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Bai Guang
白光
Présentation
par Brigitte Duzan, 20
novembre 2014
Bai Guang est une célèbre actrice et chanteuse qui a
commencé sa carrière au début des années 1940 à
Shanghai pour la poursuivre à Hong Kong après 1949.
Célèbre, elle l’est à plus d’un titre : comme
actrice, elle est la femme fatale type du cinéma
chinois de l’époque, belle et charismatique, ange
damné, mais d’une profonde humanité ; souvent filmée
étendue, dans des positions langoureuses, elle a
souvent été comparée à Marlène Dietrich.
Comme Marlène aussi, sa renommée tient en grande
partie à sa voix : tous ses rôles comportent des
séquences chantées, et les |
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Bai Guang |
chansons interprétées dans ses films sont souvent plus
célèbres que les films eux-mêmes : elles ont été
enregistrées et restent des succès populaires.
Bai Guang est restée à jamais dans l’histoire du cinéma
chinois « la séductrice de toute une génération » (ou la
femme fatale de toute une époque) (一代妖姬),
un de ses rôles les plus célèbres.
Shanghai, années 1940
Etudes de théâtre et de musique

Tamaki Miura |
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De son vrai nom Shi Yongfen (史永芬), Bai
Guang est
née en juin 1920 à Beiping (北平),
comme s’appelait alors Pékin. Le hasard veut que
deux autres grandes actrices et chanteuses chinoises
portant le même patronyme soient nées la même année
à Beiping : Bai Hong (白虹)
et Bai Yang (白杨).
Bai Guang est donc parfois appelée, de manière
typiquement chinoise, « l’une des trois Bai de
Beiping » (“北平三白”之一).
Elle a d’abord reçu une formation classique
d’actrice de théâtre, dans la troupe dite « de
salon » de Beiping (北平沙龙剧团)
où elle est réputée avoir joué le rôle de Xiao
Dongxi (小东西)
dans la pièce de Cao Yu (曹禺)
« L’Aurore » (《日出》).
En 1937, elle entre à l’Université chrétienne pour
filles de Tokyo pour faire des études artistiques,
et, parallèlement, suit des cours de chant. Son
professeur est la première cantatrice japonaise à
avoir fait une carrière internationale, la première
à avoir chanté au Met à New York : la soprano
Tamaki Miura. |
Comme, à cause de la guerre, les concerts et représentations
d’opéra étaient interdits à Tokyo, elle y a ouvert une école
de chant. Née en 1884, c’était déjà une grande dame de
l’opéra, célèbre pour son interprétation de madame
Butterfly, opéra qu’elle a chanté pour la première fois à
Londres, en 1911. Puccini lui-même dira qu’elle était la
cantatrice idéale pour chanter son opéra. Elle formera non
seulement Bai Guang, mais aussi Li Xianglan (李香兰).
L’air le plus célèbre de Madame Butterfly, Un bel di
vedremo, par Tamaki Miura
En 1938, celle qui s’appelle encore Shi Yongfen joue dans un
film japonais de propagande, « La voie de la douceur
asiatique » (《东洋平和之道》),
film sans intérêt, mais qui lui fait faire la connaissance
d’un homme avec lequel elle a une brève liaison ; quand il
est condamné pour trahison, en 1943, Yongfen rentre en
Chine, à Shanghai, et c’est un tournant dans sa vie.
Depuis longtemps, son rêve est de faire du cinéma, son autre
passion avec le chant. Elle déclare vouloir irradier la
lumière sur l’écran comme celle, éblouissante, diffusée par
les projecteurs, ce qui est, selon elle, le fondement même
du cinéma. D’où son nom d’actrice : Bai Guang
白光,
littéralement "lumière blanche", mais une radieuse clarté
avec tout le signifiant implicite du caractère guang :
la splendeur et la gloire.
Débuts à Shanghai en 1943
Elle fait ses débuts au cinéma, à Shanghai en 1943, en
travaillant dans les studios japonais : au studio Zhonglian
(中华联合制片公司
ou
“中联”),
résultant de la fusion par les Japonais d’une douzaine de
studios de Shanghai avec leur propre studio, le studio
Zhonghua (中华) ;
elle passera ensuite au Huaying (“华影”)quand
les Japonais regrouperont sous ce nom les activités de leur
studio de Mandchourie avec celles du Zhonglian à Shanghai.
D’emblée, ce sont quatre films qu’elle tourne en cette année
1943
1. Le premier - « Love Peas of the South » (《红豆生南国》),
écrit et réalisé par
Wen Yimin (文逸民)
–
est un film mineur dans la longue carrière du
réalisateur, mais déterminant pour celle de
l’actrice, car il la campe dès l’abord dans le type
de rôle dont elle ne réussira pas à s’affranchir par
la suite : celui d’une beauté monnayant ses charmes,
séductrice en diable, chanteuse et danseuse ; mais,
elle apporte une subtile nuance à ce
personnage classique : sous des dehors tapageurs et
aguichants, elle apparaît d’un naturel pourtant bon.
2. Son second rôle ne lui donne guère les moyens
d’affirmer son talent. Le film est pourtant réalisé
par
Li Pingqian, (李萍倩),
mais Bai Guang y apparaît dans un rôle de séductrice
(“女妖”)
un peu superficiel, face à celui de l’épouse,
interprétée par Chen Yunshang (陈云裳),
l’actrice rendue célèbre par son rôle dans le grand
succès de
Bu Wancang (卜万苍)
en 1939, « Mulan s’enrôle dans l’armée » (《木兰从军》).
On a une critique du rôle de Bai Guang dans un essai
de Zhang Ailing (张爱玲)
publié en 1945 dans le recueil « Ecrit sur l’eau » (Liu
Yan
《流言》).
C’est au chapitre intitulé « A la lumière de la
lanterne d’argent » (《借银灯》)
(1) et la critique prend un mordant particulier
sous la plume de l’écrivain que ses collègues
masculins dauberont aussi bien « la séductrice des
lettres de Shanghai » (“海上文妖”)
:
« Dans « Struggle for Spring », Nancy Chen [ou Chen
Yunshang] interprète son rôle d’épousehéroïque dans
un style d’étudiante effusive ; quant au rôle de Bai
Guang, il est limité par ses lignes de dialogues ;
elle interprète une vamp étonnamment honnête, mais
est réduite à tendre régulièrement son verre en
répétant : « Allons, buvons ! » ; elle tente bien de
rompre la monotonie du rôle par des regards
aguichants, mais ses efforts semblent quelque peu
forcés. »
C’est évidemment l’écueil de ce genre de rôle. Mais
Li Pingqian |
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Struggle for Spring

