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« Sha’ou », premier film de Zhang Nuanxin : renouveau stylistique du cinéma chinois

par Brigitte Duzan, 29 janvier 2013 

 

« Sha’ou », ou « The Drive to Win » (《沙鸥》), est le premier film qu’a pu réaliser Zhang Nuanxin (张暖忻), après l’inaction forcée imposée par la Révolution culturelle. Sorti en 1981, le film est le résultat de vingt ans d’études et de réflexion, et l’application directe des recherches théoriques menées avec son époux Li Tuo, avec lequel elle signa en 1979 un article célèbre appelant à la modernisation du langage cinématographique en Chine.  

 

« Sha’ou » est un film complexe qui met en résonance les sentiments

 

Affiche

et la situation du personnage principal avec ceux de la réalisatrice, pour évoquer le sacrifice d’une génération, mais aussi sa renaissance.

 

Une fois le film terminé, après une dizaine de mois de travail, dont trois mois et demi pour la préparation, quatre mois pour le tournage et deux mois pour la postproduction, Zhang Nuanxin a elle-même écrit un texte intitulé « Comment nous avons tourné "Sha’ou" » (我们怎样拍《沙鸥》) qui permet de comprendre en profondeur l’esprit dans lequel le film a été conçu et la manière dont il a été construit.  

 

 

Zhang Nuanxin et son film

 

 

Elle explique comment le film est en fait le résultat de vingt ans de travaux théoriques, et comment Li Tuo et elle l’ont conçu comme un moyen de tenter de rattraper un peu le retard accumulé par rapport au cinéma mondial pendant les années de fermeture du pays :

 

七十年代西方影坛上不断出现的电影艺术新人..。他们努力使电影摆脱商业化的束缚,致力于电影艺术的探索与创新,正在为世界电影的发展做出自己的贡献。我国电影界从“四人帮”倒台以来涌现出的不少中青年导演,也体现了这样一种趋势。就我自己的实际体验,我深深觉得二十多年的漫长的学习、积累与思考的阶段决不是没有益处的。它使我在第一次投入创作的时候,感到理论上的准备比较充实,因而艺术上追求的目标比较明确,探索比较有自觉性。我觉得这样的一次实践就比盲目上阵收获要来的大一些。今天回顾这部影片的拍摄情况,当然深感自己还是稚拙得很,但也多少体会到了一些东西。..

Dans les années 1970, de nouveaux artistes sont apparus dans les cercles cinématographiques occidentaux, [ …] Ils ont travaillé énergiquement à libérer le cinéma des entraves au marché, et à développer la recherche et l’innovation en matière d’art cinématographique, contribuant ainsi à l’essor du cinéma mondial. Dans notre pays, après la chute de la Bande des Quatre, on a vu émerger un certain nombre de réalisateurs jeunes et d’âge mûr qui ont pris cette orientation, dont moi. Pour ce qui me concerne, je pense profondément que mon expérience de vingt ans d’études et de réflexion cumulées n’est pas sans intérêt. Cela m’a permis, quand je me suis plongée dans la création pour la première fois, de sentir que j’étais bien préparée sur le plan théorique, que j’avais en outre une idée relativement claire des objectifs artistiques que je recherchais, et des expériences que je voulais faire. Je pense qu’il est bien plus bénéfique de procéder ainsi plutôt que de partir en campagne en aveugle. En jetant un regard rétrospectif sur le tournage de ce film, je trouve bien sûr que cela a un côté naïf et simpliste, mais cela a aussi permis de comprendre bien des choses. …

 

在这次的创作实践中,我们的目标之一,就是要用自己的电影作品来进一步证明,我们必须重视和研究二十年来世界电影的飞速变化,在我们的电影艺术历来一番变革,从固步自封、闭关锁国的保守状态中解放出来、使中国电影适应和赶上世界电影前进的步伐。

Lors de la réalisation de cette première œuvre, notre premier objectif a été d’utiliser ce film pour marquer un progrès dans l’histoire de notre cinéma national en nous replaçant dans le contexte de vingt ans de changements rapides du cinéma mondial, c’est-à-dire sortir de l’enlisement et de l’enfermement pour nous permettre de rattraper les avancées faites ailleurs.

