Réalisateur et scénariste né en 1963 dans l’Anhui,
Liu Bingjian a commencé sa carrière
cinématographique dans la Chine du début des années
1990.
1. C’est après avoir fait des études de peinture
qu’il s’est tourné vers le cinéma. Il est alors
entré à l’Institut du cinéma de Pékin pour étudier
la photographie. A sa sortie de l’Institut, il a
d’abord travaillé pour la télévision, avant de
réaliser son premier film, produit en 1995 par le
Studio de la jeunesse : « Inkstone » (《砚床》) ;
il y conte l’histoire d’une vieille dame qui
Liu Bingjiang (photo
Chinese Shadows)
veille avec amour sur une vieille pierre à encre qui est son
plus précieux trésor.
2. C’est avec son second film, en 1999, qu’il devient
connu : « Men and Women », sorti en France sous le titre
« Le
Protégé de madame Qing » (《男男女女》).
Le film a été interdit en Chine mais il est célèbre et
souvent cité : c’est l’un des rares films chinois traitant
de l’homosexualité, et en outre comme d’un fait ordinaire de
la vie quotidienne et avec beaucoup d’humour. Le film a
obtenu le prix FIPRESCI des critiques de cinéma au 52ème
festival de Locarno.
Men and Women, affiche
chinoise
La Pleureuse, ou Les
Larmes de madame Wang
3. Liu Bingjian a ensuite réalisé « La Pleureuse » ou
« Les Larmes de madame Wang » (《哭泣的女人》),
qui n’a pas plus obtenu de visa de censure mais a été
présenté en 2002 au festival de Cannes, dans la section Un
certain regard, l’actrice principale remportant une mention
spéciale du jury bien méritée. C’est l’histoire d’une femme
au chômage qui devient pleureuse professionnelle lors de
funérailles.
4. C’est seulement en 2004 que Liu Bingjian a émergé
sur la scène officielle avec son quatrième film, « Plastic
Flowers » (《春花开》),
présenté en première internationale au festival de
Toronto. Le scénario raconte l’histoire d’une femme,
nommée Chunhua (春花),
propriétaire d’une petite
Plastic Flowers
fabrique de fleurs en plastique dont elle a hérité de son
défunt mari ; elle y remarque deux jeunes ouvriers qui
diffèrent des autres : l’un joue de la flûte, l’autre
dessine les fleurs…
L’actrice Liu
Xiaoqing (刘晓庆)
retrouvait là un premier rôle au cinéma depuis plus de dix
ans, celui de Chunhua. Le scénario déraillant un peu à
mi-parcours, sans doute pour les besoins de la censure, le
film n’a pas trouvé son public, ni dans les salles ni dans
les festivals.
5. En 2010, Liu Bingjian a sorti un 5ème
long métrage, « The Back » (《背面》),
qui se passe au milieu des années 1990 à Pékin : un
jeune homme qui travaille dans un restaurant à la
mode est le fils d’un peintre obsédé par la
représentation de Mao, tellement obsédé qu’il avait
commencé à en faire des tatouages sur des peaux
humaines. Or une nouvelle vague de collectionneurs
prêts à tout est à sa recherche…
Présentation au festival de Cannes
The Back
La Montagne Dingjun
6. En 2012, Liu Bingjian a terminé un film coréalisé
avec Ma Defan (马德帆)
dont les têtes d’affiche sont deux chanteurs
populaires auprès de la génération des « post’80’ :
Huang Xibei (黄夕倍)
et Tan Jiexi (谭杰希).
Le scénario brosse, en musique, l’histoire de quatre
jeunes filles de cette génération, nommées Han
Meimei, d’où le titre : « Hello,Han
Meimei » (《嗨!韩梅梅》).
Le film apparaît ainsi comme une sorte d’au revoir à
cette génération, celle des trublions des années
1990 qui ont maintenant la quarantaine bien sonnée
et, comme des anciens combattants, ressassent leurs
souvenirs.
7. En 2018, c’est un film d’opéra que signe Liu
Bingjian, en hommage à celui, mythique, qui
constitue le premier film chinois, réalisé en 1905,
avec le grand acteur de l’opéra de Pékin Tan Xinpei
(谭鑫培)
: « La
Montagne Dingjun » (《定军山》).
Le film de Liu Bingjian est en deux parties,
adaptées des 70ème et 71ème
épisodes du « Roman des Trois Royaumes » (《三国演义》).
Le rôle principal de Huang Zhong (黄忠)
est interprété par le représentant de la 7ème
génération de l’école « Tan », Tan Zhengyan (谭正岩),
avec à ses côtés d’autres grands artistes de l’opéra
de Pékin d’aujourd’hui.
En 2019, Liu Bingjian est reparti sur la préparation
d’un nouveau film, mais les temps sont de plus en
plus difficiles….
A
lire en complément
Conversation entre Liu Bingjian et Kuo K.L. au
festival de Cannes 2010 où Liu Binfjian présentait
son film