Couverture de
l’enregistrement des chansons du film Struggle for
Spring |
a compensé les déficiences des dialogues en offrant à Bai
Guang une séquence musicale dont la chanson, elle, va
devenir célèbre et lancer l’actrice, qui sera désormais
inséparable de la chanteuse.
La chanson "Tao Li Zheng Chun" interprétée par Bai
Guang
3. Les deux autres films où elle joue, cette même année
1943, sont de même remémorés surtout pour leurs chansons. Le
succès de Bai Guang dans ce domaine tient en grande partie à
la tessiture de sa voix : une voix plutôt de mezzo, rare à
une époque où la plupart des chanteuses avaient des voix
aigües.

1943 : enregistrement
de la chanson
The Fire of Love |
|
Cela lui vaudra d’être appelée « la reine de la voix
grave » (低音歌后),
ce qui la distingue des six autres grandes
chanteuses/actrices chinoises des années 1940, dont
les trois premières étaient devenues célèbres dans
la décennie précédente :
Zhou Xuan (周璇),
la Voix d’Or (金嗓子), Gong
Qiuxia (龚秋霞),
Bai Hong (白虹.),
Yao Lee (姚莉), Li
Xianglan (李香兰), Wu
Yingyin (吴莺音).
C’est la grande période où les films chinois sortent
avec des chansons qui les rendent populaires, tout
comme leurs actrices. Le cinéma chinois a mis
longtemps à maîtriser et développer le son ; il
l’utilise ensuite pour intégrer la musique, souvent
enregistrée en disques dont la technique, importée,
se développe en même temps. Bai Guang arrive à
point. |
La chanson du film « The Fire of Love » ou « Les feux de
l’amour »,
musique de Chen Gexin (陈歌辛) :
Lian Zhi Huo《恋之火》
4. Mais, si son quatrième film de l’année n’est pas
mémorable, il est important car c’est sa première
collaboration avec le grand réalisateur avec lequel
elle va faire quelques-uns de ses meilleurs films :
Yue Feng (岳枫).
1944-1948 Transition
C’est justement avec Yue Feng qu’elle tourne l’année
suivante, en 1944, un film – tourné à la Huaying -
assez typique de l’engouement pour les chansons de
film : « The Magic World of Filmdom » -
litttéralement "des milliers |
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Bai Guang avec Wang
Danfeng pendant la guerre à Shanghai |
d’années dans la mer d’argent", entendez le cinéma (《银海千秋》).

