|
Han Jie 韩杰
Né en 1977
Présentation
par Brigitte Duzan,
26 mai 2012
Né en 1977
dans le Shanxi, Han Jie (韩杰)
a fait des études de production cinématographique et
télévisée à l’université normale de Pékin, où il a
réalisé son premier court métrage, « New Year », en
2002.
Puis il a
travaillé comme chef opérateur sur quelques
productions indépendantes, et en particulier comme
assistant de Jia Zhangke pour trois de ses films :
« The World » (《世界》) en 2004,
« Still
Life » (《三峡好人》)
en 2006, et « Wuyong » (《无用》)
en 2007.
D’après ses propres dires, c’est Jia Zhangke
lui-même qui l’a poussé à réaliser ses propres
films.
1. Il a
réalisé son premier long métrage en 2006 , « Walking
on the Wild Side »
(《赖小子》),
qui a été présenté au festival de la Rochelle.
|
|
Han Jie |
Trois adolescents
errent dans une ville triste en se réfugiant de temps en
temps dans la cabine d’un camion. Un jour, l’un deux ayant
abusé d’une étudiante, les amis de la jeune fille veulent la
venger ; l’un deux finit à l’hôpital, entre la vie et la
mort. Les trois jeunes prennent la fuite, commençant une
dérive qui se terminera mal.
Walking on the Wild
Side |
|
Débutant
par une séquence en noir et blanc qui semble sortir
d’un western, le film conserve l’esprit du western
même quand il passe ensuite à la couleur. Les trois
jeunes ressemblent à des cow-boys ; ils se
retrouvent sur la route après leur méfait, l’un
d’eux part bientôt avec la voiture et l’argent, et
les deux autres, trahis, sont éliminés.
Mais Han
Jie a soigné son style plus que son histoire
elle-même, ou plutôt l’histoire ne vaut que par le
style : après l’introduction en noir et blanc, le
film est bâti autour de la séquence dramatique du
règlement de compte, filmée au ralenti, comme si le
temps s’arrêtait, et que celui qui allait reprendre
ne serait plus jamais le même. Enfin, le film passe
en accéléré vers la fin, les événements se
précipitant jusqu’au dénouement final.
|
Aucun des
personnages n’est sympathique, la ville est grise, l’avenir
incertain... Mais le film laisse curieux de la suite.
Bande annonce
2. En 2008, Han Jie a ensuite réalisé le court métrage « Being and Nothingness »
qui fut l’un des cinq sélectionnés pour l’exposition « Dans
la ville chinoise » à Paris (1). Han Jie parlait de Shanghai
tandis que Jia Zhangke a présenté pour sa part un court
métrage sur Suzhou : « Cry Me a River » (《 河上的爱情》).
« Being and
Nothingness », ou « L’être et le néant »,
a pour
personnage principal une jeune femme qui travaille
pour un promoteur immobilier : elle fait visiter les
appartements témoins « avec vue directe sur le site
de l’Exposition universelle de 2010 ». Le promoteur
l’a remarquée, et lui envoie tous les jours un
bouquet de fleurs. Il finit par lui annoncer qu’il a
lui-même acheté un appartement, et qu’il a besoin
d’elle pour l’aider à choisir le mobilier, et en
particulier le lit. Il en choisit un d’un style
nouveau riche chinois clinquant mais solide : 38 000
yuan, pas de problème, il a le chéquier prêt, la
bulle immobilière, il n’en a pas entendu parler. En
rentrant, dans la voiture, il lui glisse les clés de
l’appart’ dans la main, il a le visage rond et
adipeux, et des petites mains rondouillardes.
Pourtant,
elle a un petit ami, tout jeune et beau comme un
|
|
Dans la ville chinoise |
dieu (c’est Lu
Yulai, le jeune juge A Luo dans
« Le
dernier voyage du juge Feng »),
mais qui travaille dans un bar : les fins de mois ne sont
forcément pas les mêmes, le lit non plus. Le choix est là :
le titre du film, en chinois, est
《床》,
le
lit. …
3. Malgré les
attentes, le second long métrage de Han Jie, en 2011,
ne remplit pas les promesses du premier ;
« Hello,
Mr Tree » (《Hello,树先生》)
a pourtant été primé au festival de Shanghai en juin 2011 :
prix du meilleur réalisateur et grand prix du jury.
Présentation de Mr
Tree au festival de Shanghai
(de g, à d. : Wang Baoqiang, l’actrice Tan Zhuo,
Han Jie, Zhao Tao et
Jia Zhangke) |
|
Avec ce
film, le contenu prend le pas sur la forme, et les
recherches stylistiques sont abandonnées au profit
d’une veine réaliste et surtout d’une teinte
surréaliste un peu forcée. En même temps, le film
est beaucoup plus tourné vers le grand public, et le
box office, une grande partie de son impact
provenant du jeu de l’acteur très populaire
Wang Baoqiang (王宝强),
dans un rôle, pourtant, où il ne convainc pas
totalement.
Passant du
réalisme au début, au surréalisme à la fin, le film
manque d’unité de ton, et n’a pas l’originalité du
premier. |
Reste une
très belle photographie,
signée Lai Yiu-fai, le chef opérateur de
Yu Lik-wai.
(1)
Cité de
l’architecture et du patrimoine, au Trocadéro à Paris, 18
juin–19 septembre 2008. L’exposition comportait des courts
métrages sur cinq grandes métropoles chinoises.
|
|