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« The Message » : un
film d’espionnage adapté d’un roman de Mai Jia
par Brigitte
Duzan,
6 juin 2009,
révisé 29 août 2012
Production
des Huayi Brothers (华谊兄弟),
associés aux studios de Shanghai (上影集团),
« The
Message » (《风声》 fēngshēng,
littéralement, le bruit du vent) a été présenté en
mai 2009 au festival de Cannes, et réunissait au
départ des atouts de taille pour devenir un gros
succès au box office
Une
production qui n’a pas lésiné sur les détails
Le film se
passe en 1941, pendant l’occupation japonaise. C’est
un film d’espionnage historique, ce qui est assez
rare en Chine pour être mentionné (1). Les
producteurs ont fait des efforts particuliers pour
reconstituer l’ambiance des années de guerre, et les
moindres détails des décors et des costumes ont été
soignés ; les costumes eux-mêmes sont signés Timmy
Yip (叶锦添),
qui fut, entre autres, le directeur artistique du
film d’Ang Lee
« Tigre et
Dragon » (《卧虎藏龙》). |
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The Message |
Le site
lui-même a été soigneusement choisi. Il s’agit d’un
promontoire rocheux dominant la mer, aux environs
immédiats de Dalian. La ville est, en effet, située
tout au sud de la province du Liaoning, entre la mer
de Bohai et la mer Jaune, au bout de la péninsule du
Liaodong, dans une région qui offre de superbes
falaises, à pic sur la mer. Le site choisi renforce
l’impression de danger imminent que l’on est censé
ressentir tout au long du film. Comme le montre
l’une des affiches, tout en haut du promontoire est
perchée une villa qui semble sortie d’un film de
Hitchcock (on pense à
« Psychose »).
Les
producteurs ont déclaré avoir engagé, en
particulier, des équipes américaines spécialisées
dans les prises de vue aériennes.
Une
adaptation d’un bestseller
Les Huayi
Brothers ont payé un million de yuans pour les
droits d’adaptation du roman |
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Atmosphère à la
Hitchcock |
« Rumeurs » ou
« Le bruit du vent » (《风声》),
dernier volet d’une trilogie de
Mai Jia (麦家)
(2).
Zhang Jialu |
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Mai Jia
est resté pendant longtemps dans une relative
obscurité. Engagé dans l’armée à dix-sept ans, il
décrit dans ses romans un univers qui a été le sien.
Ce qui l’a rendu célèbre, c’est l’adaptation
télévisée, en 2005, du roman précédant « Rumeurs »,
« Complot secret » (《暗算》),
roman qui a, en outre, été couronné du prix Mao Dun
en 2008, avant d’être adapté au cinéma, en 2012 (1).
Mai Jia a lancé un genre, le cinéma a suivi.
Le roman
« Rumeurs » (《风声》)
raconte une histoire sombre d’espionnage sur fond de
guerre sino-japonaise, à la fin de 1941. La ville de
Nankin est occupée par les Japonais, et un
gouvernement pro-japonais y a été installé, celui de
Wang Jingwei (汪精卫),
où travaillent divers spécialistes chinois des
services secrets. Après plusieurs incidents et
l’assassinat d’un cadre du gouvernement Wang
Jingwei, il devient clair aux yeux des Japonais
qu’un espion travaillant |
pour la résistance
communiste s’est glissé dans leurs rangs.
Il s’agit
de déterminer de qui il s’agit. Pour cela, un groupe
de cinq suspects est arrêté ; gardés dans une villa
isolée, luxueuse et baroque, interrogés et torturés,
ils réalisent qu’ils ne s’en sortiront que lorsque
le coupable aura été trouvé. La tentation est alors
grande de clarifier la situation entre eux, pour
éventuellement livrer l’intrus et sauver leur peau…
Il est
certain qu’il y avait là un excellent matériau pour
une adaptation cinématographique. Atout
supplémentaire, le scénariste est
Zhang Jialu (张家鲁),
dont le nom n’est pas très connu, mais qui a été
co-scénariste du film de Chen Kaige sur Mei Lanfang,
« Forever enthralled » (《梅兰芳》).
Un casting hors pair
Le film a
été coréalisé par
Gao Qunshu (高群书)
et le |
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Mai Jia |
réalisateur taiwanais
Chen
Kuo-Fu
(陈国富),
double réalisation qui devrait assurer de bons résultats au
box office sur le continent comme à Taiwan.
Ils ont
choisi pour les rôles principaux sept des meilleurs
acteurs chinois du moment :
- Zhang
Hanyu (张涵予),
célèbre en particulier pour son rôle dans le film de
Feng Xiaogang (冯小刚)
« Assembly »
(《集结号》),
en 2008, interprète le chef du réseau, Wu Zhiguo (吴志国) ;
-
Huang
Xiaoming (黄晓明)
interprète le rôle d’un espion japonais, sombre et
laconique ; heureusement, car l’acteur a dû répéter
jour et nuit les |
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Les suspects |
quelques lignes de
ce qu’il doit dire en japonais ;
- Wang
Zhiwen (王志文) et
Ying Da (英达)
sont deux membres des services spéciaux soupçonnés ;
Ying Da s’est vu ajouter, comme d’habitude, un petit
ventre qui va bien avec son visage rondouillet ;
-
enfin
l’ancien chanteur de kunqu Alec Su (ou Su
Youpeng
苏有朋)
interprète un secrétaire de section.
Mais il
faut bien dire que ce sont les deux interprètes
féminines qui ont surtout attiré l’attention et les
suffrages du public : Zhou Xun (周迅)
et Li
Bingbing (李冰冰).
Elles ont
des rôles particulièrement difficiles, qui
comportent des épisodes de torture et de violence.
Li Bingbing, en particulier, qui est, dans le film,
la supérieure hiérarchique de Zhou Xun, a été
soumise pendant le tournage à un traitement
éprouvant : elle devait, pour la première fois de sa
vie, boire et fumer, car son rôle est celui d’une
alcoolique en perpétuel état d’ébriété.
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Zhou Xun |
Quoi qu’il en
soit, les deux actrices ont affirmé que c’était le rôle de
leur vie…
Mais un peu trop
d’emphase…
Réflexion |
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Ce qui donne malheureusement le ton du film, c’est
le slogan qui figure sous le titre, sur l’affiche :
« When
humanity is at test, legends are being made. »
Sans autre commentaire, cela donne une idée de
l’emphase, voire de la raideur, qui a présidé à la
conception du film. En dépit de tous les atouts
réunis, on est loin de la subtilité, de la grâce de
Hitchcock. |
Un décor raffiné |
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Le film :
http://video.sina.com.cn/m/fsh_61122137.html
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