The Dream of a
Butterfly |
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Le scénario est de Zhang Shankun (张善琨),
le principal cinéaste qui a participé à la création
de la Zonglian en collaborant avec les Japonais, ce
qui lui vaudra d’être l’un des premiers à partir à
Hong Kong à la fin de la guerre. Son travail est
très simple ; le film est une
série de numéros musicaux, comportant quarante
chansons, avec les grandes stars du moment, |
dont, outre Bai Guang : Hu Die (胡蝶),
Zhou Xuan (周璇),
Li Lihua (李丽华),
Li Xianglan (李香兰),
Chen Yanyan (陈燕燕)…
On est là au niveau zéro du scénario, c’est du pur
divertissement en chansons.
Après un film policier, Bai Guang tourne dans deux
films en 1948 : un film inspiré de « Rebecca », le
film
de Hitchcock d’après le roman de Daphné du Maurier :
« The
Dream of a Butterfly » (《蝴蝶梦》) ;
puis un film de l’écrivain devenu réalisateur
Tang Shaohua (唐绍华),
aux côtés deson amie Wang Danfeng (王丹凤) :
« A Diamond Ring » (《珠光宝气》).
Mais c’est à Hong Kong, où elle part en 1949, que sa
carrière prend un nouvel élan, d’abord grâce à Yue
Feng, puis grâce à
Li Pingqian.
|
|

Les dix grandes stars
de Hong Kong à la fin des années 1940/début des
années 1950, de dr à g :
Wang Danfeng 王丹凤, Bai
Guang 白光, Li Lihua 李丽华,
Zhou Xuan 周璇, Hu Die
胡蝶, Chen Yunshang
陈云裳, Gong Qiuxia 龚秋霞, Chen
Juanjuan 陈娟娟, Sun Jinglu
孙景璐, Luo Lan 罗兰.
(les trois dernières
étant des interprètes de rôles secondaires) |
Hong Kong, années 1950
1949 : Yue Feng
Les deux films de Yue Feng dans lesquels elle joue en 1949
sont faits sur le même modèle : ils sont réalisés au studio
de la Grande Muraille (长城电影制片公司),
dont ce sont deux des premiers films produits, sur un
scénario écrit par
Tao Qin (陶秦),
avec le grand chef opérateur Dong Keyi (董克毅). Outre
Bai Guang, on retrouve dans les deux cas le couple Han Fei (韩非)
/Gong
Qiuxia (龚秋霞).
1. Dans le premier, « Blood-Stained Begonia » (《血染海棠红》),
Bai Guan interprète une femme démoniaque ; on
pourrait difficilement faire pire dans le genre
« serpents et scorpions » (蛇蝎女人) :
elle est l’épouse d’un petit malfrat, interprété par
Yan Jun (严俊),
qu’elle-même pousse à voler – il vole des bijoux en
laissant derrière lui un bégonia, d’où le titre ;
elle le fait condamner à la prison à vie pour vivre
avec son nouvel amant, abandonne son bébé, séduit
divers hommes, ouvre une maison close, en battant au
besoin les femmes si elles se montrent quelque peu
récalcitrantes, |
|

Blood-Stained Begonia |
et va jusqu’à faire chanter la famille qui a recueilli sa
fille pour leur soutirer de l’argent.
Yan Jun est cité en premier dans le générique, mais c’est
vraiment elle la vedette. Elle incarne le type de femme
endurcie, prête à tout, et en particulier à se servir de ses
charmes, pour obtenir ce qu’elle veut, un amant ou de
l’argent.
2. Quant au second, « A
Forgotten Woman » ou, parmi les titres anglais que
l’on trouve aussi, « An Unfaithful Woman » (《荡妇心》),
c’est le portrait d’une femme fatale – c’est le sens
littéral du titre – mais au sens où elle est marquée
par un destin fatal. Le scénario est adapté du roman
de Tolstoï « Résurrection ». Bai Guangy interprète
une prostituée accusée du meurtre de son souteneur.
Mais le film montre, en flashbacks, comme dans « Le
jour se lève », comment elle en est arrivée là.
Placée comme servante dans une riche famille, elle
était tombée amoureuse du fils (interprété par Yan
Jun). Alors qu’elle se retrouve enceinte, les
parents arrangent un mariage pour leur fils et
veulent vendre la servante, qui s’enfuit. Comme la
« Divine », elle se livre à la prostitution pour
élever son enfant. Quand celui-ci est enlevé par son
souteneur, elle l’attaque, mais tombe inanimée ;
quand elle se réveille, il est |
|

