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1er
Festival de cinéma de la Route de la soie : l’après-Wu
Tianming à Xi’an
par Brigitte Duzan, 7 novembre 2014
Le 1er Festival de cinéma de la Route de
la soie (首届丝绸之路国际电影节)
s’est tenu à Xi’an du 20 au 24 octobre 2014, sa
création ayant été annoncée en juin 2014 au 17ème
Festival de cinéma de Shanghai.
Selon les objectifs qui en ont été exposés, ce
festival de cinéma est appelé à la rescousse du
développement des relations économiques et des
échanges culturels. Il a en effet pour mission de
renforcer les concepts |
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Festival de cinéma de la Route de la
soie |
stratégiques de « Ceinture économique de la Route de la
soie » (“丝绸之路经济带
”)
et de « Route maritime de la soie du 21ème siècle
(“21世纪海上丝绸之路”),
la Route de la soie étant entendue dans sa double
acception : route à la fois terrestre et maritime. Pour
cette raison, le festival se tiendra en alternance à Xi’an,
dans le Shaanxi, et à Fuzhou, dans le Fujian.

Yan Ni à la cérémonie
d’ouverture du festival |
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Avec l’actrice Yan Ni (闫妮)
– originaire de la région - pour ambassadrice, la
première édition du festival s’est ainsi tenue dans
la capitale du Shaanxi, avant-poste en son temps de
la Route terrestre de la soie, mais aussi bastion du
cinéma chinois, grâce au formidable développement du
studio de Xi’an (西安电影制片厂)
sous la direction de
Wu Tianming (吴天明)
à partir de 1984. Ce sont les réalisateurs les plus
prometteurs du moment auxquels Wu Tianminga donné la
possibilité de passer derrière la caméra, alors que
lui-même arrêtait un temps de tourner, faisant de
son studio un |
studio de pointe à côté des mastodontes officiels… jusqu’à
ce que 1989 casse le mouvement.
En août 2000, le studio a été incorporé dans la Xi’an Film
Studio Company, qui gère la Xi’an Film Production City et a
absorbé neuf autres unités de production et distribution. Le
nouveau directeur du studio a l’ambition de multiplier les
accords de coproduction internationale et le festival est
l’événement clef destiné à promouvoir cette politique de
déploiement cinématographique dans l’ouest chinois, tout en
donnant des ouvertures nouvelles aux agences culturelles et
touristiques régionales.
Il est un peu triste de voir cette première édition
du festival tourner définitivement la page Wu
Tianming, avec un show médiatique à l’aune de ce que
l’on fait en Chine aujourd’hui : des figurants en
tenue Tang, une mascotte qui rappelle les fuwa
des Jeux Olympiques, mais banalisée selon la
mode actuelle dans le cinéma d’animation chinois, et
des films chinois en compétition auxquels il ne
manque que d’être en 3D - "An End to Killing" (《止杀令》),
grosse production sur un aspect de la vie de Gengis
Khan réalisée par Wang Ping (王坪),
ou encore "People Searching Story of Cola Lee"
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Yan Ni à la cérémonie
de clôture devant la mascotte du festival
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(《李可乐寻人记》),
comédie burlesque de Zhou Wei (周伟)
dans le genre
"Lost in Thailand" (《泰囧》)
…

Yellow River Aria |
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Se détache du lot le second film de Zhang Bingjian (张秉坚)
« North by Northeast » (《东北偏北》),
également présenté au même moment au festival de
Tokyo (23-31 octobre), ou encore le « Yellow River
Aria » (Lao Qiang《老腔》)
de Gao Feng (高峰),
présenté au
festival de Montréal
à la fin du mois d’août.
Mais était aussi à l’honneur… le dernier film
réalisé par Wu Tianming, achevé en 2013 et déjà
présenté au festival du Coq d’or :
Song of the Phoenix
《百鸟朝凤》.
Tout particulièrement dans le contexte tout en
paillettes du festival, le film dégage un sentiment
de tristesse infinie. C’est une histoire de
transmission artistique difficile, en une époque où
l’art ancien n’intéresse plus personne ; c’est aussi
un film qui en revient à l’esthétique de la
quatrième génération, comme si c’était bien là que
résident les valeurs les plus profondes du cinéma
chinois, et que Wu Tianming avait voulu une dernière
fois les rappeler à tous ceux autour de lui qui les
ont trahies en
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acceptant de se compromettre, avec le marché ou avec
le pouvoir.
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