|
Ecrans de papier : exposition sur les magazines de cinéma en
Chine, de 1921 à 1951
par Brigitte
Duzan, 04 novembre 2011
L’exposition « Ecrans de papier : le cinéma chinois
et ses magazines (1921-1951) » se propose, du 16
novembre au 17 décembre, de faire découvrir un
aspect peu connu de la culture cinématographique
chinoise.
Accueillie dans les superbes locaux de l’Institut
national d’histoire de l’art, galerie Colbert, elle
a vu le jour dans le cadre d’un projet de recherche
financé par l'Agence nationale de la recherche,
intitulé "Loin d'Hollywood. Histoire culturelle du
cinéma en France, Chine et URSS. 1927-1933" et porté
par Dimitri Vezyroglou, maître de conférence en
histoire du cinéma à l' HiCSA (1).
Une exposition originale
L’exposition couvre la période républicaine, ou plus
exactement la période allant de la publication du
premier magazine de cinéma en |
|
Affiche de
l'exposition |
Chine, en
1921, à la disparition du dernier magazine de cinéma financé
sur fonds privés, en 1951, soit trente ans.
Ce court
laps de temps est, on le sait, une période de développement
rapide du cinéma chinois, avec les débuts du parlant en
1931, amorçant un premier âge d’or jusqu’à la guerre
anti-japonaise, suivi d’un second âge d’or après la victoire
sur le Japon, en 1946-49. Le cinéma
était alors en Chine un art au centre de la vie culturelle
et artistique, avec un rôle ambivalent de divertissement des
citadins et d’éducation des masses illettrées qu’il
conservera jusqu’à nos jours.
Ce qu’on sait moins
c’est que cette riche culture cinématographique s’est
manifestée aussi dans le domaine de la presse : l’exposition
fait état de trois cents titres consacrés au septième art
pendant la période, journaux, revues et magazines illustrés.
Œuvres d’artistes,
photographes, dessinateurs et graphistes, leurs couvertures
sont le reflet de l’éclectisme stylistique de l’époque,
ébloui par la modernité à l’occidentale mais sans renier les
formes traditionnelles chinoises : on y voit des motifs art
déco et des photos de stars de Hollywood aussi bien que des
illustrations traditionnelles et des images de propagande.
L’objet de cette
exposition est justement de faire découvrir la grande
richesse de ces couvertures, en aidant à décrypter ce
qu’elles reflètent de l’époque et en particulier de sa
culture visuelle.
Une double
signature
Anne Kerlan |
|
Cette
exposition originale est le fruit de la
collaboration d’Anne
Kerlan et Paul Fonoroff. La première, ancienne
élève de l’ENS Ulm, chercheur au CNRS depuis 2001, a
axé ses recherches sur la culture visuelle dans la
société chinoise et, depuis 2008, dans le cadre de
l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP), les a
orientées plus particulièrement vers l’histoire du
cinéma chinois.
Quant au
second, né aux Etats-Unis mais installé à Hong Kong
depuis 1983, titulaire d’un
|
doctorat en
cinéma chinois de l’université de Pékin, parlant couramment
et le cantonais et le mandarin, il est un critique reconnu
du cinéma chinois, plus spécialement de Hong Kong, anime des
émissions télévisées sur le sujet et se fait même acteur à
l’occasion. Mais il est aussi, depuis trente ans, un
collectionneur passionné et les
objets exposés proviennent de la collection qu’il a ainsi
constituée.
Anne
Kerlan étant allée à Hong kong travailler sur sa collection,
ils ont eu l’idée de réaliser ensemble un livre sur une
histoire du cinéma chinois d'avant 1949 à partir des
couvertures de magazines. Au bout de trois ans, le projet de
livre était bien avancé, mais ils n’arrivaient pas à trouver
d’éditeur. Le travail initial a donc débouché dans un
premier temps sur l’exposition actuelle, qui permettra
peut-être de convaincre un éditeur, c’est au moins ce que
l’on peut souhaiter.
Anne
Kerlan et Paul Fonoroff ont choisi ensemble la
cinquantaine de couvertures exposées, le second en a
écrit les légendes, la première a fait le reste, y
compris les traductions desdites légendes. Une
vingtaine de magazines originaux seront exposés dans
des vitrines. L’exposition sera accompagnée d’un
catalogue offert gracieusement, avec les
|
|
Paul Fonoroff (photo
hkcinemagic) |
reproductions des couvertures accompagnées de cinq articles.
(1)
L’HiCSA (Histoire culturelle et sociale de l’art)
est une unité créée en 2006 au sein de l’université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour fédérer, sous la
direction de Philippe Dagen, les structures de
l’université traitant de l’histoire de l’art. L’un
de ses quatre pôles est consacré au cinéma.
Exposition du 16
novembre au 17 décembre 2011
Du mardi au samedi de 15h à 20h
Galerie Colbert
Salle Roberto
Longhi
2 rue Vivienne –
75002 Paris
Accès 6 rue des
Petits Champs
Entrée libre
Vernissage le mardi
15 novembre,
à 18 heures,
suivi d’une
projection du film de 1937 de
Yuan
Muzhi (袁牧之)
« Les
anges du boulevard » (《马路天使》),
en version
originale sous-titrée français.
Auditorium de la
galerie Colbert, entrée libre.
|
|