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Han Meilin
韓美林
Présentation
par Brigitte Duzan, 4 décembre 2016, actualisé 29 novembre
2017
Han Meilin est un artiste contemporain dont le nom
est devenu célèbre en 2008 pour avoir créé les
mascottes Fuwa des Jeux olympiques de Pékin. Mais sa
renommée était établie bien avant cette date.
Artiste protéiforme que l’on a comparé à Picasso
pour l’infinie diversité de son œuvre, il est un
grand maître de la calligraphie et du dessin,
peintre et sculpteur, directeur artistique d’un film
d’animation au lendemain de la Révolution culturelle
aussi bien que céramiste et |
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Han Meilin à la Ca’
Foscari à Venise en octobre 2016 |
potier. Fin octobre 2016 a été inaugurée à Venise, dans le
cadre de la Mostra, une exposition intitulée « L’univers de
Han Meilin » qui tente de rendre justice aux multiples
facettes de son œuvre.
I. Vie
Né en 1936, à Jinan (济南),
dans le Shandong, Han Meilin fait preuve très tôt de dons
exceptionnels pour le dessin.
En 1948, il entre au lycée à Jinan, et, trois mois plus
tard, abandonne ses études pour participer aux combats dans
les rangs communistes.
Avant la Révolution culturelle
Sculptures exposées à
la Mostra de Venise
(octobre 2016-février
2017) |
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En 1955, il est admis à l’Institut central des
Beaux-Arts de Pékin (中央工艺美术学院),
dont il sort en 1960. Il est alors affecté à
l’Atelier d’art industriel (工艺美术室工作)
du Bureau de l’industrie légère de l’Anhui (安徽轻工业局).
Pendant la Révolution culturelle, il est persécuté
et torturé au point de perdre l’usage de ses pouces,
qu’il n’a récupéré qu’après intervention
chirurgicale. Après quatre ans de prison, sa peine
est commuée en rééducation par le |
travail (劳动改造),
dans une usine de porcelaine de Huainan (la ville-préfecture
de l’Anhui) où il utilise son temps libre pour dessiner et
peindre.
Après la Révolution culturelle
En 1978, il entre à l’Association des artistes de l’Anhui,
et, l’année suivante, est élu membre de l’Association des
artistes de Chine (中国美术家协会).
En 1979, une première exposition de ses œuvres au Musée
national de Chine à Pékin attire 200 000 visiteurs en 21
jours.
Il devient également célèbre à l’étranger. En 1980, une
exposition Han Meilin a lieu dans vingt-une villes des
Etats-Unis, dont Boston et New York. En 1983, six de ses
œuvres sont choisies pour illustrer des cartes de vœux de
Noël émises par les Nations Unies.
En 1986, il est élu délégué du 6ème Comité
national de la
Conférence consultative politique du peuple chinois.
En 1988, il crée le logo d’Air China.
En 1989, ses œuvres sont exposées au Crown Art Centre de
Taipei. De 1992 à 1994, il multiplie les expositions dans le
monde entier, de la Malaisie au Canada en passant par
l’Inde. En 1999, quelques-unes de ses œuvres entrent au
Musée des beaux-arts de Chine.
Années 2000 et après
En 2002, Han Meilin est à l’honneur à la National Arts
Gallery à Pékin : avec plus trois mille pièces exposées dans
onze salles, c’est la plus grande exposition individuelle de
l’histoire de la galerie.
En octobre 2015, il est nommé Artiste pour la paix de
l’Unesco, en reconnaissance de son travail pour promouvoir
un enseignement artistique de qualitéen Chine, en
particulier par le biais de sa Fondation pour l’art (韩美林艺术基金会),
créée en mars 2013
.
En 2002, de sévères problèmes cardiaques nécessitent une
opération lourde. Mais il a repris toutes ses activités
depuis lors, plus créatif que jamais. Reparti pour un
nouveau voyage.
