par Brigitte
Duzan, 27 décembre 2012, actualisé 3 mars 2023
Li Hongqi
est un artiste polyvalent et atypique, un maître de
l’absurde et du nonsense en terre chinoise : une
variété hybride de Buñuel et de Jarmusch, avec une
touche de Tati et un zeste de Delvaux.
Absurde ?
C’est lui-même qui l’a dit : que ses œuvres ont une
touche d’absurde parce que lui-même est absurde.
Il prend
plaisir à brouiller les pistes et à ne rien faire
comme tout le monde :
拍电影就像下棋,大多数人在做的是如何把每一步棋走得比别人高明、漂亮,而我只想把棋子下到棋盘的外面。
Tourner un
film, c’est comme jouer aux échecs, mais, pour la
plupart des gens, il s’agit de faire des coups qui
soient chaque fois plus subtils et plus beaux que
ceux des autres ; moi, au contraire, j’ai uniquement
dans l’idée de voir mes pions éliminés de
l’échiquier.
Li Hongqi
C’est un
autre plaisir de tenter de débrouiller ses pistes et
savourer son humour baroque.
Peintre, rockeur, poète et écrivain
Il est
né en 1976 dans le Shandong ; ses parents lui ont donné l’un
des prénoms les plus courants à l’époque : Hongqi (红旗), le drapeau rouge, prénom qui résume toute une époque ; il devait
flotter allègrement, ce drapeau rouge, pour témoigner des
glorieuses contributions du rejeton à la gloire nationale.
Ils ne pouvaient pas savoir que Mao allait mourir quelques
temps plus tard, et que rien ne serait plus comme avant en
Chine.
Hongqi a
commencé par des études de peinture, d’abord dans le
Shandong, puis à Pékin, où il a chanté dans un groupe de
rock, avant de commencer à écrire des poèmes en 1999 ; il a
alors fait partie d’un groupe de poètes de Nankin appelé
« Tamen » ou « Eux » (他们),
puis d’un autre groupe, le « Lower Body » (下半身).
Lucky Bastard
Grâce au fabuleux outil de diffusion qu’est alors
devenu internet pour les poètes (entre autres), sa
poésie l’a rendu populaire, tout particulièrement
dans le milieu de l’avant-garde littéraire et
cinématographique : il est un ami de Zhu Wen (朱文),
lui-même également écrivain et cinéaste
[1],
mais aussi des cinéastes
Ning Cai (宁才)
et
Zhang Lü
(张律)» qui ont produit ses
premiers films.
Il a commencé à écrire des nouvelles, en même temps
que ses premiers poèmes, puis il a publié en janvier
2004 un premier roman qui a connu un grand succès :
Xing yun’er《幸运儿》
ou « Lucky Bastard ».
Zhu Wen lui a écrit une préface
empreinte de son humour habituel, disant qu’il était
devenu très paresseux pour écrire, mais qu’il était
heureux de sortir sa plume pour Li Hongqi, un jeune
poète qu’il avait découvert en lisant un poème
intitulé « Amis »
[2]. Cela
sonne comme un hommage de maître à disciple.
Un an
plus tard, comme Zhu Wen, Li Hongqi s’est tourné vers le
cinéma. Pour lui, musique, peinture, écriture ou cinéma ne
sont que des outils différents pour un artiste, pour
exprimer une vision des choses, de l’univers et, partant, de
soi-même. Il a dit que c’était comme une faucille et un
marteau, tout dépend de qui s’en sert et dans quel but…
Cinéaste d’avant-garde
En trois
ans, entre 2005 et 2010, Li Hongqi a réalisé quatre films,
trois longs métrages et un court, qui l’ont rendu plus
célèbres que ses poèmes.
2005 :
« So Much Rice » (《好多大米》).