 

« Sha’ou » ou le cinéma des cicatrices

 

Le scénario

 

Dans ses écrits, Zhang Nuanxin est très souvent revenue sur la génération sacrifiée qui a été la sienne. A travers l’histoire de Sha’ou (沙鸥), jeune sportive obligée pour des raisons de santé à renoncer à la compétition à laquelle elle a passé des années à se préparer, Zhang Nuanxin évoque le sort des jeunes qui, comme elles, ont été forcés de suspendre leur carrière, mais, eux, pour des raisons politiques.

 

Par ce parallèle implicite entre la jeune sportive et les jeunes intellectuels de la génération de la

réalisatrice, le film acquiert une profonde charge émotive qui lui donne une grande chaleur humaine. Qui plus est, l’évocation est même plus qu’implicite car Zhang Nuanxin s’est elle-même mise en scène en interprétant le rôle d’une entraîneuse très dure, dont on explique qu’elle est ainsi car elle avait atteint un excellent niveau et pouvait espérer devenir championne nationale lorsque les championnats ont été supprimés, au début de la Révolution culturelle, ruinant d’un coup sa carrière. 

 

Le film prend toute sa signification dans cette référence constante au sacrifice de la génération précédente : l’acharnement avec lequel Sha’ou lutte pour continuer l’entraînement en dépit du risque que cela lui fait courir de rester paralysée se comprend ainsi, de même que le désastre personnel que représente pour elle sa seconde place au championnat, car c’est le dernier auquel elle pourra participer. Sur Sha’ou pèse la menace constante d’une vie brisée dont la signification est démultipliée par la référence à l’expérience passée.

 

En ce sens, « Sha’ou » est l’équivalent au cinéma de la littérature « des cicatrices » (1) ; les blessures ne sont qu’évoquées, elles n’en sont pas moins profondes.

 

Un film voulant donner un sentiment de modernité

 

Zhang Nuanxin et Li Tuo se sont concentrés en priorité sur l’aspect esthétique du film :

 

对于新的电影美学观念的探索,在创作之处我就想得比较多,比较明确。那就是我们一定要拍出一部具有强烈的现代感的影片来。这种现代感,绝不是有些人简单地理解的“快速、慢速、停格、闪回”等技巧的花哨的堆砌,而是要从“骨子里”是这部影片成为一部八十年代的影片。

J’avais beaucoup réfléchi, dans l’abstrait, à l’aspect esthétique des films, j’en avais une idée assez claire. Donc, quand nous avons commencé le tournage, je voulais donner un sentiment très fort de modernité qui ne se réduise pas à une accumulation de concepts simples et superficiels - rapidité, rythme lent, arrêts sur image, flash back, mais qui représente une création moderne des années 1980, et une création faite « avec les tripes ».

 

L’inspiration vient en premier lieu des réalisateurs français de la Nouvelle Vague, et de leurs personnages naturels, de chair et d’os. Et elle cite des notes qu’elle a griffonnées dans le passé :

“在这些影片里,最重要的东西既不是情节,也不是影片想要表现的内容,而是影片怎样表现和由谁来表现。这些影片的现代性,正是通过风格和气质而表现出来的,并且正是由于这二者,才使他们与老一代的影片有了天壤之别。

"dans tous ces films, ce n’est pas l’intrigue le plus important, ni le contenu que l’on veut exprimer ; l’important, c’est le mode d’expression et la personne qui s’exprime. La modernité de ces films, elle tient, justement, au style et au mode d’expression, c’est cela précisément qui fait toute la différence entre ces films et ceux de la génération précédente." 

