Peng Tao 彭韬
Présentation
par Brigitte
Duzan,
16 septembre 2011,
actualisé
20 juillet 2025
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Peng Tao |
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Né en
1974 à Pékin, Peng Tao (彭韬)
est sorti en 2004 de l’Institut du cinéma de Pékin, section
littérature (北京电影学院文学系).
Il a donc une formation de scénariste : c’est lui qui écrit
les scénarios de ses films.
Il
réalise d’abord deux courts métrages :
- le
premier, « Une histoire en hiver » (《冬天里的故事》),
a été réalisé en numérique en 2002, et a obtenu le prix du
meilleur court-métrage au festival du film d’étudiants de
Pékin ;
- le
second, « Adieu enfance » (《再见童年》),
réalisé en 35mm, est son film de fin d’études (2004).
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Affiche du film
« Adieu enfance » |
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2008-2012 : trois films « indépendants »
1. Son
premier long métrage, « La
môme Xiao » (《血蝉》),
a été primé au festival international de cinéma de Hong Kong
en mars 2008, et a également obtenu le prix NETPAC (Network
for the Promotion of Asian Cinema) au 60ème
Festival de cinéma de Locarno (co-lauréat).
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Affiche du film « La
môme Xiao » |
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2. Son
second long métrage, « Floating in Memory » (《流离》),
a reçu le soutien du Sundance Institute Feature Film Program
et du fonds Hubert Bals : il a été présenté au festival de
Taipei et à celui de Rotterdam en 2009.
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Photo du film
« Floating in Memory » |
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Le
scénario, comme le précédent, est assez sordide : une jeune
fille vient d’un village de montagne éloigné travailler dans
une petite ville. Elle y rencontre un jeune garçon dans un
bar disco et se laisse séduire, en découvrant ensuite qu’il
vit en fait de proxénétisme. Quand elle se retrouve
enceinte, il disparaît. Des petits boutiquiers lui donnent
alors de l’argent pour qu’elle garde le bébé qu’ils veulent
adopter…
Ces deux
films ont été tournés dans une petite ville du Hubei bien
que Peng Tao soit originaire de Pékin, contrairement à la
majorité des cinéastes chinois qui, lorsqu’ils filment à la
campagne, le font dans le village où ils sont nés et où ils
conservent des attaches. Il a choisi ce cadre parce qu’il
considère que les petites villes sont plus représentatives
de la réalité chinoise que des grandes villes comme Pékin ou
Shanghai, privilégiées par la génération des cinéastes
post-Tian’anmen, ladite sixième.
Pour
continuer sa peinture de ce qu’on pourrait appeler la Chine
profonde, mais axée sur la vie des gens en ciblant
l’affectif, les sentiments, Peng Tao s’est tourné vers la
vie des personnes âgées pour son troisième long métrage.
En
février 2010, Peng Tao a été interviewé dans l’Apple Store
de Sanlitun, à Pékin, dans le cadre d’une série d’émissions
intitulée « Meet the Filmmakers ». L’interview est la
meilleure introduction à la personnalité et à l’œuvre du
réalisateur. Elle est disponible sur YouTube en trois
parties, et accompagnée de sous-titres en anglais et de sa
transcription in extenso sur le site de DGenerate Films :
http://dgeneratefilms.com/cinematalk/cinematalk-peng-tao-at-the-beijing-apple-store/
3. Son
troisième long métrage, « The
Cremator » (《焚尸人》),
est sorti en septembre 2012, en première mondiale, au
festival de Toronto. C’est un film tout aussi sombre que les
deux précédents : l’histoire d’un incinérateur de cadavre,
dans un crématorium, dont l’activité secondaire est de
fournir des cadavres de femmes non réclamés par leurs
familles, pour les vendre à d’autres qui en cherchent comme
« épouses posthumes » de fils ou de frères disparus sans
s’être mariés. Quand arrive la jeune sœur d’une noyée qu’il
s’est gardée pour être sa propre épouse posthume, les choses
prennent pour lui une autre dimension…
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The Cremator |
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Peng Tao
signe là une nouvelle peinture d’êtres fragilisés par la
pauvreté et la maladie, l’une renforçant l’autre. Mais le
film n’a guère pu sortir en Chine, sauf en de rares
occasions.
Peng Tao
annonce ensuite vouloir tourner la page et abandonner la
réalisation de films indépendants ; il veut s’adresser au
public chinois, et faire des films qui puissent être
distribués en Chine, c’est-à-dire des films rejoignant la
production officielle.
2017-2023 : transition
Peng Tao
prépare alors un film dont le scénario est inspirée d’un
fait réel, aussi sombre que les précédents : sorti en 2017
au festival de
Shanghai,
« Leaving with Love »
(《别离》)
est l’histoire d’une mère atteinte d’un cancer en phase
terminale qui doit se séparer de son fils handicapé mental.
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Leaving with Love |
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Peng Tao
se tourne ensuite vers la télévision et réalise deux séries
documentaires :
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Diffusée en 2021,
« Revisiting
Ancient Battlefields » (《重走古战场》)
est une série en dix épisodes de vingt minutes qui retrace
l’histoire de trois batailles célèbres dans l’histoire
chinoise : la bataille de la Falaise rouge (《赤壁之战》),
pendant les Trois Royaumes, la bataille du mont Niushou ou
mont de la Tête de Bœuf (牛首山之战),
dans le district de Jiangning de la ville de Nankin, où le
général chinois Yue Fei (岳飞)
s’est battu contre la dynastie des Jin (金朝)
au début de la dynastie des Song du Sud, et la bataille de
Yehuling ou Bataille de la Crête du Renard sauvage (野狐岭之战)
qui a eu lieu en août-octobre 1211, pendant la dynastie des
Song du Sud, bataille décisive pour la conquête des Jin par
les Mongols.
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Revisiting Ancient
Battlefields |
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Diffusée deux ans plus tard, en juillet
2023, « Good
Sons and Daughters of China » (《中华好儿女》
) est
une série en dix épisodes de 15 minutes réalisée pour le 70e
anniversaire de la guerre de Corée ; ce sont trente
histoires de jeunes héros morts pendant cette guerre.
2025 : retour
au cinéma
Après cette
période de transition, et de réflexion, Peng Tao revient au
cinéma avec un film qui sort au festival de Shanghai en juin
2025:
« Listening
to the Wind » (《风过耳》).
C’est une autre tragédie familiale, qui se joue ici à
trois : atteint d’une maladie incurable, un fils qui a perdu
tout contact avec son père depuis trente ans revient dans sa
ville natale avec sa femme pour tenter de voir son père une
dernière fois.
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Listening to the Wind
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Pendant
tout le début du film, le scénario, cependant, laisse planer
le doute sur l’identité des personnages que l’on voit autour
du père devenu aveugle, en attente d’une greffe de la
cornée. C’est finalement la femme qui apparaît comme le
personnage essentiel, la seule capable de renouer les liens
fragiles entre père et fils, et qui s’y attache patiemment,
dans la plus grande abnégation. Le film est donc plus subtil
qu’un rapide résumé de l’intrigue pourrait le laisser
penser.
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