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Principaux prix cinématographiques décernés en Chine et à
Taiwan
par Brigitte
Duzan, 18
octobre 2011
En Chine continentale
1.
Les “Golden Rooster awards” (ou prix du Coq
d’or) :
金鸡奖
Jīnjī jiăng
Sponsorisé par l’Association du cinéma chinois pour
promouvoir la créativité et la recherche dans le
domaine cinématographique en Chine, ce prix est
considéré comme l’équivalent chinois des « Academy
Awards ». Il a été créé en 1981, ce qui lui
vaut son nom puisque cette année-là était l’année du
coq.
Les
lauréats, qui reçoivent une statuette représentant
le coq emblématique, sont sélectionnés par un jury
composé de réalisateurs, experts et historiens du
cinéma. La cérémonie annuelle décerne quinze
récompenses, dans quinze catégories différentes.
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Le Coq d’or |
2. Les
“Hundred Flowers awards” (ou prix des Cent fleurs) :
百花奖
Bǎihuā jiăng
Ce
prix a été lancé en 1962 ; cependant, après
la seconde cérémonie, il été interrompu pendant dix
sept ans, pour des raisons politiques, et en
particulier pour cause de Révolution culturelle. Il
comporte sept récompenses dans cinq catégories, le
prix du ‘meilleur film’ étant décerné à trois œuvres
différentes.
Sponsorisé par le magazine de cinéma populaire
Dàzhòng diànyǐng (大众电影),
il a pour caractéristique de représenter l’avis du
public, les lauréats étant sélectionnés par un panel
de spectateurs. On l’appelle donc parfois « le prix
des masses ». Depuis 2004, le prix est décerné tous
les deux ans.
En
1962, le premier prix est allé au film de Xie Jin (谢晋)
« Le détachement féminin rouge » (《红色娘子军》).
Depuis 1992, les deux cérémonies, du Coq d’or et
des Cent |
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La statuette des Cent
fleurs |
fleurs, sont
réunies en un festival unique devenu un événement
culturel national de première importance qui organise en
même temps des projections de films, chinois et étrangers,
des séminaires et des expositions ainsi que des échanges
culturels. Il se tient chaque fois dans des villes
différentes. Ainsi, en 2008, c’est la ville de Dalian, au
Liaoning, qui l’a accueilli.
A
noter :
Le nom de
« cent fleurs » évoque le slogan célèbre utilisé par Mao
Zedong pour lancer la campagne du même nom en 1956 :
百花齐放
Bǎihuā qífàng
百家争鸣
Bǎijiā zhēngmíng
que
cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent
entre elles.
Ces cent
écoles, elles-mêmes, font référence à une expression
beaucoup plus ancienne qui remonte à la période des Royaumes
combattants, période chaotique et violente, mais en même
temps période charnière pendant laquelle ont fleuri un grand
nombre d’écoles qui ont contribué, dans une grand
effervescence intellectuelle, à l’enrichissement de la
pensée chinoise. L’expression d’origine disait :
诸子百家
zhūzǐ bǎijiā 百家争鸣
bǎijiā zhēngmíng
tous
les maîtres, (ce sont) cent écoles, cent écoles qui
rivalisent entre elles.
3. Les
“Huabiao awards” :
华表奖
Huábiǎo jiăng
Le nom
de ce prix vient des piliers ornementaux gravés de
dragons et nuages entrelacés et surmontés de deux
ailes et d’un animal fabuleux accroupi ressemblant à
un lion qui décorent jardins, places et tombeaux en
Chine ; la statuette remise aux lauréats de ce prix
représente l’un des quatre huabiao de la place
Tian’anmen.
Les
« Huabiao awards » sont décernés par le ministère de
la culture chinois, c’est un prix gouvernemental. Il
a été créé en 1957, mais suspendu de 1958 à
1979, toujours pour raisons politiques. La cérémonie
de remise des récompenses se tient dans la capitale.
Il y a dix catégories de récompenses.
A noter :
L’origine des huabiao remonterait au souverain
mythique Yao (尧),
modèle du souverain éclairé, bienveillant et sage.
Il |
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La statuette des
Huabiao |
aurait fait
dresser sur les places de marché des poteaux de bois sur
lesquels le peuple était invité à venir inscrire ses
doléances et griefs envers ceux qui le gouvernaient. Les
poteaux sont restés, mais leur fonction a quelque peu
évolué au cours du temps : ils ont peu à peu servi de
panneaux de signalisation sur les routes, puis sont devenus
purement décoratifs.
Ceux de la
place Tian’anmen ont une symbolique spécifque. Ceux de
devant, dont les animaux au sommet sont tournés vers le sud,
symbolisent l’attente du retour de l’empereur de ses
tournées d’inspection ; ceux de derrière, dont les animaux
sont tournés vers le nord, c’est-à-dire vers le palais
impérial, étaient censés rappeler à l’empereur qu’il devait
sortir écouter les doléances du peuple.
Le prix
serait-il considéré comme un effet de la bienveillance du
gouvernement à l’égard de son petit peuple de cinéastes ?
A
Hong Kong
1. Les
“Hong Kong Film awards” (HKFA) :
香港電影金像獎/电影金像奖
Xiānggǎng diànyǐng jīnxiàng jiăng
Ce
prix a été créé en 1982 pour récompenser les
meilleures œuvres de l’industrie cinématographique
locale. Depuis 1993, les HKFA sont organisés par la
‘Hong Kong Film Awards Association Ltd’, dirigée par
un conseil constitué de représentants de treize
organisations professionnelles cinématographiques de
Hong Kong.