 

C’est justement le lien entre les différents niveaux d’expression dans le film qui donne le sentiment de modernité recherché :

在《沙鸥》的创作过程中,这些观点已经变成了一种潜意识在起作用。例如我们在影片中塑造的沙鸥这个任务,就是力图表现一个活生生的普通人,她是一个有抱负但屡遭不幸,最后也没有成功的小人物。她概括了我国三十年来几代人的共同经历。他们有抱负、有理想,十年浩劫使他们断送了许多美好的东西,然而,在四化建设中他们带着身心的累累创伤,仍然在奋发努力,寄希望于未来。这也正是我们自己的亲身经历。因而,它可以激励和我们有共同遭遇的前后几代人。在表现这个人物的时候,我们努力排除虚构的情节,力图创造一种生活在自然流动中的真实感觉。在通过这个人物表述我们对生活的看法,表述一些哲理性的思考的时候,不让影片带有教训人、指导人的面孔。我们在艺术上虽有许多设想,但是却要求把这些设想隐藏在貌似平常的外表下,让观众看不出精心构思的痕迹,使影片自然流畅,成为一种创作者个人气质的流露和感情的抒发。而正因为我们这些创作者的风格和气质是和当代人的感情合拍的,所以在艺术的表露上愈是自然、质朴、真实,就愈会使影片在风格和气质上具有现代感。

Au moment de la réalisation de « Sha’ou », tous ces concepts ont exercé une sorte d’influence subconsciente. Ainsi, pour le personnage de Sha’ou, nous nous sommes efforcés de créer un personnage ordinaire vivant ; c’est quelqu’un qui a une ambition, mais qui a constamment des revers de fortune, et qui finalement échoue. Elle résume l’expérience commune de ceux qui ont vécu en Chine ces trente dernières années, ils avaient des ambitions et des idéaux, mais ont dû renoncer à beaucoup de projets superbes à cause de dix années calamiteuses dont ils sont sortis avec de nombreuses blessures, mais pleins d’ardeur et d’espoir dans la construction des Quatre Modernisations. Sha’ou, c’est notre expérience personnelle. Pour représenter l’époque, nous nous sommes efforcés d’éviter toute intrigue trop fictionnelle, pour tenter de donner un sentiment de réalité et de naturel. A travers ce personnage, nous avons cherché à exprimer nos points de vue sur la vie, notre réflexion philosophique sur le sujet, mais, ce faisant, nous n’avons pas voulu donner de leçons morales. Nous avons eu recours à des procédés artistiques qui sont cachés sous l’apparence superficielle du film, pour donner au spectateur non pas des clichés, mais des images d’une grande fluidité qui expriment les sentiments personnels de l’auteur et son caractère propre. Mais, comme ces sentiments et ce caractère sont liés à ceux de l’époque, cela donne au film encore plus de naturel, de simplicité, d’authenticité, et lui confère donc une forme d’autant plus moderne. 

 

为了实现这些艺术观点,我们在具体的艺术处理上也相应地做了一些探索。比如对长镜头和场面调度的运用,在摄影技术与技巧上的革新尝试,以及全部运用实景拍摄和模拟自然光效的照明处理,对于自然音响的运用等等,在总的电影美学观点的指导下,都在不同程度上进行了一些新的试验。当然,这些试验有些取得了成效,也有些带有明显的欠缺。但是总的来讲,这些尝试和探索使我们的影片多少带有一些新意,使它与大家习见的老面孔有了一点区别。这对于我们就是一个很大的慰籍。而且也使我们增强了沿着这条道路继续前进的信念。

Pour concrétiser ces conceptions artistiques, nous avons fait les recherches pratiques correspondantes – par exemple sur l’utilisation du plan-séquence et l’agencement des scènes, sur l’innovation en matière de technique et technologie de la photographie, sur le tournage en décors naturels et les effets d’éclairage naturel, sur l’utilisation du son naturel, etc… Nous avons fait des expériences dans beaucoup de domaines ; elles n’ont bien sûr pas toutes été concluantes, mais, dans l’ensemble, ont apporté beaucoup d’innovations à notre film, et en ont fait une œuvre totalement différente de ce qu’on est habitué à voir. C’est pour nous un immense réconfort, et nous a en outre renforcé dans la conviction qu’il faut poursuivre dans cette voie novatrice.        

