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Pleasant Goat and Big Big Wolf : des films d’animation populaires, grands succès commerciaux

par Brigitte Duzan, 21 janvier 2010, actualisé 23 septembre 2014

 

Créée et produite par le groupe du Guangdong ‘Creative Power Entertaining Corporation’ ou CPE (广东原创动力文化传播有限公司), « Pleasant Goat and Big Big Wolf » ou, plus littéralement, « Happy Lamb and Grey Wolf » (喜羊羊与灰太狼) (1), est une série télévisée d’animation chinoise qui a rencontré un incroyable succès en Chine après son lancement sur les petits écrans en 2005.

 

Le 18 octobre 2010, le groupe a conclu un accord de licence avec la filiale de Disney ‘Buena Vista’ pour diffuser sur les chaînes de télévision Disney les cent épisodes les plus récents de la série. Ils ont ainsi été diffusés, dans une dizaine de langues, dans cinquante-deux pays et territoires de la région Asie-Pacifique. C’était une avancée considérable en terme commerciaux pour l’industrie chinoise du film d’animation.

 

Le succès de la série auprès des enfants a motivé l’adaptation de la série au cinéma ; un premier film est sorti en janvier 2009 pour les fêtes du Nouvel An chinois et a généré près de

 

Pleasant Goat and Big Big Wolf

4,5 millions de dollars de recettes pendant le premier week-end d’exploitation. Trois autres ont suivi, en 2010, 2011 et 2012. C’est un formidable succès commercial, mais les petites chèvres sont loin de pouvoir concurrencer Mickey Mouse ou Hello Kitty…

 

Les histoires d’un gentil petit mouton et d’un grand méchant loup

 

La série télévisée animée a commencé avec un tout petit budget et quarante épisodes. Il y en a maintenant plus de cinq cents, dont soixante créés pour les Jeux olympiques. Les petits personnages ne sont pas d’un dessin très raffiné, mais leur histoire est très drôle, très actuelle, et les enfants les adorent (2). Chaque épisode est introduit par une chanson qui sert de thème général à la série.

 

Pleasant Goat, ses camarades et le vieux maître

 

C’est l’histoire de deux loups, le loup gris (灰太狼) et son épouse la louve rouge (红太狼), et d’une bande de petites chèvres qui vivent dans les Verts Pâturages (青青草原). Le personnage principal est ‘Pleasant Goat’ (喜羊羊), entouré des personnages habituels que l’on trouve dans une salle de classe : la jolie petite fille (美羊羊) qui est la sœur de ‘Pleasant Goat’, le bosseur bouillonnant d’énergie (沸羊羊) , et l’inévitable paresseux (懒羊羊) ; quant au maître, c’est un vieux mouton/chèvre qui est aussi le chef du village (慢羊羊) ; c’est

un savant qui invente plein de machines pour protéger l’école, et, quand il réfléchit intensément, on voit des plantes lui sortir de la tête.

 

Le loup, lui, bien que très méchant avec les petites chèvres, est un époux timoré, sa femme la louve rouge lui faisant faire tout le boulot, en hurlant à tout bout de champ et le traitant d’incapable. Evidemment, il échoue à chacune de ses tentatives, et chaque épisode se termine par son éternelle promesse : je reviendrai, bande de détestables petites chèvres ! (我一定会回来的,可恶的小羊!).

 

C’est l’éternel combat du faible contre le fort, le faible réussissant par son astuce à vaincre un fort stupide : c’est l’histoire du loup et des trois petits cochons revue et corrigée façon Tom and Jerry.

 

Certains critiques ont souligné que le succès de la série télévisée a été dû en partie aux nouvelles règles en matière de diffusion télévisée adoptées par le gouvernement chinois à la fin des années 2000 : le ‘prime time’ (17 heures – 19 heures) a été réservé aux productions

 

La petite sœur

chinoises, le ratio de films produits en Chine par rapport aux films étrangers devant être au minimum de 7: 3.

