|
Wang Qi 汪崎
Présentation
par Brigitte Duzan, 26 août 2015
Wang Qi est un jeune réalisateur de la génération
post-80. Il a vécu à l’étranger jusqu’en 2010, puis,
à la fin de ses études, est rentré en Chine réaliser
son rêve : faire des films. Wang Qi, c’est Candide
en Chine.
Sa première réalisation, le court métrage « Caochang »,
ou « Schoolyard» (《操场》),
a été sélectionné en février 2012 à la 62ème
Berlinale (section Generation Kplus). En 2015, son
second long métrage fait partie de la sélection des
premières œuvres en compétition au
Festival des
films du monde de Montréal.
L’école comme microcosme de la société
Né à Pékin, Wang Qi a grandi à Tokyo, est allé en
Grande Bretagne à partir du secondaire, est revenu
en Chine en 2010 et a commencé à faire des films
tournés vers une peinture réaliste de la société.
|
|

Wang Qi |
2012: Caochang

Caochang/Schoolyard |
|
Il a conçu l’idée de son premier court métrage en 2010, à la fin de ses
études. Il n’avait aucune formation ni expérience,
mais il a eu l’occasion de participer au tournage
d’un film commercial, en tant qu’assistant du
réalisateur. Privilégiant des histoires vraies,et
cherchant un sujet, il est allé parler avec un ami
scénariste. Dans le cours de la discussion, celui-ci
lui a raconté une histoire qui était arrivée dans sa
classe quand il était petit. Wang Qi avait trouvé
son sujet.
Le court métrage raconte un incident intervenu dans la cour de
récréation d’une école, dans les années 1990 à
Shanghai : alors qu’un enfant veut faire une blague,
l’une de ses camarades est sérieusement blessée. Il
n’y a qu’un autre écolier pour essayer de lui venir
en aide, mais son sens des responsabilités est pris
dans le tumulte qui s’ensuit et détourné ; parents
comme enseignants ont un autre sens de la réalité,
dans un univers où la différence entre noir et blanc
a tendance à s’estomper. |
Ce premier film, très court (17’), affirme déjà un style. Sous
l’influence avouée de
Tsai Ming-liang, entre
autres, Wang Qi l’a tourné en un seul plan-séquence, ce qui
donne une forte impression de réalité quasi-documentaire,
accentué par le fait que les acteurs ne sont pas
professionnels. Il avait préparé des dialogues, mais
finalement ceux du film sont spontanés.
2013 : Auditeur libre
Après le festival
de Berlin,
Wang Qi a eu le désir de
tourner un
premier long
métrage. Mais il a d’abord réalisé trois très courts
métrages (微电影),
puis
il a participé à une création de théâtre parlé multimédia,
avec des camarades d’université revenus comme lui
d’Angleterre.
C’est ensuite qu’il tourné son premier long métrage,
« Auditor » (《旁听生》),
qui peut être considéré comme une suite de
Caochang. D’ailleurs les deux films ont été
présentés ensemble en décembre 2014 à la Fringe
Film+Video Exhibition de Shenzhen (2014深圳电影+影像展).
Un étudiant, Weinan
(魏楠), revient de l’étranger, et entre comme auditeur
libre dans l’université dont son père est proviseur.
Il doit faire un mémoire en sciences sociales. C’est
le moyen que son |
|

Auditor |
père a jugé idéal pour le
réintégrer dans le système universitaire chinois. Dans le
cours de son travail, il fait la connaissance d’autres
étudiants comme lui et d’un professeur. L’université lui
semble un modèle réduit de la société, et il reste
« auditeur libre », observateur en marge.
Le sujet est évidemment largement autobiographique, mais
Wang Qi poursuit avec ce film sa recherche stylistique. Il
affirme être fasciné par Nagisa Oshima et Michael Haneke, ce
dernier pour son caractère hermétique. Il apparaît surtout
comme un disciple inavoué de
Jia Zhangke dans sa recherche de réalisme
et son regard critique sur la société.
2015 : Funérailles

The Funeral |
|
L’école était un microcosme offrant une peinture de
la société, les funérailles en sont un autre. Avec
son second long métrage, « The Funeral » (《初一》),
Wang Qi poursuit son analyse.
Le sujet part encore d’un regard extérieur posé sur
la société : une femme revient en Chine pour la
première fois depuis la Révolution culturelle…
|
The Funeral,
Trailer
En cinq ans, de Berlin à Montréal, Wanq Qi s’affirme comme
l’un des réalisateurs d’un nouveau cinéma chinois
indépendant qui tente de s’ouvrir un espace de libre
création au sein d’une « industrie » tournée vers le
divertissement grand public.
|
|