 

Un film construit à partir de l’image et non de la narration

 

Cette histoire dramatique n’est donc pas construite selon une ligne narrative traditionnelle. Au début de leur article sur la modernisation du langage cinématographique, Zhang Nuanxin et Li Tuo ont repris la critique de l’influence démesurée exercée en Chine par le théâtre sur le cinéma qui avait fait l’objet d’un premier article au début de 1979.

 

电影就是电影。正如黑泽明在《电影杂谈》里引述一个孩子的话:“我的狗象熊,也象狸,也象狐……但是,既然是狗,那当然还是最像狗。”我们谈论电影,说它象戏剧,像文学,象诗,……但是,电影就是电影。

Le cinéma est le cinéma. Mais cela rappelle ces paroles d’enfant rapportées par Hei Zeming dans un article paru dans la revue Conversations sur le cinéma : « Mon chien ressemble à un ours, il ressemble aussi à un raton laveur, et à un renard … mais c’est un chien, donc bien

 

Sha’ou

sûr il ressemble surtout à un chien. » Quand nous parlons de cinéma, nous disons que cela ressemble au théâtre, que cela ressemble à la littérature, à la poésie… mais le cinéma est le cinéma.  

 

Scène introductive

 

Pour construire leur film, ils s’éloignent d’une construction basée sur une structure narrative linéaire, avec une intrigue traditionnelle fondée sur un nœud conflictuel à résoudre à la fin. Zhang Nuanxin explique qu’ils n’avaient pas une idée précise de l’histoire quand ils ont commencé à écrire le scénario. Ils sont en fait partis de l’image du début, puis de celle de ce qui est devenu le point culminant du film.

 

L’entraînement (Zhang Nuanxin et Sha’ou)

 

La séquence introductive est l’image de face d’un groupe de jeunes filles en tenue de sport de couleur vive, avançant de façon naturellement dynamique vers la caméra, sur un fond abstrait mais dans un pré aux herbes folles, accompagnées d’un thème musical moderne, très dynamique aussi. Un rythme vif et enlevé est ainsi donné dès le début. Cette introduction est vite suivie d’une séquence dans le gymnase où les sportives sont venues s’entraîner et où un médecin va bientôt

apporter les résultats des analyses médicales de Sha’ou. Tout ce début va très vite.

 

Scène introductive

 

Point culminant

 

Sha’ou accumule les déconvenues puisqu’elle ne gagne pas le championnat, mais, en outre, son fiancé est emporté par une avalanche. Il ne lui reste qu’une vie en miettes, marquée par l’échec. C’est là que Zhang Nuanxin et Li Tuo ont placé le point culminant du film, qui n’est pas l’avalanche meurtrière, mais une séquence beaucoup plus subtile qui traduit les sentiments de Sha’ou :

 

影片发展到沙鸥比赛失败,沈大威又不幸牺牲,这是全片的高潮部分。我们设想在此处必须有一个情绪的、节奏的、视觉的高潮。它不是和戏剧高潮等同意义的东西。从人物的内在感情上,到镜头的处理上,音乐的烘托上,以至视觉的感受上,共同推向高潮,这也就是电影的高潮,是充分体现电影美感的东西,而不是任何其他。目标虽然提出,但途径还待找寻。经过几番变动,最后才找到了现在的方案,就是圆明园废墟一场戏。

Le point culminant est atteint avec l’échec de Sha’ou en compétition et le sacrifice malheureux de Shen Dawei. Nous avons pensé qu’il fallait à ce moment-là donner la sensation de ce point culminant à travers à la fois les émotions, le rythme et les éléments visuels, ce qui est donc complètement différent de l’apogée d’une pièce de théâtre. Les sentiments intimes du personnage, l’ordonnancement des plans, le fond musical, l’impression visuelle, tout concourt à la création de ce sommet de l’œuvre, sommet cinématographique réalisé avec des moyens propres au cinéma et à lui seul. Il a fallu plusieurs changements avant d’arriver au résultat final, c’est-à-dire la scène dans les ruines du Yuanmingyuan.      