Il a un site où il décrit sa vie en six étapes, illustrées
bien sûr :
1936
筑梦
rêver / 1964
行苦
subir / 1978
磨亮
affûter /
1989
超越
surpasser / 1996
升华
sublimer / 2010
新旅
repartir
Le site :
http://www.hanmeilin.com/file.php
II. Œuvres
Calligraphie
La calligraphie, en Chine, est la base de tous les
arts. Han Meilin a commencé à l’apprendre à l’âge de
cinq ans. Derrière la maison familiale était un
magasin où se trouvait une sorte de grosse poêle
ronde dans laquelle étaient exposés des os et des
carapaces de tortue sur lesquels étaient inscrits
des caractères anciens. Il apprit bien plus tard ce
qu’étaient ces vieilles inscriptions, mais, enfant,
il pensait que ce n’étaient que des dessins
décoratifs ; ils attiraient cependant sa |
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Calligraphie au Musée
national de Chine |
curiosité, et il se mit à les copier parce qu’il les
trouvait très beaux.
Peinture inspirée des
caractères anciens et peintures rupestres |
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C’est sur la base de ces souvenirs qu’il a créé son
« Livre scellé », au cours d’un long processus de
collecte, pendant trente-quatre ans, pour rassembler
des caractères inscrits sur les supports les plus
variés : lames de bambou, fragments de poterie,
tablettes de bois, carapaces de tortue, pierres
gravées – au total quelque trente mille anciens
caractères. Et ce ne sont pas pour lui des fossiles
de musée, mais des éléments vivants, reflétant une
formidable créativité, une sagesse ancienne, ce qui
en fait un héritage culturel.
Beaucoup de l’art de Han Meilin est inspiré des
motifs trouvés sur les bronzes rituels, les poteries
peintes, les peintures rupestres, etc… éléments
anciens qui ont toujours été pour lui une source
d’inspiration bien plus riche que l’art occidental.
De là l’inspiration de ses chevaux qui ont la force
des animaux archaïques peints à flanc de rocher ou
dans les grottes. |
Animaux
Sa grande spécialité est la peinture d’animaux. Il a
raconté que, pendant les dures années de la
Révolution culturelle, il dessinait ses pantalons
usés jusqu’à la trame avec des baguettes cassées en
deux, observait les insectes hiberner et les
araignées tisser leur toile au-dessus de sa tête :
la vie, alors, était ce qu’il y avait de plus
fascinant. Il en a gardé l’amour des animaux, qu’il
a dessinés et peints sans relâche, puis |
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L’un des animaux du
zodiaque (le buffle) |
sculptés, dans des styles totalement différents.
Un cheval |
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Série 1979, le chat |
En 1979, il en a créé une série qui ressemblent à des
animaux de films d’animation. Par la suite, il a stylisé le
trait en ajoutant des touches de couleurs :
Série chat et oiseaux :
http://www.playcast.ru/communities/chinacast/?act=news&id=68936
1980 : la chouette |
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Exposition au National
Museum de Pékin en décembre 2012 |
Parmi ses animaux les plus célèbres : sa chouette, dont les
premiers exemplaires datent de 1980, mais qu’il a ensuite
déclinée en diverses versions, un œil ouvert, l’autre fermé…
symboliquement. Il a aussi réalisé une série d’animaux du
zodiaque.
Film d’animation
Film d’animation : Le
renard
abat le chasseur
(1978) |
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Si ses animaux semblent sortir d’un film d’animation
traditionnel, ce n’est pas un hasard. Au lendemain
de la Révolution culturelle, en 1978, Han Meilin a
été directeur artistique (美术设计)
d’un film d’animation en papiers découpés (剪纸动画片)
réalisé aux
Studios d’art de Shanghai par
Hu
Xionghua (胡雄华) :
« Le Renard mystifie le chasseur »
(《狐狸打猎人》).
Le scénario est une histoire originale de l’auteur
de contes pour enfants Jin Jin (金近)
.
