« In
the Face of Demolition » : Hong Kong années 1950 selon Lee
Tit
par Brigitte Duzan, 04 juillet
2012
« In the
Face of Demolition » (《危楼春晓》)
est un film de 1953 du réalisateur hongkongais de
films cantonais
Lee Tit (李铁),
un peu en marge de ses réalisations habituelles
constituées surtout de films d’opéra cantonais et de
mélodrames.
Peinture
sociale réaliste
Il s’agit
d’un film de réalisme social, qui dépeint non sans
humour les conditions de vie d’un petit groupe de
gens de statut modeste dans un immeuble décati de
Hong Kong au début des années 1950. Obligés de
partager un appartement surpeuplé, vivant dans la
promiscuité, ils se disputent, s’invectivent et
s’entraident, partageant, outre le logement, leurs
soucis et leurs problèmes.
In the Face of
Demolition
Scène du film
« In the
Face of Demolition » a pour cadre une Hong Kong
« coloniale » sous tutelle britannique, se relevant
de la guerre et de l’occupation japonaise, et
souffrant de l’afflux de réfugiés entraîné par
l’arrivée au pouvoir des communistes sur le
continent. C’est la ville que le photographe Ho Fan
a immortalisé dans ses photos expressionnistes des
années 1950 : une
ville aux quartiers pauvres surpeuplés, qui n’a pas encore
connu le développement économique qui va la transformer à
partir de la décennie suivante.
« In the
Face of Demolition » se place avant la grande
période de la comédie hongkongaise (1). Il s’agit
d’une satire sociale qui se veut réaliste, et filmé
avec le sens de la narration et du portrait humain
qui était le propre de Lee Tit. Tous ses personnages
sont authentiques et colorés. On est aux antipodes
du réalisme socialiste imposé aux réalisateurs sur
le continent.
… et
message humaniste
Scène du film
Hong Kong années 1950
par Ho Fan
Le film est
adapté d’un roman de Wang Yun (望云)écrit avant la guerre, et
intitulé « Les larmes de la multitude » (《人海泪痕》).
Au centre du récit sont un petit
enseignant qui rêve de devenir écrivain, et un
modeste conducteur de taxi local, Liang Wei (梁威),
qui a pour devise : « Un pour tous et tous pour un »
(“人人为我,我为人人”).
C’est la
morale explicite du film qui se termine en fable :
Hong Kong est frappée par un cyclone et l’immeuble
détruit. Les habitants démunis se regroupent pour
faire front ensemble à la précarité de leur
situation, et reconstruire un logement en commun….
Conclusion fondée sur la valeur de l’action
collective que n’auraient guère désavouée les
communistes, mais le communisme en moins.
Célèbre séquence où
Liang Wei énonce son principe pour faire cesser une dispute
(à 2’30)
(en cantonais sous
titré mandarin)
Wu Chufan
L’acteur principal
est l’acteur fétiche de Lee Tit,
Ng Cho-fan /Wu Chufan (吴楚帆),
collaborateur et ami qui a joué dans pratiquement tous ses
films, depuis le premier en 1936, et qui avait été dès 1937
consacré « empereur du cinéma du sud de la Chine » (“华南影帝”),
à l’âge de vingt-sept ans.
Le film, doublé en
mandarin, avec sous-titres chinois
(1) Sur le contexte
du cinéma à Hong Kong dans les années 1950-60, voir :