Deux films
chinois inattendus au festival de San Sebastian
par Brigitte Duzan, 21 septembre 2016
Le festival de San Sebastian offre chaque année une
sélection intéressante de films chinois. C’est le
cas en 2016.
Outre la nouvelle comédie de
Feng Xiaogang (冯小刚)
-
« I’m not Madame Bovary » (《我不是潘金莲》)
-
qui vient d’être
présentée en première mondiale au festival de
Torontooù elle a été primée
[1]
et qui est en compétition à San Sebastian, le
festival annonce deux autres films, inédits, eux,
dans la section Nouveaux réalisateurs.
L’un brouille la frontière de plus en plus ténue
entre la vie que l’on dit réelle et l’image qui en
est donnée sur l’écran : c’est « Something in
Blue » (《呼吸正常》),
premier film écrit et réalisé par Li Yunbo (李云波).
Dans une ville de Canton qui est en fait le
cinquième personnage du scénario, quatre jeunes font
l’aller-retour entre le film et leur vie de tous les
jours ; le film est un miroir, mais le miroir n’est
pas parfait,
Something in Blue
leur vie étant infléchie par le rôle improvisé qu’ils jouent
devant la caméra. C’est original, bien filmé, bien construit
et d’un rythme enlevé.
Bande annonce
Li Yunbo
Diplômé de l’Université des communications de Chine,
Li Yunbo est un critique cinématographique très
actif, sous le nom de Yunzhong (云中).
Il est cofondateur de plusieurs sites web de cinéma,
et d’un talkshow sur le cinéma, qu’il anime.
L’autre film - « One Hundred and Fifty Years of
Life » (《一百五十岁的生活》),
produit, écrit et réalisé par Liu Yu (刘郁)
- est de facture plus classique, sur une thématique
qui rappelle les documentaires de
Xu Tong (徐童).
Il conte en effet l’histoire d’un homme de 90 ans
qui vit, au sud de Pékin, avec son fils, handicapé
mental de 60 ans. Ses deux filles lorgnent sur
l’appartement et s’approprient sa
One Hundred and Fifty
Years of Life
retraite, et le vieil homme est inquiet du sort de son fils
quand il viendra à mourir. Sur quoi son fils disparaît alors
qu’il était à la garde de son gendre…
Bande annonce
Liu Yu à San Sebastian
Liu Yu a un parcours plus classique et n’est pas
totalement un nouveau venu : né à Pékin en 1981, il
est diplômé du département de production
cinématographique de l’Institut central d’art
dramatique, a fait ses débuts comme scénariste et
réalisateur de programmes pour la télévision, avant
de réaliser son premier film, « The Blinding
Sunlight » (《刺眼的阳光》),
en 2012 – film primé au festival du Caire et à celui
des nouveaux réalisateurs de Pékin.
[1]
Le film a obtenu le « best
Special Presentations program honor»
décerné par le jury des critiques de
cinéma (jury FIPRESCI). Mais il a été décerné in
absentia le 18 septembre, Feng Xiaogang et Fan
Bingbing étant à San Sebastian.