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Wang Quan’an
王全安
Né en 1965
Portrait rapide
par Brigitte Duzan, 11 février
2012
Wang
Quan’an (王全安)
est
né à Yan'an, dans le Shaanxi, en 1965.
Il est d’abord attiré par la peinture, mais, après
quelques péripéties, s’engage comme acteur dans une
troupe de danse avec laquelle il parcourt le pays,
et participe même à des tournées à l’étranger à
partir de 1980.
Après
des études d'acteur à l'Académie du film de Pékin,
il obtient son diplôme en jouant un conducteur
d'autobus dans «Good morning, Beijing» (《北京,你早》),
troisième film
de
Zhang Nuanxin (张暖忻).
C’est en 1987
que lui vient le désir de devenir réalisateur ; il
entre alors à l’institut du cinéma de Pékin. Il
commence par écrire des scénarios,
puis entre au Studio de Xi'an.
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Wang Quan’an |
Wang
Quan’an appartient à la « sixième génération » du
cinéma
chinois, et, comme les réalisateurs de cette « génération »,
préfère aux grandes fresques de ses prédécesseurs, le
docu-fiction en prise directe sur le réel. Les personnages
ne sont plus des héros ou des emblèmes d’un passé souvent
tragique, mais des individus broyés par l'exode rural forcé
et le travail dans des centres industriels au bord de
l’asphyxie, souvent filmés caméra à l’épaule, avec une
volonté de témoigner, autant que de dénoncer, qui n'empêche
ni l'esthétisme ni l'humour.
Filmographie
Eclipse de lune |
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1999 « Eclipse de
lune » (《月蚀》)
Prix des critiques au
Festival international du Film de Moscou en 2000.
Après avoir abandonné sa carrière d'actrice pour
épouser un homme plus âgé qu'elle, une femme, Ya Nan
(雅男),
rencontre un photographe qui lui annonce qu'elle
ressemble à une femme qu'il a aimée et qui l'obsède,
et qui voulait elle aussi être actrice. Ya Nan se
lance alors dans une quête pour tenter de
comprendre…
Ce fut le premier rôle de Ya Nan, qui devint
l’actrice fétiche de
Wang
Quan’an, comme Zhao Tao pour
Jia Zhangke.
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L’histoire d’Ermei |
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2004 « L’histoire d’Ermei » (《惊蛰》)
Le titre
chinois,
《惊蛰》 Jīngzhé,
désigne
symboliquement l’une des 24 périodes du calendrier
lunaire : elle se situe vers le 6 mars et marque la
fin des grands froids et de l’hibernation ; on dit :
après
Jīngzhé,
les animaux qui hibernent sortent chercher à manger
(蛰
zhé : hiberner).
Guan Ermei (关二妹)
est vendue à un paysan aisé, mais ivrogne, parce que
sa famille est tombée dans la misère à la suite de
la maladie du grand-père et de la tentative du père
de couper des arbres illégalement pour pouvoir
acheter les médicaments nécessaires. Révoltée, Ermei
fuit à la ville pour éviter ce mariage et se fait
embaucher dans un restaurant. Séduite et abandonnée,
elle revient finalement au village se marier, a un
fils, et, au bout du compte, découvre la joie simple
de vivre avec lui. |
Ya
Nan incarne à merveille une sauvageonne paysanne qui finit
par accepter son destin et se réconcilier avec la vie. Le
film est un hymne aux joies simples de la vie paysanne et à
ses valeurs.
Le mariage de Tuya |
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2006 Le
Mariage de Tuya
(《图雅的婚事》)
Ours d’or
au festival de Berlin en 2007.
Dans les immensités de la steppe mongole, Tuya (图呀)
mène une vie difficile avec son mari, handicapé à la
suite d’un accident ; il lui propose donc de se
remarier, mais la quête du mari idéal sera
compliquée par le fait que celui-ci doit accepter
de subvenir aux besoins de l’invalide que Tuya ne
veut pas abandonner.
« Ma
mère est née en Mongolie intérieure » a expliqué le
cinéaste « tout près de là où le film a été tourné.
C’est pourquoi j’aime tellement les Mongols, leur
vie et leur musique. Lorsque j’ai entendu dire que
le développement industriel asséchait les pâturages
et que les autorités locales forçaient les bergers à
quitter leurs terres, j’ai décidé
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Wang Quan’an et son
actrice
à Berlin en 2010 |
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de
faire un film qui laisserait une trace de leur mode
de vie avant qu’il ne disparaisse. »
Wang
Quan’an ne met aucun sentimentalisme dans sa
description des traditions qui se perdent ; il
dépeint les faits, et l’inexorable évolution en
cours, et quand l’histoire menace de virer au drame,
il nous distille une petite dose de comique
impromptu qui fait repartir le film dans la voie du
réalisme qu’il s’est tracée. Le tragique est
aussitôt désamorcé. Wang Quan’an fait preuve d’une
grande subtilité dans le dosage des éléments de
tragique et de drôlerie naturelle.
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Extrait 1 (l’accident)
http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/le-mariage-de-tuya,82438-video-8790
Extrait 2 (le divorce)
http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/le-mariage-de-tuya,82438-video-8791
Extrait 3 (1er prétendant)
http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces/le-mariage-de-tuya,82438-video-8792
2009
« La
tisseuse »
(《纺织姑娘》)
Grand prix spécial
du jury et prix de la critique au Festival des films du
monde de Montréal (septembre 2009).
2010
« Apart
Together » (《团圆》)
Ours
d’argent du meilleur scénario au festival de Berlin 2010.
2011
« White Deer
Plain » (《白鹿原》)
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