 

这场戏的核,是早在文学剧本尚未成型之前就已找到了的。那是在1978年初夏北京举办日本画家东山魁夷画展,在那里我见到他几幅小画,画的是我国西部戈壁沙漠上的古城废址的风景。画面的下半部是在大沙漠中遗存的一片古老城垣的废墟,而在这废墟的天空中有几个若隐若现,虚无缥缈的佛像的身影。这幅画的题目叫做《废墟的幻想》(A,B,C)。虽然只是几幅小画,但意境十分深邃。我从这几幅小画受到一种朦胧的启发,突然想到,在《沙鸥》影片里,应该有这样一场核心的戏,就是在沙鸥遭受巨大的挫折后,来到天坛,站在圜丘洁白的石坪上,面对着空阔的天地,浮想联翩,面对着古老民族的文明,产生一种精神的升华。当时,《沙鸥》的剧本还处在刚刚有了朦胧的立意和一个主人公形象,其他还都一无所有的情况下,但在我们脑子里对于这一场全片的情绪和视觉高潮已经有了电影视像。这种视像当然远不是完整的镜头组接和画面构成,但是对这场戏的总意境、情调、风格、韵味都已经有了很具体的意念。

Nous avions déjà trouvé l’idée générale de cette scène lors de la rédaction du scénario. C’était au début de l’été 1978, à l’occasion de l’exposition à Pékin du peintre japonais Higashiyama Kaii. Il y avait quelques peintures représentant les ruines d’une vieille ville à l’ouest du désert de Gobi. Dans la partie inférieure apparaissait des pans d’une vieille muraille, et, dans l’espace de ces ruines, on pouvait distinguer des ombres indistinctes, comme des fantasmes nés du désert. Cette série de tableaux est intitulée « Fantasmes dans les ruines, A,B,C ». Bien que les tableaux ne soient pas nombreux, il s’en dégage une impression très profonde. C’est alors que j’ai eu soudain l’idée encore très vague de ce que devait être le cœur de cette scène de « Sha’ou », juste après que Sha’ou ait reçu ce coup terrible du destin ; elle arrive au temple du Ciel, et debout sur le promontoire de pierres blanches, face à l’immensité de la terre, plongée dans ses pensées, confrontée aux ruines de la civilisation ancestrale, elle atteint une sorte d’élévation spirituelle. Le scénario ne comportait encore que quelques idées diffuses et l’esquisse du personnage principal, mais nous avions déjà là une conception très claire de ce que devait être cette scène décisive du film. Il restait à en définir les détails de réalisation, mais nous avions trouvé la conception d’ensemble et le style, ainsi que l’émotion et le charme subtils que nous voulions exprimer.

 

Il y a une forte corrélation entre la note de désolation donnée par les ruines et les sentiments intérieurs de Sha’ou, et, de là, elle réalise un rebond spirituel dont la force est puisée dans l’esprit national représenté par le lieu. Il y a symbiose entre les personnages réels et ceux à l’écran, qui se traduit par une représentation emblématique d’une génération, transmise non directement par l’image mais par le sentiment évoqué par celle-ci.

 

Scènes conclusives

 

La scène du Yuanmingyuan

 

L’image finale reprend ensuite l’image du début, mais avec une légère variation.

