Zou Jing (邹静)
est une jeune réalisatrice chinoise née en février
1984 à Nanping (南平),
dans le Fujian, dont le premier court métrage,
« Lili Alone » (Duo Li《朵丽》),
était présenté à la 60ème Semaine de la
Critique du
festival de Cannes 2021et y a
obtenu le Prix Découverte Leitz Ciné du court
métrage, décerné cette année le 14 juillet.
Passionnée de littérature et de philosophie, Zou
Jing a fait des études littéraires et a commencé sa
carrière cinématographique en travaillant comme
réalisatrice et monteuse pour la chaîne de
télévision
Shanghai International.
Elle s’intéresse tout particulièrement
aux sujets d’actualité sur les problèmes sociaux en
Chine aujourd’hui ; son premier court métrage, dont
elle a également écrit le scénario, en est un
exemple représentatif.
Zou Jing (photo
Semaine de la critique)
Lili
est une jeune maman dont le mari, violent, est un joueur
invétéré. Vivant dans une région reculée du Sichuan, seule
et pauvre, elle décide de partir travailler en ville, dans
le Guangdong, afin de gagner de l’argent pour tenter de
sauver son père mourant. Cependant, son travail n’est pas ce
que l’on imagine : elle loue en fait ses « services » à une
de ces nouvelles sociétés clandestines chinoises qui
procurent des bébés à des couples dont la femme ne peut ou
ne veut avoir d’enfant.
Duo Li
On
retrouve ici le sujet du « Paradis » (《福地》)
de Sheng Keyi (盛可以)
[1].
Mais, si Sheng Keyi le traitait avec poésie et humour, Zou
Jing le traite, elle, de manière froide, réaliste et dénuée
de tout sentiment. C’est assez glacial, surtout quand on
pense que cette pratique se développe en Chine et, que dans
les villages reculés comme celui du film, les femmes y
recourent de plus en plus pour gagner de l’argent afin de
payer des soins médicaux à leurs parents ou des études à
leurs enfants, se faire construire une maison ou ouvrir un
commerce.