C’est une histoire désopilante pour l’entendement
commun adapté de l’une de ses nouvelles. Le
personnage principal, maître Ma (毛老师),
est une sorte d’étranger à la Camus, mais unjúwàirén
(“局外人”)
étranger surtout à lui-même, qui semble rêver sa vie
plus que la vivre. Au cours d’un jeu de cache cache
avec sa femme, il disparaît. Et reparaît dans une
autre ville où il entame un nouveau bout d’existence
avec une ‘amie’, Xiao He (小何),
comme si de rien n’était, puis repart à nouveau,
quelques temps plus tard, un mystérieux sac de riz
sur le dos…
Li Hongqi débarquait dans le paysage
cinématographique chinois avec un style résolument à
part, ironique et décalé. Il a lui-même présenté son
film comme « une simple plaisanterie, mais une
plaisanterie triste » (《好多大米》只是一个玩笑——一个悲伤的玩笑).
So Much Rice
« So
Much Rice » a été, en 2005-2006, la coqueluche de tous les
grands festivals, Pusan, Vancouver, Londres, Nantes, Hong
Kong, Singapour, et prix NETPAC au 58ème festival
de Locarno, en août 2005. Sa réussite tient à son
originalité, mais aussi à l’acteur qui joue le rôle
principal, un autre ami de Li Hongqi : le poète Han Dong
(韩东), l’un des membres du groupe « Tamen », mais également du mouvement
« Duanlie » (《断裂》)
initié par Zhu Wen (1). Celui-ci a d’ailleurs été conseiller
technique pour le film.
Han Dong à dr. dans So
Much Rice
On ne peut pas vraiment parler d’une ‘école’, mais
bien d’une famille spirituelle, à laquelle il faut
d’ailleurs ajouter le musicien qui a composé la
musique du film, comme celle des suivants de Li
Hongqi : Zuoxiao Zuzhou (左小祖咒),
également poète et écrivain, qui obtint en 2003 le
prix NETPAC à la 54ème Berlinale pour la
musique du deuxième film de Zhu Wen, « South of the
Clouds » (《云的南方》).
Le film
est sur youtube, avec sous-titrage chinois/ anglais :
2008 :
« Routine Holiday » (《黄金周》).
C’est une
histoire de vacances présentée comme « une longue
conversation autour d’un canapé ». C’est surtout une
satire féroce, tout aussi désopilante que le film
précédent, de la fameuse semaine de congés
généreusement accordée à l’ensemble de la nation
chinoise une semaine par an et appelée « semaine
d’or » (黄金周),
d’où le titre chinois.
Le scénario suit un père et son fils qui, pendant
cette semaine et faute de mieux, vont rendre visite
à un ami. Pendant qu’ils sont là, vont arriver
également d’autres amis, tout aussi désœuvrés et en
peine de distraction. Le film commence ironiquement,
avec un sous-titre qui rappelle que, en 316 avant
Jésus-Christ, Aristote a découvert que la terre
était ronde ; sur quoi la caméra nous montre une
vaste étendue de champs, plate à l’infini, dans
laquelle apparaissent bientôt le père et son fils,
le premier disant au second : « Tu vois, c’est un
champ. » …
Routine Holiday
L’appartement de l’ami est triste à mourir d’ennui, et les
premiers essais de plaisanteries font long feu. En fait de
conversation autour d’un canapé, c’est le silence qui
s’installe, souligné par la musique minimaliste de Zuoxiao
Zuzhou, car, finalement, tous ces gens non seulement n’ont
rien à faire, mais, en outre, n’ont strictement rien à se
dire.
Routine Holiday,
conversation sur un canapé
Li Hongqi a signé là un ovni cinématographique qui
réalise la prouesse de n’avoir absolument aucune
ligne narrative, et qui procède, en plus, à un pas
d’escargot, les personnages réunis finissant par
fixer leur verre, pour éviter de se regarder. C’est
de l’expérimentation surréaliste dont la qualité
principale est de rompre avec la vague de réalisme
doux-amer à la mode
dans le
cinéma chinois. Mais même les festivaliers les plus purs et
durs ont eu du mal avec ce film ; on dit que ceux qui, au
festival de Busan, sont restés jusqu’à la fin sont ceux qui
s’étaient endormis.
