Lin Nong est l’un des grands réalisateurs chinois
des années 1950/60, qui a même tourné pendant la
Révolution culturelle.
De son vrai nom Su Duoze (粟多泽),
Lin Nong est né en 1918 (ou 19) dans le district de
Nanchong (南充),
dans le Sichuan. Fils d’une famille paysanne, il n’a
pas pu faire d’études ; il est allé dans une école
privée pendant une brève période, mais il a dû
arrêter pour aider sa famille. Il n’a pu étudier
qu’à l’âge de 17 ans, dans une école d’agriculture
et de foresterie, car les frais d’études étaient
pris en charge par l’Etat. Mais cela ne
l’intéressait pas et il n’a pas obtenu son diplôme.
Acteur de théâtre et professeur
En 1937, au début de la guerre sino-japonaise, il
part à Chongqing et c’est là qu’il prend le nom de
Lin Nong (林农)
en combinant le patronyme de sa mère, Lín,
qui veut aussi dire
Lin Nong
forêt, et le caractère nóng signifiant
paysan/agriculture – c’est-à-dire les deux volets
del’enseignement de son école.
For the Motherland
En 1938, il part à Yan’an où il participe à
plusieurs organisations politiques et se met à
l’étude de la révolution qu’il décide de soutenir en
devenant artiste. Il est admis à l’Institut Lu Xun
des Beaux-Arts (鲁艺文学院),
où il apprend à la fois le métier d’acteur et la
mise en scène. Après la guerre, il commence une
carrière d’acteur de théâtre, dans les grandes
pièces classiques de l’époque : « L’orage » (《雷雨》)
de Cao Yu (曹禺),
« La Fille aux cheveux blancs » (《白毛女》),
etc…
Pendant cette période, il écrit un livre sur le
théâtre : « Notes d’acteur » (《演员手记》),
mais sa principale activité est l’éducation des
acteurs. Il donne des cours à l’Institut Lu Xun et
joue avec ses élèves.
Du théâtre au cinéma
Il commence sa carrière cinématographique en 1948,
dans le premier studio de cinéma ouvert en
Mandchourie. En 1949, il participe pour la première
fois à la réalisation d’un film, « Save the
Country » ou « For the Motherland » (《卫国保家》)
réalisé par Yan Gong (严恭).
L’année suivante, il participe à la réalisation d’un
film sur un camp de prisonniers du Guomingdang dans
lequel il interprète aussi un rôle secondaire : « Le
camp de Shangrao » (《上饶集中营》),
coréalisé par
Sha Meng (沙蒙)
et Zhang Ke (张客).
Le camp de Shangrao
A Wave of Unrest
En 1954, il coréalise deux films avec
Xie Jin (谢晋) :
« Une vague de troubles » (《一场风波》)
avec l’actrice Shu Xiuwen (舒绣文),
aux côtés des acteurs Pu Ke (浦克)
et Sun Zheng (孙铮),
et « La jeune belle-sœur » (《小姑娘》).
Puis, en 1955, il coréalise avec Zhu Wenshun (朱文顺)
« Les Mystérieux compagnons de route » (《神秘的旅伴》),
adapté de la nouvelle de Bai Hua (白桦)
« Une caravane de chevaux sans clochettes » (《一个无铃的马帮》).
Les Mystérieux compagnons de route
The Daughter of the
Party
En 1958, son film « La Fille du Parti » (《党的女儿》)
a un certain succès, mais c’est en 1962 que Lin Nong
réalise son film le plus célèbre : « La Bataille
navale de 1894 » (《甲午风云》),
avec Li Moran (李默然)
dans le rôle du héros Deng Shichang (邓世昌),
Pu Ke (浦克),
Zhou Wenbin (周文彬),
etc…
Deux ans plus tard, en 1964, il réalise « La Cité
assiégée » (《兵临城下》),
avec à nouveau Li Moran. Mais le film traite d’une
figure importante du Guomingdang et lui vaut de
sérieux problèmes politiques. Il ne reviendra
derrière la caméra que dans la seconde moitié de la
Révolution culturelle.
La Bataille navale de 1894 (avec sous-titres anglais)
En 1973, il réalise « Bright Sunny Skies » (《艳阳天》),
un film sur la lutte des classes au moment de la
collectivisation, en 1956, ainsi que « The Golden
Way » (《金光大道》).
Les deux films sont adaptés d’un roman de de Hao Ran
(浩然).
Le premier est le plus célèbre, inspiré d’un roman
éponyme en trois volumes publiés entre 1964 et 1966
[1].
C’est l’un des premiers films à avoir été réalisé au
moment du timide dégel du début des années 1970,
Après la Révolution culturelle, en 1979, il
coréalise « Dadu River » (《大渡河》)
avec Wang Yabiao (王亚彪).
Son dernier film date de 1984 : « Dancing with the
Flames » (《跳动的火焰》).
Il était le produit typique de son époque : il
considérait qu’un film réussi était le résultat d’un
bon travail d’équipe, d’où le nombre de films qu’il
a coréalisés. La plupart de ses films sont des films
historiques et des films traitant de minorités
nationales. Il a toujours recherché le naturel et la
sincérité.
Il est mort en 2002.
[1]
Hao Ran est le seul
écrivain chinois qui a continué à publier pendant la
Révolution culturelle.
Sur
Hao Ran, son œuvre et ses adaptations
cinématographiques, voir
chineseshortstories (à venir)