|
Sortie
réussie en Chine de « Tiny Times », adapté de son
best-seller par Guo Jingming lui-même
par Brigitte
Duzan, 2 juillet 2013
Guo
Jingming (郭敬明)
est un jeune écrivain à succès, un phénomène
d’édition, une idole des jeunes qui se précipitent
à chacune de ses séances de signature, à la sortie
d’un de ses nouveaux livres. Il a parfaitement ciblé
son marché : les jeunes urbains de la Chine
d’aujourd’hui, enfants uniques choyés et tapageurs,
qui vivent à cent à l’heure et se retrouvent dans
les personnages de ses romans.
Ils vont
pouvoir maintenant s’assimiler à ceux de ses films
car il a décidé d’adapter |
|
Guo Jingming en
tournage |
lui-même ses
best-sellers, en commençant par son succès de librairie de
2008 : « Tiny Times » (《小时代》),
en fait trois volumes dont il ne reste plus qu’à attendre
l’adaptation des deux autres.
Guo Jingming est
sûr de lui : il a 19,7 millions de fans qui le suivent sur
weibo (équivalent chinois de twitter) et son film a fait
salle comble quand il a été présenté au festival de
Shanghai, en juin – comble en majeure partie de jeunes
adolescentes venues pour voir leur star.
Les quatre actrices de
Tiny Times |
|
L’histoire
est sans doute un peu la leur : celle de quatre
jeunes étudiantes sur le difficile chemin de l’âge
adulte, avec les inévitables peines de cœur, amitiés
et trahisons de cette période ingrate, mais,
finalement, après examens et interviews d’embauche
conclusifs, la réussite au bout du tunnel : le rêve
de chaque lectrice, chaque spectatrice.
Le film de
Guo Jingming, comme ses livres, est situé dans la
Shanghai super-moderne qui est aussi la sienne,
celle, hyper clean |
et classe, des
gratte-ciel et des malls géants, où la seule chose à faire
est de consommer (des produits de luxe), en essayant de
profiter de la vie au maximum, ce qu’il déclare être aussi
son but premier et ultime dans la vie.
Guo
Jingming surfe sur les statistiques qui montrent que
l’âge moyen du spectateur chinois a baissé de
25,7 ans en 2009 à 21,2 en 2012. Ce public veut
des choses légères, distrayantes et optimistes, à
éventuellement consommer en groupe, lors de sorties
joyeuses entre copains. Ce phénomène sous-tend la
tendance actuelle à la vacuité du cinéma chinois,
vacuité camouflée sous de superbes images, dignes de
catalogues de mode ou de clips publicitaires.
Beijing
Forbidden City a acquis les droits de
|
|
Guo Jingming en
répétition avec deux de ses actrices |
« Tiny Times » en
2010, mais Guo Jingming ne se sentait pas encore mûr pour
l’adapter. Les statistiques lui ont montré qu’il avait son
marché, et il s’est lancé, avec une promotion adaptée, en
grande partie à travers les réseaux sociaux, en direction du
public étudiant.
Le résultat est
probant : « Tiny Times » a tout de suite détrôné « Man of
Steel »… le blockbuster à l’américaine n’est sans doute plus
le modèle gagnant, aujourd’hui, sur le marché
cinématographique chinois. Les recettes de « Tiny Times » se
sont envolées alors que les critiques devenaient de plus en
plus négatives (2) : la note du film oscille entre 3,5 et 5
sur 10 sur les sites spécialisés comme mtime et
douban… ce qui laisse profondément perplexe quant à
l’avenir du cinéma chinois.
Notes
(1) Sur Guo
Jingming, voir :
www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_GuoJingming.htm
(2) Le film est
généralement qualifié de « film pourri »
(烂片),
« blingbling » (炫富)...
|
|