 

Cette réglementation a certes permis la diffusion de la série à une heure de grande écoute, mais l’engouement du public a bien été dû à l’attrait du dessin animé lui-même, en termes narratifs, sinon esthétiques.

 

 

Episode 2, sous-titres anglais

 

Après la série télévisée, les films

 

La série télévisée s’étant avérée un succès sans précédent, Creative Power a décidé d’en faire un film, le groupe étant assuré du succès au box office, mais prévoyant des recettes encore plus importantes en produits dérivés, sur le modèle du « Roi Lion » qui a rapporté 700 millions de dollars en salles, mais deux milliards en produits dérivés.

 

Janvier 2009 : premier film

 

Coproduit par Shanghai Media Group (SMG), le film est sorti en janvier 2009, à la veille de la fête du Nouvel An chinois. Intitulé « Pleasant Goat and Big Big Wolf - The Super Snail Adventure » (喜羊羊与灰太狼之牛气冲天), il a un scénario très moderne, où les moutons et les loups finissent par unir leurs forces pour lutter contre leur ennemi commun : une bactérie !

 

Il a glané 12 millions de dollars pendant la saison des fêtes, dont quatre pendant le seul premier week-end, pour un investissement initial de 900 000 dollars. La demande était telle que le plus grand complexe de cinémas de Pékin, ‘Stellar International Cineplex’, l’a programmé dans sa salle principale à la place du film de John Woo  « Red Cliff 2 » (赤壁II) qui avait été initialement programmé. 20 à 30 % des recettes en salles sont venues des familles de « cols blancs » en zone urbaine.

 

Pleasant Goat et le loup

 

 

Des petits animaux très modernes

 

 

Pleasant Goat aux Jeux olympiques

 

Ceci augurait bien pour les produits dérivés : ils ont atteint les cent millions de dollars en 2009. Des contrats de licence ont été conclus avec de grands noms du secteur. Ils n’étaient pourtant pas très enthousiastes au départ, préférant travailler sur les personnages très médiatisés des films étrangers. La sortie du film en cantonais ayant cependant encore augmenté le marché, les intéressés ont fini par se presser à la porte de CPE.

 

 

En 2009-2010, on a vu se multiplier les têtes des petits animaux sur tout et n’importe quoi, des paquets de bonbons, savons et sacs à dos aux jouets, livres et même jeux vidéo. Dès 2008, la banque Citic a sorti une carte de crédit décorée avec eux, et a offert un pack  « Pleasant Goat and Big Big Wolf » comme cadeau aux heureux signataires de prêts immobiliers. Kellogs a suivi en lançant des paquets de céréales en offre spéciale avec des bandes dessinées PGBBW et, en 2009, KFC (Kentucky Fried Chicken) a conçu une campagne promotionnelle dans le cadre de laquelle pour chaque repas enfant était offert un jouet PGBBW…

 

Le contrat de diffusion de la série télévisée signé avec Disney a offert de nouveaux marchés pour ces produits. Trois autres films sont sortis les trois années suivantes, comme le précédent au moment de la fête du Printemps.

 

The Super Snail Adventure

 

2010-2012 : trois autres films

 

 

Tiger Prowess

 

 

En janvier 2010 est sorti “Pleasant Goat and Big Big Wolf : The Tiger Prowess” (喜羊羊与灰太狼之虎虎生威), avec un thème musical assurant la popularité du film : il est chanté par Yang Peiyi (杨沛宜), la petite interprète de « L’ode à la patrie » (歌唱祖国) à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques en août 2008 – celle que l’on n’a pas vue mais qui est devenue célèbre ensuite. Et c’est Fan Bingbing (范冰冰) qui prête sa voix à la louve rouge.

 

Moon Castle

 

En janvier 2011 a suivi “Moon Castle : The Space Adventure” (喜羊羊与灰太狼之兔年顶呱呱), où les pettes chèvres embarquent sur un vaisseau spatial pour aller porter secours à la Reine Mère de l’Ouest, les loups y embarquant aussi par accident. C’est ici la famille qui est le thème principal. Le titre chinois signifie « Pleasant Goat and Big Big Wolf : Heureuse année du lapin. », chaque film étant placé sous le signe de l’animal de l’année de sa sortie.