Les
films sélectionnés doivent durer au moins une heure
et répondre aux critères qui leur permettent d’être
qualifiés comme « films de Hong Kong », critères qui
portent sur le lieu de résidence du réalisateur
et/ou de l’équipe de production. Depuis 2002,
cependant, les HKFA ont créé une nouvelle catégorie
« Best Asian film » qui accepte les films distribués
à Hong Kong mais qui ne sont pas « de Hong Kong ».
Les récompenses sont décernées tous les ans en mars,
dans
dix-neuf catégories différentes, et
représentent l’équivalent des Oscars. |
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La statuette des HKFA |
A
noter :
Pour célébrer
le centenaire du cinéma chinois, lors de leur 24ème
cérémonie, le 27 mars 2005, les HKFA ont dévoilé une liste
des ‘Cent meilleurs films chinois’ (qui en comporte
en fait 103). La liste, élaborée par un jury de 101
réalisateurs, critiques et spécialistes du cinéma, compte 61
films de Hong Kong, 24 films de Chine continentale (dont 11
datant d’avant 1949), 16 de Taiwan et 2 co-productions
(HK-Chine continentale et HK-Taiwan). Le premier film de la
liste est celui de Fei Mu (费穆)
« Printemps dans une petite ville » (《小城之春》)…
Liste
des titres en chinois :
http://www.hkfaa.com/news/100films.html
Liste en
anglais :
http://www.monkeypeaches.com/050316A.html
2. Les
« Golden Bauhinia awards » :
金紫荆奖
jīnzǐjīng jiăng
C’est un prix
un peu moins connu, organisé par la ‘Hong Kong Film Critics
Association’, qui date de 1996.
A
Taiwan
Les
“Golden Horse Awards” :
金馬獎
/金马奖
jīnmǎ jiǎng
Ce
prix fait partie d’un festival annuel, le Golden
Horse film festival de Taipei (臺北金馬影展
Táiběi jīnmǎ yǐngzhǎn). Il est né en 1959,
lorsque l’assemblée taiwanaise a voté une loi visant
à instaurer un système de prix cinématographiques
pour promouvoir l’industrie locale. La compétition a
été officiellement lancée en 1962 et un
programme international a été ajouté en 1980.
C’est
en 1990 que la Fondation pour le développement du
cinéma, organisme gouvernemental, a été créé le
festival, et plus spécifiquement son Comité
exécutif, dont l’une des missions est donc
l’organisation de la compétition. Les films
éligibles sont a priori tous ceux réalisés en langue
chinoise, mais ce n’est que depuis 1996 que la
sélection a été étendue aux films ou artistes de
Chine continentale. |
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Le Golden Horse |
A noter :
Le nom
de ‘Golden Horse’ a été choisi pour des raisons
géopolitiques qui n’ont pas grand chose à voir avec
le cinéma. Il vient des premiers caractères de ce
que les
Anglo-Saxons appellent les îles Kinmen et
Matsu, et les Français Quemoy et Mazu (金門/金门
Jīnmén et
馬祖/马祖
Mǎzǔ). Ces îles, situées sur la côte du
Fujian, dépendent juridiquement de la République de
Chine, autrement dit Taiwan, bien qu’elles soient
revendiquées par la République populaire. A
l’époque, en pleine guerre froide, tout était bon
pour « contre-attaquer la Chine continentale et les
communistes » (“反攻大陆”
fǎngōng dàlù),
Le nom
trompeur de ‘Golden Horse’ est une survivance d’une
période de crise, dont il est bon de rappeler
l’origine car on a aujourd’hui tendance à l’oublier.
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L’affiche du festival
du Golden Horse |
A ces
principaux prix on peut rattacher deux manifestations
importantes :
Le festival
international du film étudiant de Pékin
Il est
organisé par l’Académie du film de Pékin, dans le but de
fournir aux étudiants et au corps enseignant un forum de
rencontres, d’étude et d’échanges dans le domaine du cinéma,
de la vidéo et de la télévision, afin d’encourager la
création.
Il comporte
divers prix, dont un est décerné au meilleur film étudiant
chinois.
Le
festival international du film de Shanghai
Créé
en 1993, sous les auspices de l’Administration
d’Etat de la radio, du film et de la télévision et
de la municipalité de Shanghai, ce festival est
organisé par l’administration municipale de Shanghai
en matière de culture, radio, film et télévision,
ainsi que par le groupe Shanghai Media &
Entertainment.
Le
festival distingue chaque année un certain nombre de
films chnois, en décernant deux séries de prix :
- les
« New talent awards », avec un prix du jury, et
- les
« Jinjue awards » :“金爵奖”
jīnjué jiǎng
Explication de ce nom étrange sur le site du
festival : “爵”为中国古代盛酒的器具,其造型优美别致、…象征古老的东方民族传统文化。
Le
"jué" est un ancien vase qui était destiné à
contenir du vin [avec trois pieds et une anse comme
l’indique le caractère sur bronze qui le désignait
:
]
…D’une grande beauté, il symbolise la culture
traditionnelle des anciens peuples orientaux. |
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Le Jinjue jiang |
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