An Unfaithful Woman,
1949 |
mort, et elle va se dénoncer en pensant l’avoir tué. Le
procès est mené par nul autre que son ancien amour devenu
avocat. Elle sera acquittée et le vrai meurtrier finira par
se dénoncer. Mais elle restera déterminée jusqu’à la fin,
confiant son fils à la famille mais refusant d’y revenir.
Le film est encore l’occasion d’une mémorable séquence
musicale :
La chanson Ten Sighs
叹十声
tirée du film An Unfaithful Woman

Interview dans Movie
News, octobre 1950 |
|
Le personnage, cependant, est différent de la Divine
de
Ruan Lingyu (阮玲玉) ou
de ceux incarnés par Zhou Xuan (周璇)
: c’est une femme révoltée, victime de la société,
brimée et brisée par ses codes rigides, mais qui
conserve un idéal d’indépendance qui lui fait
refuser les compromis.
Bai Guang rêvait de s’affranchir de ces rôles, de
jouer des rôles à la Bette Davis, ou, comme Lin
Chuchu (林楚楚)
à la génération précédente ou
Gong Qiuxia (龚秋霞)
à la sienne,
des rôles du type traditionnel « bonne épouse et
mère aimante » (贤妻良母).
Elle n’en a jamais eu l’occasion.
Il ne faut pas le
regretter : les personnages féminins qu’elle a
incarnés sont uniques et d’une grande profondeur,
bien au-delà du « sexsymbol » qu’on en a parfois
fait. |
Le critique taïwanais Jiao Xiong-ping (焦雄屏)
a souligné que l’image de femme fatale de Bai Guang
cache en fait, au plus profond, une tendresse et un
amour universel de déesse mère ; il a rendu hommage
à Bai Guang comme étant une actrice d’une grande
beauté et d’une indépendance rare, dont la vie
reflète une grande solitude au milieu des événements
du monde et des dissipations de la vie,
caractéristiques qui trouvent leur origine dans la
Shanghai des années 1940. (2)
1950 : Li Pingqian et Yidai Yaoji
C’est cette image complexe qui va devenir à jamais
emblématique de ce type de personnage -femme fatale
peut-être, mais ambigu et très humain - avec le film
de
Li Pingqian (李萍倩)
tourné à la fin de la même année, et sorti début
janvier 1950, un film dont le titre va devenir le
surnom de l’actrice et dont aucune traduction
répertoriée n’est satisfaisante : « Enchanteress of
a Generation », « A Strange |
|

Pochette de
l’enregistrement de la chanson du film The Lexicon
of Love |
Woman », ou « Héroïne des années 20 » (3)
(Yidai
Yaoji《一代妖姬》).

A Strange Woman /Yidai
Yaoji |
|
Le scénario est l’œuvre de Yao Ke (姚克),
grand scénariste qui avait une prédilection pour les
sujets historiques et venait de signer le scénario
de
« L’histoire
secrète de la cour des Qing » (《清宫秘史》).
Il adapte ici, en la transposant dans la Chine des
années 1920, l’histoire de La Tosca, personnage
imaginé par Victorien Sardou mais immortalisé par
Puccini.
Nous sommes à Pékin en 1926, dans un pays livré aux
seigneurs de guerre. La Tosca est devenue Xiao
Xiangshui, littéralement Petit parfum (小香水) ;
c’est une chanteuse d’opéra (chinois), amoureuse
d’un médecin du nom de Liang Yanming (梁燕铭)
et prête à tout pour lui plaire, y compris à faire
échapper un révolutionnaire recherché par la police.
Quand le médecin est arrêté, Xiao Xiangshui se donne
au chef de la police qui promet en échange de le
libérer. Mais il ne tient pas parole et fait
exécuter son prisonnier. Se voyant trompée, Xiao
Xiangshui
se venge en tuant le policier et se suicide. |
Pour incarner cette Tosca chinoise, on ne pouvait
évidemment trouver mieux que l’élève de Tamaki
Miura. Bai Guang est irrésistible dans ce rôle où
elle retrouve, face à elle, les acteurs avec
lesquels elle a joué dans ses films précédents.
Dans la carrière de l’actrice,
Yidai Yaoji
forme comme le troisième volet d’une trilogie avec
les deux films de Yue Feng.
C’est l’apogée de sa carrière.
1950-1956 : variations sur le même thème
Actrice et chanteuse adulée, Bai Guang est
recherchée. On la voit sur les couvertures des
magazines, photographiée et interviewée.
Le problème, c’est que ce succès va l’enfermer dans
le même genre de rôle, avec peu ou prou les mêmes
acteurs dans les cinq années suivantes. Elle cherche
alors à s’en évader en |
|