 

En janvier 2012, année du dragon, est sorti le quatrième et dernier film à ce jour : « Mission Incredible : Adventures on the Dragon's Trail » (喜羊羊与灰太狼之开心闯龙年) où de gentils dragons demandent l’aide des petites chèvres pour lutter contre une bande de dragons maléfiques qui a envahi leur territoire.

 

Une success story basée sur la ligne narrative

  

C’est une success story à l’américaine qui tient essentiellement à la ligne narrative, c’est-à-dire l’art du conte. C’est peut-être là l’une des leçons les plus importantes de ce dessin animé.

 

Les réalisateurs et animateurs de la série télévisée, puis du film, ont étudié les dessins animés européens et américains, en portant une attention particulière à l’histoire et à la manière dont elle est racontée. Les membres de l’équipe avaient une vingtaine

 

On the Dragon’s Trail

d’années quand ils ont commencé à travailler sur le projet, ils ont donc grandi avec les dessins animés de

 

Le petit dragon vert

(avec un faux air de Jumbo)

 

Disney, mais aussi ceux des grands films d’animation du Japon, les Miyazaki et autres. Ils étaient donc particulièrement sensibles à des lignes générales, internationales, de ‘storytelling’ qui sont populaires auprès de tous les publics. Ils ont complété avec leur propre imagination, et leur passion pour leur métier.

 

Le plus important a été de définir des personnages « adorables » et drôles, en butte à la vindicte d’ennemis naturels, comme les chats pour les souris, ou les tigres pour les lapins. C’est la clé du succès auprès des enfants, mais aussi des « jeunes adultes » qui sont au moins aussi importants. Mais ce n’est pas tout.

 

Les réactions sur les forums en ligne sont instructives. Le loup apparaît sympathique à beaucoup de monde, et d’une manière bien chinoise : parce que, malgré ses nombreuses défaites, il n’abandonne jamais et continue inlassablement d’imaginer de nouveaux pièges pour les petits moutons – c’est l’esprit même que l’on inculque à l’école aux enfants chinois. Les personnages du dessin animé sont donc très subtils : au-delà de la distinction banale bons/méchants que l’on trouve dans les dessins animés traditionnels, ils permettent des scénarios qui ne sont pas moralisateurs, mais distrayants et drôles.

 

Comme dit la présentation de la série en anglais : it makes you think, it makes you smarter, and it’s fun !

 

Evidemment, comparés aux films d’animation des Studios d’art de Shanghai, ces films ont un dessin relativement laid et simpliste, mais il ne s’agit pas de création artistique, nous sommes dans le domaine du film commercial, avec une autre optique : ce sont les astuces de l’histoire qui comptent, comme dans les contes d’autrefois.

 

Une esthétique entre Disney et Miyazaki

 

Des images internationales

 

On ne peut que sourire en pensant à l’ironie d’avoir choisi pour protagonistes des loups vaincus et des moutons triomphants, alors que le dessin animé chinois était moribond depuis plus de vingt ans et que la grande plaisanterie était de comparer les films d’animations nationaux à des « moutons » en train de se faire dévorer par les « loups » étrangers…

 

 

 

Notes

(1) yáng est plutôt un mouton, 山羊shānyáng étant une chèvre. Dans le dessin animé, les personnages sont dessinés comme des moutons, mais avec des petites cornes de chèvres….

(2) Ils les adorent au point de s’assimiler à eux : fin 2013, deux enfants du Jiangsu ont imité une séquence en ligotant un de leurs camarades sur une branche d’arbre et en mettant le feu dessous, ce qui a déclenché un procès et une immense controverse sur les dangers de la violence dans les dessins animés à la télévision.

 

Des personnages très populaires, à la manière de Mickey

 

 

 

 

 
 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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