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Hao Jie
郝杰
Né en 1981
Présentation
par Brigitte
Duzan, 31 mars 2012, actualisé 20 novembre 2015
Hao Jie est
né en 1981 dans le village de Gujiagou (顾家沟村),
dans un district de la ville-préfecture de
Zhangjiakou (张家口),
dans le Hebei.
En 2005, il
sort de l’Institut du cinéma de Pékin et commence à
travailler pour la télévision du Guangdong.
2010 :
Single Man
En 2008, il
écrit le scénario de son premier
film,
inspiré de l’histoire de célibataires d’un
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Hao Jie |
village de sa
région natale, près de Zhangjiakou. C’est à la fois
réaliste, plein d’humour et d’un style extrêmement original.
Simple Man |
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La
production tient ensuite du conte de fées. Par
personnes interposées, le scénario aboutit entre les
mains d’un influent professeur chinois de
l’université de Vienne, Zhang Jiaming (朱佳明),
qui, avant 1989, avait été secrétaire de Zhao Ziyang
(赵紫阳) ;
enthousiaste, celui-ci le recommande à un homme
d’affaires avec lequel il avait été à l’armée, en
lui suggérant de financer le film.
Le premier
film de Hao Jie est ainsi produit, hors canaux
institutionnels, pour un budget minime de 300 000
yuans. Il sort en 2010, sous le titre
« Single Man » (《光棍儿》), et il est aussitôt très remarqué, d’abord au festival Filmex de Tokyo
où il obtient le prix du jury.
Le succès
incite l’investisseur à continuer : il crée la
société de production
Heaven Pictures (天画画天),
devenue depuis lors un vivier de jeunes réalisateurs
indépendants. |
2012 : Sœur Mei/
Mei Jie
En 2011,
cette même société produit le second film de Hao
Jie, d’abord intitulé
« The Love Songs of
Tie Dan » (《铁蛋儿的情歌》).
C’est sous ce titre qu’il est sorti en première
mondiale au festival de San Sebastian, en septembre
2012, dans la section Nouveaux réalisateurs. Il a
ensuite été rebaptisé « Mei
Jie »
(《美姐》),
c’est-à-dire Sœur Mei, et c’est un autre très beau
film. Il a obtenu, entre autres, le prix NETPAC au
49ème festival du Golden Horse à Taipei.
Hao Jie a basé son scénario sur ses souvenirs de
jeunesse ; il a pris pour thème une forme spécifique
de spectacle chanté originaire de Mongolie
intérieure, mais que l’on trouve aussi dans le nord
du Hebei, le
errentai
(二人台)
: ce sont des chants à deux interprètes, un homme et
une femme, qui ont bercé sa jeunesse. Cet aspect
très vivant de la culture locale est en train de
disparaître, avec les villages eux-mêmes, vidés de
leurs habitants. Le film prend dans le contexte une
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Mei Jie/Sœur Mei |
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coloration nostalgique et rejoint les nombreux films
qui ont évoqué ces dernières années la disparition
des troupes d’opéra populaire qui parcouraient
autrefois les campagnes chinoises.
Le scénario raconte l’histoire de Tie Dan, ou ‘oeuf
de fer’, à six ans amoureux de la Sœur Mei,
spécialiste de
errentai.
Au moment de la Révolution culturelle, elle part en
Mongolie intérieure, et revient ensuite au village
avec trois filles, dont l’aînée ressemble comme une
goutte d’eau à ce qu’elle était dix ans auparavant.
L’histoire d’amour de Tie Dan prend un nouveau
cours, rythmé par les airs de
errentai…
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2015 : Mon rêve de
jeunesse
En 2015, Hao Jie a terminé son troisième
film. Originalement intitulé « Mon rêve de
jeunesse » (《我的春梦》),
il a
finalement été rebaptisé
« My Original Dream » (《我的青春期》).
Après être sorti en première mondiale au 28ème
festival de Tokyo fin octobre, le film est sorti sur
les écrans chinois le 11 novembre. Il est produit
par le groupe Wanda (万达集团),
ce qui marque l’entrée de Hao Jie sur le marché
commercial. |
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My Original Dream
(affiche promotionnelle pour la sortie en Chine) |
Mais il garde son talent et son esthétique. Le scénario est,
comme le film précédent, coécrit avec la scénariste Ge Xia (葛夏),
mais l’histoire est, selon les déclarations de Hao Jie
lui-même, à 85% basée sur sa propre expérience (sinon
autobiographique).
Hao Jie (à g.) au
festival de Tokyo, avec
l’actrice Sun Yi
et l’acteur Bao Bei’er |
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C’est l’histoire d’un jeune garçon,
Zhao Shanshan (赵闪闪),
qui, au lycée, tombe amoureux d’une de ses camarades
de classe,
Li Chunxia (李春霞).
On peut cependant faire confiance à Hao Jie pour
éviter les clichés du genre. Cet amour restera un
« rêve de jeunesse »,
Zhao Shanshan trouvera une passion dans le cinéma et
y poursuivra sa carrière, comme pour « racheter » ce
premier amour.
Les deux rôles principaux sont interprétés par
l’actrice Sun Yi (孙怡)
et l’acteur Bao Bei’er (包贝尔),
et la photo est signée |
Yang Jin (杨瑾),
qui est un excellent directeur de la photo, mais aussi un
autre réalisateur du groupe promu par
Heaven
Pictures.
Hao Jie est aujourd’hui l’un des jeunes réalisateurs les
plus intéressants et originaux de ce qu’il reste de cinéma
indépendant en Chine. Il a tenu un blog jusqu’en avril 2013,
qu’il
parsemait de réflexions en forme de petits poèmes. Il y
disait tourner pour tenter d’exprimer ce qui palpite au plus
profond du cœur : l’indicible des sentiments… chacun de ses
films semble en être le reflet.
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