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Yu Lik-wai
余力为
Présentation
par Brigitte Duzan, 1er septembre 2016
Directeur de la photographie, réalisateur et
producteur, Yu Lik-wai est depuis ses débuts un ami
et proche collaborateur de
Jia Zhangke,
mais il a aussi été proche de cinéastes et
scénaristes autour de
Zhang Yang (张扬)
qui ont participé au début des années 2000 à un
courant de cinéma chinois que l’on peut qualifier
d’auteur.
Directeur de la photographie
Né en août 1966 à Hong Kong, Yu Lik-wai a fait ses
études en Belgique, à l’Institut supérieur des Arts
du Spectacle (INSAS) dont il est sorti en 1994 avec
un diplôme en cinématographie.
Il est d’abord un grand directeur de la
photographie. Il est connu pour être celui qui a
signé la photo de tous les grands films de
Jia Zhangke,
de « Xiao Wu » (《小武》)
en 1997 à |
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Yu Likwai |
« The
Hedonists» (《营生》)
en 2016, avec des images quasi mythiques restées dans
l’histoire du
Avec Jia Zhangke sur
le tournage de Xiao Wu |
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cinéma chinois. Leur
collaboration s’est étendue aussi au domaine de la
production puisque, en 2003, ils ont fondé ensemble
la société de production Xstream Pictures
.
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Mais il a travaillé aussi avec d’autres cinéastes,
et en particulier avec
Ann Hui (许鞍华)
à partir de 1999 :
Films d’Ann
Hui
许鞍华
1999 Ordinary Heroes
《千言万语》
2006 The Postmodern Life of My Aunt
《姨妈的后现代生活》
2011
A Simple Life
《桃姐》 |
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Platform |
Autres
Réalisateur
1. Au départ, Yu Lik-wai pensait cependant être metteur en
scène. Il a réalisé un premier film dès son retour à Hong
Kong, avant « Xiao Wu ». Achevé en 1996, il s’agit d’un
documentaire de 46 minutes, « Neon
Goddesses »
(《美丽的魂魄》),
sur trois jeunes femmes venues à Pékin tenter leur chance et
devenues hôtesses de bar.
Neon Goddesses |
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Yu Lik-wai se refuse à trop en dire sur elles, on
sait juste que la première a laissé sa petite fille
au village quand elle est partie, elle lui cherche
une nounou ; la seconde est essentiellement perdue
dans la ville ; la troisième tente de sortir de
l’emprise de la drogue, et raconte comment son
copain a volé pour venir la voir et s’est fait
prendre… des bribes de vies sans importance, mais Yu
Lik-wai a monté ces scènes sur un fond musical : la
très belle voix d’une autre femme qui relie les
récits en suscitant une émotion latente. Ce serait
en entendant cette chanteuse que l’idée du
documentaire lui serait venue. |
La chanson
《美丽的魂魄》
: http://www.kuwo.cn/yinyue/628792
En fait, le film fut présenté au second festival indépendant
de courts métrages et vidéos de Hong Kong, en même temps que
« Xiao Shan Going Home » (《小山回家》)
de
Jia Zhangke, et c’est à cette occasion que
YuLik-wai fit sa connaissance –
ainsi que celle de Chow
Keung et de Li Kit-ming, revenus l’un de New York et l’autre
de Paris, qui resteront proches collaborateurs de
l’un et de l’autre.
En attendant, Yu Lik-wai partagea avec Jia Zhangke une
commune passion pour Robert Bresson, et ils nouèrent une
amitié fondée sur les mêmes critères esthétiques. Ils ont
commencé à travailler ensemble tout de suite, sur les trois
premiers films de Jia Zhangke, et d’abord sur « Xiao Wu »,
première collaboration aussi avec la société de production
Hutong Communications de Li Kit-ming, fondée en 1996.
2. Yu Lik-wai écrit et réalise son second film en
1999 : « Love Will Tear Us Apart » (《天上人间》),
interprété par Tony Leung Ka-fai (梁家辉)
et Lü Liping (吕丽萍).
Les producteurs sont Tony Leung Ka-fai et
Stanley Kwan,
et la photographie est signée Andrew Lau – le futur
réalisateur d’« Infernal Affairs ».