New Romance of the
West Chamber, 1953 |
fondant sa propre compagnie de production et à produire ses
propres films.
1956-1959 : L’aventure de la production
En 1956, elle fonde la Guoguang Film company (国光影片公司)
avec laquelle elle va produire deux films,
co-écrits et coréalisés avec Luo Zhen/Lo Chen (罗臻),
qui joue également dans les deux films à ses côtés.
Le premier, en 1956, est « Fresh Peony » (《鲜牡丹》),
une adaptation d’un roman de Sima Sangdun (司马桑敦)
dont elle avait aimé le personnage principal,
qu’elle reprend dans son scénario : une chanteuse
d’opéra connue, poursuivie par son beau-frère, un
seigneur de guerre. On peine à comprendre qu’elle
ait voulu produire elle-même ses films pour se
camper dans un personnage qui ressemble à ceux dont
elle disait vouloir s’affranchir. |
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Publicité pour Fresh
Peony, Hong Kong 1956 |

Bai Guang à Taiwan
avec trois autres actrices célébrant l’anniversaire
de Chang Kai-chek (le 70ème en 1957 ?) |
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Quant au second film, en 1959, « Welcome, God of
Wealth ! » (《接财神》),
ilest tombé dans l’oubli. Bai Guang tourne encore un
dernier film à la fin de l’année et décide
d’abandonner définitivement le cinéma.
1969-1999 : Kuala Lumpur
Elle avait déjà fait une première tentative en 1951,
lassée par la piètre qualité des films et la
monotonie des rôles qu’on lui proposait. Elle s’est
mariée avec un Américain avec lequel elle est partie
vivre au Japon. Mais l’union n’apas duré longtemps
et elle est revenue à Hong Kong.
En 1959, elle se retire vraiment de la scène et mène
une vie solitaire. Finalement, en 1969, elle part
s’installer à Kuala Lumpur, en Malaisie, où elle
épouse un homme de 25 ans son cadet :
Yan Langlong (颜良龙).
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Welcome God of Wealth,
1959 |

Love’s Sad Ending |
|
Quand on lui demande, un peu étonné, la raison de ce
mariage, elle qui a été mariée à 18 ans par sa mère,
s’est remariée pour divorcer presque aussitôt et qui
avait juré qu’elle ne se remarierait jamais, elle
répond avec assurance : « C’était une union
prédestinée ; rien ne pouvait l’empêcher » (“缘分来了,千军万马都挡不住”).
Comme si elle jouait enfin dans la vie les rôles
qu’on lui avait refusés au cinéma…
|
Elle est à Taiwan à la fin des années 1970 et
revient brièvement à la chanson en 1979, pour donner
un concert à
Kaohsiung, devant une foule enthousiaste qui
l’acclame.
Sa dernière apparition publique a eu lieu en 1995, à
la télévision de Hong Kong, pour présenter un
concours de la chanson, le prix des dix meilleurs
chanteurs chinois (十大中文金曲颁奖典礼),
aux côtés de la chanteuse qui s’est rendue célèbre
en enregistrant |
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Avec le réalisateur
taïwanais Chen Yao-chi 陈耀圻
en 1978 |
ses chansons, Xu Xiaofeng (徐小凤),
surnommée « la petite Bai Guang » (小白光).
L’émission télévisée :
1
https://www.youtube.com/watch?v=04ib1_0gig0
2 seconde partie, avec Bai Guang reprenant ses airs les plus
connus :
https://www.youtube.com/watch?v=Hg8jD2qw9ZM