Les voix sont toutes dites par l’acteur Qiu Yuefeng
(邱岳峰),
spécialisé dans le doublage.
C’est un merveilleux petit conte, l’histoire d’un
renard se déguisant en un loup terrifiant tel que
décrit dans une légende, tellement terrifiant qu’un
jeune chasseur, paniqué en le voyant, en laisse
tomber son fusil. Morale : chasseurs, |
ne vous laissez pas effrayer, sinon vous êtes aussi morts
que vifs…
Mascottes
Les mascottes créées par Han Meilin sont des dérivés
de son travail sur les animaux.
Pour les Jeux olympique de Pékin, en 2008, il a créé
les célèbres mascottes appelées Fuwa
(福娃),
cinq comme les cinq éléments qui symbolisent
l’harmonie entre l’homme et la nature, tout en
reprenant l’idée dulogo des cinq anneaux des Jeux
modernes. Il les aurait désavouées depuis lors –
elles |
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Han Meilin et les
mascottes des Jeux Olympiques de Pékin |
ne font pas partie de son musée personnel.
Kang Kang, animal
fétiche de l’année 2016 |
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En 2016, il a également créé la mascotte de la
soirée du Nouvel An chinois sur CCTV (la télévision
centrale chinoise) : Kang Kang
“康康”,
le petit singe porte-bonheur de l’année du
singe dont les deux caractères symbolisent le slogan
des vœux :
“康健安泰、康乐吉祥”
kāngjiàn āntài, kānglè jíxiáng
santé et sécurité, paix et joie assurés.
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Timbres
Les animaux de Han Meilin se retrouvent aussi dans
de nombreuses séries de timbres, précieux pour les
philatélistes : porcs, pandas, aigles, dragons…
Sculptures
A partir de la fin des années 1990, il a commencé à
décliner ses motifs animaliers en sculptures
monumentales urbaines (城市大型雕塑)
qui reprennent des formes et éléments symboliques
des bronzes rituels, entre autres, de la Chine
ancienne. |
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La tour des cinq
dragons |
Sculpture : le taureau
– exposition
à la fondation
Bradshaw en 2010 |
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En 1996, il a reçu une commande pour créer la
gigantesque tour-horloge de dix mètres de haut dite
« Tour des cinq dragons » (《五龙钟塔》)
pour les Jeux Olympiques d’Atlanta. Parmi ses autres
créations monumentales figurent aussi les « Tigres »
de Dalian (Liaoning), le « Taureau » de Jinan, le
« Taureau sacré » réalisé pour Shekou (蛇口),
au sud de Shenzhen, ou encore le « Coq chante pour
signaler le lever du jour » réalisé pour Zibo (淄博),
dans le Shandong. |
En 2010, Han Meilin a participé au festival annuel
d’art rupestre de Yinchuan (银川),
chef-lieu de la région autonome hui du Ningxia.
Il a
également réalisé une série de statues sur le thème
de l’amour maternel, la série « Mère et enfant »
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Les tigres de Dalian |
La statue de Guan Yu à
Jingzhou |
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En juillet 2016, il a achevé sa plus monumentale
réalisation à ce jour : la statue de Guan Yu (关羽)
à Jingzhou (荆州),
dans le sud du Hubei, 58 mètres de haut, 1 320
tonnes, une statue tellement colossale qu’elle
abrite même un musée. Selon la légende, Jingzhou
aurait en effet été construite de terre par Guan Yu,
général de Liu Bei, au temps des Trois Royaumes.
Cela fait partie du goût de la démesure actuel, mais
reste bien moins intéressant que les tigres de
Dalian, par exemple. |
Publications
Han Meilin a
également publié une cinquantaine de livres, sur la
calligraphie, le dessin, la peinture, une autobiographie
aussi
.
(recherche réalisée pour le CDCC, en
préparation d’une exposition sur le cinéma d’animation
chinois au musée d’Annecy au printemps 2017)
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