2008 : « New
Year » (《新年快乐》).
Il s’agit de
l’un des cinq courts métrages programmés dans le cadre de
l’exposition « Dans la ville chinoise », en août 2008 à
Paris. C’est sans
doute le plus original, et le plus intrigant, des cinq
courts métrages de l’exposition.
Il est
annoncé comme illustrant Canton. La ville qu’il dépeint,
cependant, n’a rien de la métropole bruyante et affairée qui
vient aussitôt à l’esprit quand on parle de cette ville.
C’est une ville inquiétante, fantasmatique qui est
représentée là, une ville à la limite du cauchemar,
sillonnée de personnages vêtus de costumes noirs qui se
disent agents d’assurance, mais pourraient aussi bien être
des agents de la mort qui rôdent. Ils visitent les maisons,
parcourent les allées des supermarchés, conseillant les
clients sur les produits qu’ils ont certifiés comme
« sûrs ». Et finalement, lorsque l’un des deux personnages
sort acheter des nouilles pour fêter le Nouvel An avec son
vieux compagnon de route, l’autre essaie d’en profiter pour
fuir ce quotidien balisé, et part avec sa couette, qui
semble être son seul bien : mais il revient bien vite, car
la ville est quadrillée, il n’a aucun endroit où aller…
Les
autres films de l’exposition montraient des villes où
l’existence était incertaine, et où le souvenir du passé
permettait de supporter un présent fade et sans éclat ; mais
Li Hongqi nous brosse, dans son court métrage, un tableau à
la limite de Kafka, dans des noirs et blancs qui rappellent
Murnau. Il ne sort pas de son univers.
Ce quatrième film est une autre variation sur le
thème des vacances, c’est-à-dire de la vacuité. Il
ne s’agit plus de la « semaine d’or », mais des
vacances du Nouvel An chinois, c’est-à-dire de la
Fête du Printemps. Cette fois, le scénario est un
tantinet plus élaboré, mais défie quand même les
lois de la logique habituelle, ou de la narration
traditionnelle.
Li Hongqi décrit un groupe d’adolescents, dans une
petite ville du nord, qui tuent le temps comme ils
peuvent pendant le dernier jour de leurs vacances et
leurs derniers moments de liberté avant de reprendre
les cours. Rien n’est attendu, et derrière le
bavardage en apparence anodin transparaît la marque
ironique du discours officiel et du formatage des
esprits.
Mais surtout, comme dans « Routine Holiday » déjà,
il ne
Winter Vacation
se passe
rien, car il ne peut rien se passer. Le film est décrit
ainsi par Li Hongqi lui-même, dans le style elliptique un
tantinet ironique qu’il affectionne :
Quelque
part dans le nord de la Chine, l’hiver, dans un petit
village de Mongolie intérieure,
neuf jeunes gens, deux enfants, une foule de
gens d’un certain âge.
Des gens totalement désœuvrés, menant une
vie déprimante,
dans cet
endroit où, semble-t-il, rien ne peut arriver,
et où,
effectivement, à la fin, il ne se sera rien passé.
Tout
l’art de Li Hongqi est justement de faire des films où il ne
se passe rien, mais où l’absurde se glisse soudain, comme à
l’improviste, par quelque faille du réel.
A partir de
2011 :
documentaires
Après
ces trois films de fictions, Li Hongqi a entamé une série
documentaire intitulée « Hooly Bible » (Shen Jing《神经》),
le projet initial comportant quatre films sur une douzaine
d’années visant à observer divers aspects de la société
chinoise.
Il en a
déjà tourné quatre en cinq ans, qui se répondent deux à
deux.
Documentaires musicaux
2011 :« Are
We Really so Far From a Madhouse ?»
《我们离疯人院有多远》
Are We Really so Far
From the Madhouse?