Sur un mode narratif semblable au précédent, le film
suit les parcours croisés de plusieurs personnages
qui semblent des émules hongkongais des « Beijing
Bastards » (《北京杂种》)
de
Zhang Yuan (张元) :
l’un vend des films pornographiques, un autre répare
des ascenseurs, une jeune femme, venue de Wuhan, se
prostitue pour survivre tandis qu’une autre (la
compagne du premier), plus âgée, doit se contenter
d’accompagner les clients d’un grand restaurant d’un
étage à l’autre, dans l’ascenseur… |
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Love Will Tear Us
Apart |
C’est le regard de la nouvelle venue de Wuhan qui lie ces
fragments d’existence dont la caractéristique essentielle
est qu’il y a bien peu de choses à en raconter, tout est
dans la manière de le faire. Le style est hyperréaliste, le
son est même enregistré en direct, tout est dans le flash
des images. L’une des originalités est le thème de
l’ascenseur, répétitif et lancinant, mais régulièrement en
panne, comme toutes ces vies misérables, comme la croissance
qui n’en finit pas d’avoir des ratés, comme l’avenir qui
n’est pas plus enthousiasmant.
En fait, le film est à replacer dans la vague de
déprime et de pessimisme, reflétée par la
littérature comme le cinéma, qui a précédé et suivi
la rétrocession de Hong Kong à la Chine populaire en
1997. Le film est sorti en mai 1999, en sélection
officielle, au festival de Cannes, et a obtenu le
prix FIPRESCI au Festival de Hong Kong.
3. C’est un film de science-fiction qu’écrit et
réalise ensuite Yu Lik-wai : « All Tomorrow’s
Parties » (《明日天涯》),
sorti en 2004, avec
Diao Yinan (刁亦男)
dans l’un des rôles principaux
.
Le film est monté par Chow Keung et coproduit par Li
Kit-ming, avec Jia Zhangke comme producteur associé.
C’est une « dystopie post-apocalyptique », selon les
termes de Derek Elley, qui se passe au 21ème
siècle dans une Chine néo-maoïste où les villes sont
en ruine, mais où fleurissent |
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All Tomorrow’s Parties |
les camps. L’image est très belle, avec des jeux de lumière
dans un monde opaque, d’une esthétique glaçante. Le film a
été présenté au festival de Cannes en mai 2003, dans la
section Un certain regard.
4. Après la science-fiction, Yu Lik-wai a investi le
genre du thriller avec« Plastic City » (《荡寇》),
sur un scénario signé
Liu Fendou (刘奋斗)
.
C’est une coproduction Brésil-Chine-Japon-Hong Kong,
où Xstream est l’un des principaux partenaires.
L’histoire se passe dans un quartier populaire -
asiatique - de São Paulo : une histoire de trafic
de contrefaçons dans un chaos urbain où les
immigrants asiatiques contrôlent une organisation
aux ramifications internationales.
C’est une tentative de dépasser le genre typique du
cinéma de Hong Kong, avec une coproduction sensée
ouvrir simultanément les marchés chinois, japonais,
coréens, et brésiliens, avec des affiches ciblées et
des sous-titrages complexes. Malgré Anthony Wong
dans le rôle principal, cependant, le film se perd
dans les méandres de la mégapole brésilienne, et Yu
Lik-wai avec lui. « Plastic City » a été présenté à
la Biennale de Venise en août 2008, puis au |
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Plastic City (affiche
chinoise) |
festival de Toronto en septembre, sans susciter beaucoup
d’échos positifs.
Yu Lik-wai est revenu depuis lors à la photo.
Xstream a produit les films de
Jia Zhangke à
partir de « The World » en 2004, mais aussi
« Plastic City » (《荡寇》),
réalisé par Yu Lik-wai en 2008, plus trois autres
films : « Walking on the Wild Side » (《赖小子》),
de
Han Jie (韩杰)
en 2006, « Perfect Life » (《完美生活》)
d’Emily Tang (Tang Xiaobai唐晓白)
en 2008 et « Forgetting to Know You » (《忘了去懂你》)
de Quan Ling (权聆)
sorti en 2014.
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