在谈到影片的结尾。沙鸥坐在轮椅上淌着泪,影片旁白:“假如人真能转世,假如我还能从头再生活一次,那么,我还要当运动员,我还要打球,我还要争当世界冠军。”这时,草地上一群女排姑娘们又向我们走来。一切似乎都从头开始了。但是一切都又不同了。音乐的节奏变得舒缓、深沉,姑娘们似乎更加年轻、欢快。影调却有些模糊朦胧。生活在前进,生活在重新开始。是老一代的再生,也是新一代的出现……这个镜头和开端的镜头紧紧呼应,风格上同样潇洒,内涵却要深远得多。影片就在观众各种各样的联想中结束了。

Quant à la conclusion : assise dans sa chaise roulante, Sha’ou verse des larmes. Mais sa voix nous parvient en voice over : « s’il y a vraiment une réincarnation, si l’on peut repartir du début, je voudrais encore être une sportive, une joueuse de volley, et participer au championnat international. » A ce moment-là, un groupe de jeunes filles passe sur le terrain en se dirigeant vers nous. On a l’impression que le début du film recommence, mais ce n’est pas pareil. La musique est plus douce, plus profonde, les filles sont plus jeunes, plus joyeuses. Mais l’image est un peu floue. La vie continue en recommençant à nouveau. Il y a à la fois renaissance de l’ancienne génération, et apparition d’une nouvelle… Les scènes se répondent, le style reste naturel et sans affectation, mas le message est profond ; le dénouement appelle toutes sortes de réactions des spectateurs.

 

Un accueil  ému du public

 

Zhang Ruikun

 

Lors du second festival du Coq d’or, le film a remporté le prix du meilleur son, récompensant la directrice du son Zhang Ruikun (张瑞坤), ainsi qu’un prix spécial pour la réalisatrice. Mais il a obtenu un accueil bien plus chaleureux encore de la part du public.

 

En effet, 1981 est l’année de la grande victoire de l’équipe féminine chinoise de volleyball au championnat mondial. C’était le premier grand événement sportif chinois depuis la mort de Mao, et le premier championnat mondial auquel participait la Chine dans une discipline olympique (le ping-pong  n’en étant pas encore une). Le tournoi eut lieu au Japon, que la finale opposa à la Chine. Quand la nouvelle fut diffusée, ce fut une célébration populaire, les gens se répandirent dans les rues en pleurant et en faisant exploser des pétards.

 

Dans son livre “Spaces of their own: women's public sphere in transnational China”, Yang Meihui décrit l’enthousiasme suscité dans le public par la victoire : envoi de badges, de cadeaux, et de plus de 3 000 lettres aux membres de l’équipe, dont le tiers à la vedette, Lan Ping, tandis que des milliers d’autres étaient envoyées aux journaux et aux départements sport de la télévision et de la radio. Mais des sacs entiers en furent détruits : écrites avec le sang de l’auteur, forme traditionnelle exprimant une profonde émotion, elles furent considérées comme potentiellement dangereuses.

 

Le thème général de celles sélectionnées pour publication était la victoire individuelle, obtenue à force de souffrance et d’abnégation, aboutissant à la victoire collective et la transcendant pour rejaillir sur la nation entière et laver toutes les humiliations subies, ce à un moment où le pays se relevait juste des traumatismes de la Révolution culturelle. Yang Meihui  cite une lettre d’un instituteur du Hunan au Journal du sport (体育报) : « … le peuple chinois a besoin de la douce rosée de la victoire pour humecter son âme meurtrie… » (2)

 

« Sha’ou » a participé de cette douce rosée…

 

 

Notes

(1) Sur ce mouvement littéraire qui s’est développé à partir de 1979, voir :

www.chinese-shortstories.com/Reperes_historiques_La_litterature_chinoise_au_vingtieme_siecle_80_2a.htm

(2)   Spaces of their own: women's public sphere in transnational China, par Mayfair Meihui Yang, University of Minnesota Press, 1999, p. 213.

 

 

 

 

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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