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Feng Xiaoning
冯小宁
Né en 1954
Présentation
par Brigitte
Duzan, 11 mai 2012
Né en
1954, Feng Xiaoning (冯小宁)
fait partie de ces réalisateurs chinois entrés à
l’Académie du cinéma de Pékin aussitôt après la
Révolution culturelle, en 1978. Il en est donc
sorti, en 1982, en même temps que les grands
cinéastes de la cinquième génération, dont Zhang
Yimou. Comme lui, Feng Xiaoning a d’abord étudié la
photographie, optant pour la direction seulement une
fois ses études terminées. Mais le parallèle
s’arrête là.
Un réalisateur atypique de la promotion 1982
Fils de
« droitier », Feng Xiaoning est un rescapé qui a
vécu des heures sombres.
Spécialiste de raffinage pétrolier à l’Institut du
pétrole de Pékin, son père a été accusé de
« droitisme » en 1957 ; en |
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Feng
Xiaoning |
1967, au début de
la Révolution culturelle, il a été à nouveau persécuté, et
finalement tué, à l’âge de 44 ans.
A l’âge de
15 ans, Feng Xiaoning était fondeur dans une usine
de maintenance dépendant du complexe pétrochimique
où travaillait son père. Pendant toute la Révolution
culturelle, comme tant d’autres, il n’a pu étudier,
les cursus étant suspendus. Ce n’est qu’en 1978
qu’il a pu enfin intégrer l’Académie du cinéma de
Pékin. Mais il semble qu’il n’a jamais pu se libérer
totalement de schémas de pensée hérités d’une
période où l’idéologie était reine.
Deux trilogies qui se veulent édifiantes
Trilogie
de la guerre
« La
vallée de la rivière rouge »
(《红河谷》)
est
le premier film d’une « trilogie de la guerre » qui
présente peu ou prou les mêmes caractéristiques : ce
sont des films qui se veulent édifiants mais restent
un peu primaires. |
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La vallée de la
rivière rouge |
“Lovers’s
grief over the Yellow River” (《黄河绝恋》),
et “Purple Sunset” (《紫日》),
sortis respectivement en 1999 et 2001, sont deux
films sur la guerre sino-japonaise. Le premier conte
l’histoire d’un pilote américain qui, après s’être
écrasé derrière les lignes ennemies, est découvert
par un groupe de partisans chinois qui le soignent.
L’Américain finit par tomber amoureux d’une farouche
combattante et les deux luttent finalement ensemble
contre les troupes japonaises.
“Purple
Sunset” , pour sa part, raconte les péripéties
d’un paysan chinois du Hebei laissé pour mort par
les Japonais lors d’une exécution collective d’une
poche de résistance chinoise, et sauvé par un soldat
russe ; au cours de leur escapade en commun, ils
rencontrent une Japonaise qui se joint à eux, et les
trois finissent par se lier d’amitié.
Ces deux
œuvres sont des films à thèse dénonçant d’une
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Lovers’s grief over
the Yellow River |
part les atrocités
commises en Chine par le Japon, d’autre part louant l’amitié
entre les peuples. Feng Xiaoning a déclaré se sentir une
responsabilité dans la préservation de la mémoire
collective, déplorant en particulier le manque de
patriotisme de la jeunesse chinoise actuelle. On est là dans
la tradition chinoise de littérature édifiante à destination
du peuple. La démonstration est cependant tellement appuyée
que l’on peut douter qu’elle ait aujourd’hui les résultats
escomptés.
Trilogie de
l’environnement
Feng
Xiaoning a depuis 2001 abandonné les thèmes
guerriers pour se tourner vers l’environnement, qui
avait déjà été le sujet de son premier film, et
tourner une nouvelle trilogie sur le thème à la mode
de l’harmonie de l’homme avec la nature. C’est l’un
des thèmes les plus profonds de la pensée chinoise ;
malheureusement, il les aborde le même esprit
démonstratif primaire.
En 2001, “Gada
Meilin”
《嘎达梅林》contait
l’histoire d’un chef tribal mongol qui se battit
dans les années 1930 pour préserver les terres du
clan, luttant non seulement contre l’injustice, mais
aussi contre la désertification : Gada Meilin est un
véritable héros mongol, quasi mythique.
En 2007, “A
Railway in the Cloud”
《青藏线》retraçait
l’épopée de la construction de la ligne de chemin de
fer Goldmud-Lhassa, et les sacrifices humains
qu’elle a |
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A Railway in the Cloud |
demandés ;
le scénario a rajouté une histoire d’amour sacrifié
dans une tourmente de neige qui en fait un mélo
larmoyant.
Enfin, en
octobre 2008, est sorti « Super Typhon »
《超强台风》,
salué comme le film-catastrophe chinois, basé sur
les événements réels qui se sont produits il y a
deux ans, lorsque le typhon Saomai a frappé la
province du Jiangsu. Feng Xiaoning a voulu émettre
comme un avertissement à ses compatriotes : « Le
peuple chinois, comme beaucoup d’autres dans le
monde, a connu des désastres sans précédent ces
dernières années. Ce film est destiné à le
prévenir : ce sont nos activités qui causent ces
tragédies. Si nous n’arrêtons pas tout de suite,
nous aurons à faire face à une ère de désastres. »
Utilisant
à la fois images d’archives et effets spéciaux, le
film n’est pas à la hauteur de ces intentions. |
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Super Typhon |
Bande annonce « Super Typhon »
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