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Hu
Jia
胡笳
Né en 1975
Présentation
par Brigitte Duzan, 23 mars
2013,
actualisé
06 février 2017
Hu Jia (胡笳)
est un jeune réalisateur indépendant qui a commencé
par faire des documentaires avant de se tourner vers
la fiction, mais peu à peu, par le biais du
docu-fiction…
Il est né en 1975 dans l’ouest de la Chine, dans la
province du Xinjiang où ses parents, intellectuels
shanghaïens, avaient été envoyés pendant la
Révolution culturelle et d’où ils n’ont pu revenir
qu’en 1988.
Hu Jia fait
donc partie de ces jeunes nés dans les années 1970,
qui ont eu une éducation rudimentaire et se sont
retrouvés sans qualifications dans la Chine de
l’ouverture, réduits à des petits boulots de ci de
là : il a été vendeur, serveur, ouvrier, gardien,
coiffeur, agent immobilier et comédien, pour finir
par se découvrir une passion pour la photographie.
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Hu Jia |
En 2000, il est
donc entré à l'Institut du cinéma de Pékin, section
photographie. A la fin de son cursus, en 2003, il est allé
en France étudier le cinéma, d'abord à l'EICAR (École
internationale de Création Audiovisuelle et de Réalisation),
puis à l'Université Paris 8. Pendant ses études en France,
il a réalisé deux courts métrages : « La Main » et
« L’ailleurs est ici ».
1. Il est
rentré à Shanghai en 2008 et a tourné un premier
long métrage documentaire, « Le temple Chenghuang »
(《城隍庙》),
qui montre la vie d’un taoïste, d’un mendiant et
d’un saltimbanque aux alentours de ce temple situé
dans l’un des quartiers les plus animés de Shanghai
(1). Acheté par la télévision de Shanghai, ce
documentaire a attiré l’attention sur son auteur.
2. Pendant
l’été 2011, Hu Jia a tourné, à Hangzhou, un second
long métrage qui est un subtil mélange de
documentaire et de fiction : « Le secret de l’eau »
(《水知道答案》),
où les personnages jouent leur propre rôle et où Hu
Jia a incorporé des fragments d’interviews.
Le
personnage principal est un petit chef d’entreprise
qui a ouvert un studio de photographie à Hangzhou.
Il a sept
employés
avec lesquels il entretient des rapports amicaux,
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Le
secret de l’eau |
et presque
fraternels, se préoccupant de leur vie et de leur bonheur.
Après avoir lu un livre qui l’a impressionné, « Les messages
cachés de l’eau », d’un auteur japonais nommé Masaru Emoto
(2), il décide de se lancer dans un projet que ses employés
trouvent d’abord ridicule : trouver le secret du bonheur…
Bande annonce
3. Hu Jia a
enchaîné pendant l’hiver 2011 avec le tournage d’un
troisième film, cette fois purement fictionnel, qu’il
pensait terminer courant 2013. Mais le film n’a été terminé
que trois ans plus tard, et il a été sélectionné par la
Berlinale pour sa
67ème
édition, en février 2017. Il s’intitule « The
Taste of Betelnut
» (《槟榔雪》)
The Taste of Betelnut |
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Ce troisième film est un tableau quasi mutique,
d’une société en mutation, et en plein désarroi, où
la violence semble remplacer la parole. Il se passe
dans l’île de Hainan, paradis touristique sinon
paradis tout court. Deux amis gagnent leur vie en
distrayant les touristes, l’un dans un show de
dauphins, l’autre avec un karaoke mobile qui a
d’autant plus de succès sur la plage que le jeune
homme a une vague ressemblance avec Leslie Cheung…
Puis apparaît une troisième comparse, une |
femme, et l’aventure se transforme en trio testant les
limites du possible.
Notes
(1) Chenghuang
miao est le « temple du dieu de la ville », situé dans
la vieille ville de Shanghai. Le terme désigne aujourd’hui
non seulement le temple mais tout le quartier qui
l’entoure, à la fois traditionnel et commercial, près des
jardins Yu.
(2) Né en 1943, et
diplômé de médecine alternative en 1992, Masaru Emoto est
célèbre pour ses théories et ses recherches sur les effets
de la pensée, des émotions et de la musique sur l’eau, ou du
moins leur influence sur l’aspect des cristaux de molécule
d’eau. « Les messages cachés de l’eau » a été publié en 2001
au Japon.
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