. L’originalité du
film est de ne pas montrer les efforts de l’enfant
pour réaliser son rêve, mais plutôt le conflit entre
rêve et réalité.
Sorti en 2013, « Winter Cicadas » (《冬蝉》)
est son second long métrage de fiction. Il suit le
jeune réalisateur Chen Tuo qui rentre en Chine après
avoir étudié à l’étranger. Il part de Shanghai pour
se rendre dans un monastère éloigné dans les monts
Tianmu (天目山),
dans le Zhejiang, où vit sa mère après un dramatique
incendie qui a coûté la vie à son frère autiste ; il
avait été laissé seul, attaché, dans la maison
pendant que sa mère était allée travailler. La mère
se blâme de la mort de son fils aîné, et le second
la soupçonne de ne l’avoir élevé que pour s’occuper
de son frère.
C’est une étude de l’histoire intime de ces deux
personnages, leur difficulté à communiquer, sur fond
du rythme lancinant de chants bouddhistes.
The Mirage
Winter Cicadas
En
même temps, aussi, Zhou Hongbo a présenté un nouveau projet
au Asia Film Financing Forum du festival de Hong Kong, et
c’est un autre documentaire : « Departure » (《乡村入殓师》).
C’est le portrait d’un homme qui travaille dans une morgue,
où il est chargé de mettre les morts dans leurs cercueils.
Son travail devient une sorte de parcours spirituel.
Le
film a été inspiré à Zhou Hongbo par la rencontre avec un
employé des pompes funèbres, lors des funérailles de la
grand-mère de son épouse, dans le Jiangnan. Comme le rituel
était complexe, l’homme leur a expliqué ce qu’il fallait
qu’ils fassent, et ce qu’ils devaient dire pour prendre
congé de la défunte. Puis il l’a habillée avec tellement de
soins et d’attention que tout le monde en a été touché.
Departure, trailer
One and More 《一和多》
En juin 2016, un nouveau projet de Zhou Hongbo –
« The Youth in the Happy Street » - a été retenu
dans le cadre du « New Talent Project » au festival
international de cinéma de Shanghai.
En décembre 2023, son documentaire « One and More »
(《一和多》)
a été présenté au festival
« New Directors’ Showcase »
de Shanghai. Le documentaire suit une troupe de
musiciens qui parcourent les montagnes de la
préfecture autonome tibétaine de Yushu (玉树藏族自治州),
au sud-ouest de l’actuel Qinghai, pour recruter des
élèves dans les écoles afin de former un chœur
d’enfants. Le film rappelle des thèmes chers à
Pema Tseden,
et en particulier son film « The
Search » (《寻找智美更登》).
Certaines scènes, filmées dans l’encadrure d’une
porte, par exemple, semblent même être directement
inspirées par le style propre à Pema Tseden.
Filmographie
Principaux documentaires
1999 A
Fish Who Wants to Fly《霜天晓角》
(court
métrage)
2004
Gongs et tambours de Jiangzhou 《绛州锣鼓》
(court
métrage)