Si Li Hongqi était un cinéaste ordinaire, on
pourrait dire qu’il s’agit d’un documentaire sur la
première tournée nationale du groupe PK14 en 2008,
PK14 étant un groupe de rock post-punk célèbre,
fondé à Nankin en 1997, et installé à Pékin en 2001
[3].
Mais Li Hongqi n’a évidemment pas réalisé un
documentaire ordinaire, c’est plutôt la suite de sa
réflexion sur l’ennui existentiel : pas de séquences
sur les concerts, pas d’interviews
ni de
portraits des musiciens, en fait il n’y a pratiquement pas
de dialogues, ni même de musique. La caméra suit les
musiciens dans leurs périples sur des autoroutes sans fin,
leurs haltes dans des chambres d’hôtels anonymes, où tout le
monde essaie de tromper son ennui comme tout le monde, en
jouant sur son iPad, en feuilletant un livre ou en regardant
par la fenêtre. Parfois entendus de loin, sans que l’on
puisse comprendre ce qui est dit, mais que l’on devine
anodin, les dialogues sont remplacés par des bruits,
d’animaux en particulier.
C’est
l’envers du côté glamour des concerts. La musique accompagne
les images des itinérances, comme une voix off, puis vient
animer la dernière séquence qui lui est réellement
consacrée, concluant le film par ce qui apparaît comme le
but de l’errance, et la fin de l’ennui, pour un soir, la vie
apparaissant dès lors comme une suite de plages d’ennui
ponctuées de séquences musicales.
Le
montage image-son – en les dissociant - est particulièrement
réussi, et la monotonie de l’errance sur les routes finit
par tourner à l’abstraction, comme un poème visuel.
Le
documentaire a contribué à renforcer l’image hors normes du
cinéaste. Il est sorti en première internationale au 35ème
festival de cinéma de Hong Kong en mars-avril 2011, puis à
Séoul en août et à Vancouver en octobre
[4].
Mais Li
Hongqi en a gardé un certain remords, celui de ne pas avoir
rendu pleinement hommage à la musique. En 2017, il a réalisé
un autre documentaire, sur un autre groupe….
2017 :
« Inner Ear Inflammation »《内耳炎》
Sorti en
novembre 2017 en Chine, ce documentaire est
présenté par Li Hongqi comme un second volet de « Are
We Really so Far From a Madhouse ? »,
et comme une tentative de se libérer du regret de ne
pas avoir mieux mis en valeur la musique du groupe
PK14 :
« "Inner Ear" est construit à 100 % sur le groupe du
même nom. Le film a été tourné et achevé en très peu
de temps, mais il n’a pas pour autant été fait à la
va-vite. En fait, de tous mes films, y compris mes
films de fiction, c’est celui qui suscite en moi le
moins de repentir. »
Entretemps,
Li Hongqi a réalisé deux autres documentaires qui
apparaissent comme relevant de la thématique
annoncée dans le descriptif de son projet initial :
observer la société chinoise sous ses aspects les
plus divers. Le premier apparaît comme un autre
volet du documentaire musical précédent, et le
Coréalisé avec le cinéaste suédois
Måns Månsson, le
documentaire est en fait un docu-fiction, également
intitulé « Nakangami
na Canton », en ligala, langue bantoue parlée au
Congo. C’est en effet l’histoire d’un Congolais
nommé Lebrun, échoué à Canton (le sens du titre)
alors qu’il tente d’y monter une affaire de
t-shirts.
Immigrant illégal
parmi la cohorte d’Africains dans le même cas à
Canton, Lebrun est venu du Congo pour acheter des
t-shirts bon marché imprimés « Votez Kabila » pour
les revendre chez lui au moment de la campagne
présidentielle (de 2011). Mais la livraison prend du
retard, les t-shirts arrivent après l’élection, et
Lebrun se retrouve avec sa cargaison sur les bras….
Il finira par la brûler.
On est dans une
atmosphère d’aliénation, d’absurdité, de désespoir
latent qui pourrait être celui de l’univers de Li
Hongqi, mais qui est transcendé par les fulgurances
visuelles propres à Måns Månsson et par une
utilisation de la musique qui en fait presque un film
musical, renvoyant au documentaire précédent de Li Hongqi.