Le piano en marbre sur
sa tombe |
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Bai Guang est décédée à Kuala Lumpur le 27 août
1999, des suites d’un cancer.
Yan Langlong lui a fait ériger, dans le Nirwana
Memorial Park, une tombe qui ressemble à un
mausolée, avec sur le côté un piano de marbre qui
diffuse ses chansons les plus célèbres. Elle a écrit
une autobiographie qui n’a jamais été publiée.
|
Notes
(1) Pour le texte chinois, voir
Liu Yan《流言》,
chapitre 12 :
http://book.rijigu.com/book/read/1358056_13
On peut aussi se référer à la traduction en anglais, dans
Written on Water, tr.
Andrew F. Jones, Columbia University Press, 2005, p. 96.
Sur Zhang Ailing, voir
http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_ZhangAiling.htm
(2)
Voir aussi l’analyse des rôles de l’actrice dans les deux
filmsdans
:Hong Kong Cinema: A
Cross-cultural View,
by Law Kar and Frank Bren, with the collaboration of Sam Ho,
Scarecrow Press, 2004,
pp. 273-274.
(3) Selon la traduction adoptée lors de
la rétrospective de 1983 au Centre Pompidou, voir : Le
cinéma chinois,
sous la direction de Marie-Claire Quiquemelle et Jean-Loup
Passek, Centre Georges Pompidou, 1985, page 202.
Filmographie
Actrice
1943 Love Peas of the South 《红豆生南国》
écrit et réalisé par
Wen Yimin
文逸民
1943 Struggle for Spring 《桃李争春》
de
Li Pingqian
李萍倩
1943 The Fire of Love 《恋之火》
1943 Bitter Sweet 《为谁辛苦为谁忙》
écrit et réalisé par Yue Feng 岳枫
1944 The Magic World of Filmdom
《银海千秋》
réalisé par Yue Feng
岳枫
scénario Zhang Shankun
张善琨
1947 Spy Ring #13
《十三号凶宅》
écrit et réalisé par Xu Changlin
徐昌霖
1948 The Dream of a Butterfly
《蝴蝶梦》
réalisé par Shu Shi
舒适/Huang
Han
黄汉
scénario Yao Ke
姚克
1948 A Diamond Ring
《珠光宝气》
de Tang Shaohua
唐绍华
avec Wang Danfeng
王丹凤
1949 Blood-Stained Begonia
《血染海棠红》
réalisé par Yue Feng 岳枫
scénario Tao Qin
陶秦
photographie Dong Keyi
董克毅
avec Gong Qiuxia
龚秋霞,
Han Fei
韩非,
Yan Jun
严俊
1949 A Forgotten Woman / An Unfaithful Woman
《荡妇心》
réalisé par Yue Feng 岳枫
scénario Tao Qin
陶秦
photographie Dong Keyi
董克毅
1949 The Lexicon of Love
《风流宝鑑》 de
Wang Yin
王引
1950 A Strange Woman
《一代妖姬》
de
Li Pingqian
李萍倩
scénario Yao Ke
姚克
1950 Song on a Rainy Night
《雨夜歌声》
de Li Ying
李英
1950 24 Hours of Marriage
《结婚廿四小时》
de Tu Guangqi
屠光启
1951 When Roses Bloom
《玫瑰花开》de
Li Ying
李英
directeur artistique
Li Hanxiang
李翰祥
1951 The Joy of Spring 《迎春乐》
1951 Missing Document
《626间谍网》
1952 A Sweet Maiden / Song of a Nightingale
《香姐儿》 de
Wang Yin
王引
1952 Smash Up 《毁灭》
de Bu Wancang
卜万苍
scénario Tao Qin
陶秦
1953 New Romance of the West Chamber
《新西厢记》
+
de Tu Guangqi
屠光启
1953 A Songstress Called Hong Lingyan / Tears of a
Songstress
《歌女红菱艳》
de Tu Guangqi
屠光启
*1956 Fresh Peony
《鲜牡丹》
*1959
Welcome, God of Wealth !
《接财神》
1959 Love’s Sad Ending
《多情恨》
de Jin Huolang/ Kim Hwa-rang
金火浪
Réalisatrice/productrice/actrice
Deux films co-écrits/réalisés/interprétés avec Luo Zhen/Lo
Chen
罗臻,
*1956 Fresh Peony 《鲜牡丹》
*1959 Welcome, God of Wealth ! 《接财神》
Recherche effectuée pour le
CDCC, à l'occasion de la projection du film Yidai Yaoji à la
Cinémathèque française, le 26 novembre 2014, dans le cadre
du programme "Portraits de femmes dans le cinéma chinois".
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