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Gao Zehao
高则豪
Présentation
par Brigitte
Duzan, 12 janvier 2013
Gao Zehao (高则豪) est un tout jeune réalisateur découvert lors de la 5ème
édition du Beijing First Film Festival (第五届新人电影节)
(1) : son film « Witness » (《目击者》)
a
été le film d’ouverture du festival le 25 octobre
2012, avant de sortir un mois plus tard sur les
écrans chinois, le 20 novembre.
Gao Zehao
est parmi les réalisateurs chinois invités au
festival Premiers Plans
d’Angers, du 18 au 27 janvier 2013. Il
passera ensuite avec son film au Forum des Images,
le 28 janvier, dans le cadre du
cycle ‘De Pékin à Taipei ».
2009 : premier film
Gao
Zehao est né à Xiamen, dans le Fujian (福建厦门). En
1994, il est sorti diplômé en arts industriels de
l’université de Xiamen et a commencé à travailler,
comme créateur d’effets |
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Gao Zehao |
spéciaux pour la publicité à la télévision, créant
en 2000 son propre studio de films publicitaires.
Dabing’s Shakespeare |
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En 2005, il
est entré à l’Institut du cinéma de Pékin pour y étudier la
réalisation et réside maintenant dans la capitale.
Il réalise quatre ans
plus tard son premier film, « Dabing’s
Shakespeare »
(《大饼的莎士比亚》), qui a été présenté en
2009 au festival international du film numérique de
Tokyo (Skip City International D-cinema festival
IDCF), et en 2010 au festival de Cologne, en
Allemagne.
L’histoire de « Dabing’s
Shakespeare » se passe dans une petite école d’un
village perdu dans les montagnes où arrive un jour
une jeune enseignante stagiaire. Da Bing est un
jeune élève d’une famille pauvre, dont les parents
sont partis travailler à Canton, ou au Zhejiang, on
ne sait trop, et qui est passionné, comme ses
camarades, par l’anglais ; ils en apprennent les
rudiments avec un Anglais, détaché dans cette petite
école… |
Le film,
certes maladroit par certains côtés, séduit par sa
fraîcheur, son ton
naturel, la pureté du regard et la beauté de l’image.
2012 : « Witness »
« Witness » (《目击者》), en 2012, est un film qui
a les apparences d’un film noir, un film où le
suspense né d’un accident de voiture est le moteur
de l’intrigue. Mais le jeune réalisateur a expliqué
qu’il voulait en fait montrer à travers son histoire
les pressions sociales auxquelles sont soumis les
Chinois aujourd’hui.
L’histoire est celle d’un homme d’un certain âge,
Lao Song (老宋), qui a ouvert un restaurant avec de
l’argent prêté pour pouvoir payer des études universitaires à sa fille. L’un des
prêteurs est un ami proche qui, lui, vend des
polices d’assurance, l’autre un mafieux dangereux et
parano, Ping Ge (平哥), qui va tenter de récupérer le
restaurant faute de pouvoir récupérer son argent.
On navigue entre Tarantino et le « Shining » de
Kubrick, mâtiné de thrillers coréens, mais Gao Zehao
est épaulé par |
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Witness |
des « investisseurs » et a
bénéficié, pour le rôle principal de Lao Song, du concours
d’un acteur
Gao Jie dans le rôle
de Lao Song |
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taiwanais très connu,
venu épauler le jeune réalisateur dont le scénario
lui avait plu : c’est Gao Jie (高捷) , une figure
récurrente des films de
Hou Hsiao-hsien (侯孝贤),
mais qui a aussi tourné dans des films policiers,
dont, par exemple, le « Shinjuku Incident » (《新宿事件》)
de Derek Yee.
Gao Zehao a de l’ambition, il doit aussi répondre
aux exigences de ses
« investisseurs ». Si
le genre du « thriller » a été choisi, c’est, a-t-il
affirmé, parce que c’est un genre très populaire
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aujourd’hui en Chine. Mais le regard est aussi tourné vers
le marché étranger, et en particulier vers la
France (2). Le film se
donne des faux airs de film noir psychologique avec
un dénouement simpliste et peu crédible, où le
méchant soudain seul face à son adversaire et
lui-même dévoile les ressorts cachés qui l’ont
poussé au crime.
Gao Zehao exemplifie les écueils qui guettent les
réalisateurs chinois d’aujourd’hui, coincés entre le
désir d’expression et la loi du marché, et bridés
par les exigences de producteurs devenus
investisseurs. |
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Jia Xiaoguo dans le
rôle de Ping Ge |
Notes
(1) Sur le Beijng First Film Festival et sa 4ème édition,
voir :
http://www.chinesemovies.com.fr/actualites_22.htm
(2) Interrogé sur la récurrence des faux raccords dans son
film, Gao Zehao a expliqué que c’est parce que c’est une
invention de Godard et qu’il pensait que cela plairait aux
critiques, sinon au public, français.
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