Coécrit
et monté par George Cragg (le monteur, entre autres, du film
“I’m not a Witch”), « Stranded in Canton » est
un film débordant d’énergie et finalement de joie de vivre.
Avec ce documentaire, on retombe de plain-pied dans
l’univers de Li Hongqi, avec un thème légèrement
différent. En se posant sur la réalité urbaine,
d’une petite ville anonyme de Chine, son regard a
évolué ; en écoutant les bribes de conversation
captées de ci de là, c’est une autre vision de la
société chinoise qui apparaît : celle d’une société
indifférente au monde extérieur, repliée sur ses
petits problèmes quotidiens, qui vit au jour le jour
en prenant son plaisir où elle le trouve d’une
manière finalement très épicurienne, sans trop se
préoccuper de ce qui dépasse son pré carré.
En un sens, c’est bien la suite de la thématique de
« Winter Vacation » : nous sommes toujours dans un
monde où il ne se passe rien (hormis un accident de
voiture de temps à autre auquel personne ne prête
attention), mais ce n’est plus l’ennui qui domine
pour autant. C’est
tellement hyper-réaliste que cela en devient
sur-réaliste.
[2]Le poème, depuis lors devenu célèbre,
est caractéristique du style de Li Hongqi :
une sorte de satire sociale d’un humour décalé,
construite sur un jeu autour du mot
交 jiāo désignant tout rapport établi avec quelqu’un, sexuel, amical ou social:
朋友
Amis
一九九四年的秋天 A
l’automne de 1994
许多人都学会了性交 beaucoup
de gens des as en rapports sexuels.
我就是在那时候学会的 C’est d’ailleurs à cette époque que j’ai appris.
还有很多人
Mais
il y en avait beaucoup aussi
在那年秋天到来之前cet
automne-là
已经性交了好几年了qui
savaient faire depuis déjà des années.
当然了,
也有好多人Et
bien sûr il y en avait des tas
直到一九九四年的秋天
même en cet automne de 1994
也没有学会
qui n’avaient pas encore bien maîtrisé la chose.
如果有兴趣的话
En allant un peu plus loin
那些在一九九四年秋天
si tous ceux qui en cet automne de 1994
学会性交的人
sont devenus maîtres ès rapports sexuels
请想办法互相联系一下 voulaient bien imaginer comment établir des rapports
说不定大家可以交个朋友 il
se pourrait bien que tout le monde ait des amis
[3]
Abréviation de “Public Kingdom for
Teens”,
PK14 estun groupe de
quatre "post-punk
art rockers" :
le chanteur et producteur d’albums Yang Haisong (杨海崧),
le guitariste Xu Bo (许波), le bassiste Shi Xudong (施旭东)
et le percussionniste Jonathan Leijonhufvud, dit Tan
Tan (雷坛坛).
Le titre du documentaire – Sommes-nous si loin d’une
maison de fous ? - est celui d’une de leurs
chansons. Il fait aussi penser à celui du roman de
Thomas Hardy « Far from the Madding Crowd ».
[4]
A la suite de la projection au festival de
Vancouver, Kathie Smith (pour Switch) notait son
enthousiasme :
“Mainland Chinese music isn’t all erhus and Teresa
Teng. Likewise, Mainland film isn’t all Zhang Yimou
and quasi-political dramas. Like a match made in
post-rock experimental film heaven, Are
We Really So Far From a Madhouse?is
a collaboration between Li Hongqi (who sent me
swooning last year at VIFF with Winter Vacation)
and underground rock darlings P.K. 14. Pushing the
boundaries of a documentary, Madhouse might
as well be considered a sound and image collage
within a very loose context. Li hangs out with P.K.
14 on tour in China, films them on stage, in the van
and in hotels, and sets a dozen of these sequences
to their songs and bizarre ambient sound. If that
sounds like a glossed up tour video, think again.”