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« Aftershock » de Feng Xiaogang
par Brigitte
Duzan,
12-31 juillet 2010,
révisé 15 octobre 2011
« Aftershock » (《唐山大地震》) est
le film de
Feng Xiaogang (冯小刚)
sur le
tremblement de terre de Tangshan sorti en juillet
2010, pour l’anniversaire de la catastrophe.
C’est un
fantastique succès commercial : il a gagné 520
millions de yuans (près de 80 millions de dollars)
dès le premier mois, pour un budget de 25 millions
de dollars, battant tous les records au box office
chinois, Avatar mis à part.
Comme
l’indique
le titre
chinois, qui signifie |
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Tangshan : une ville
anéantie |
‘le grand
tremblement de terre de Tangshan’, l’histoire du film est
liée à ce terrible séisme qui, le 28 juillet 1976, à 3 h 42,
détruisit en quelques dizaines de secondes la ville de
Tangshan, dans le Hebei, à 140 kilomètres de Pékin, faisant
plus de 240 000 morts, tués, pour la plupart, dans leur
sommeil, et près de 165 000 blessés graves.

La Banque populaire, 4
étages
réduits à un tas de
briques |
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La sortie
en avait été, à l’origine, prévue pour
l’anniversaire même du séisme, le 28 juillet ; elle
fut avancée au 22, et une avant-première fut même
organisée le 12 juillet à Tangshan même, en présence
du réalisateur et de toute son équipe. Un immense
écran de 33 mètres de large sur 15 de haut avait été
érigé pour l’occasion dans le stade de la ville.
« Aftershock » s’annonçait d’ores et déjà comme
l’événement de l’été. La promotion avait commencé
dès le printemps, et le film était très attendu,
comme tout nouveau film du réalisateur.
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1. Un ‘poème
épique’
Il est
loin, cependant, de ses comédies à succès
habituelles. Point de Ge You à l’affiche. Point de
rires en perspective. Le film est ouvertement
annoncé comme ce qu’on appelle en anglais un
"tearjerker" (“催泪片"),
mieux comme
un "poème épique émouvant au point de vous arracher
des larmes" ("
感人催泪史诗"
gǎnrén
cuīlèi shǐshī).
En Chine, c’est le genre de chose qui attire les
foules et, avec Feng Xiaogang, cela peut être très
réussi – d’autant plus qu’il a réuni quelques atouts
de taille.
1er atout :
le scénario
Le film est
l’histoire des séquelles laissées par le tremblement
de terre dans la vie d’une famille. Quand le film
débute, une petite fille de sept ans,
Fang Deng (方登),
s’endort tranquillement à côté de son frère jumeau
Fang Da (方达),
sans se douter que, quelques heures plus tard, va
survenir l’un des tremblements de terre les plus
dévastateurs |
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Affiche du film
« Aftershock » (《唐山大地震》) |
de
l’histoire chinoise, qui va non seulement tuer son père,
mais mettre sa mère, Li Yuanni (李元妮), devant un dilemme dont elle ne se sortira qu’en infligeant à sa
fille une blessure dont celle-ci mettra plus de trente ans à
se remettre.
En
effet, l’enfant se retrouve coincée avec son frère sous une
dalle de béton, et la situation ne permet de sauver que l’un
des deux. Or la mère n’entend, sous les décombres, que la
voix de son fils, et décide donc que c’est lui qu’il faut
tenter de sauver. Mais Fang Deng, tout à fait consciente, a
tout entendu. Lorsqu’elle est finalement sauvée et adoptée
par un couple de militaires, elle ne peut oublier. Il faudra
un autre tremblement de terre, encore plus meurtrier que
celui de Tangshan, celui du Wenchuan, au Sichuan, trente
deux ans plus tard, pour que la famille soit réunie et le
traumatisme effacé.

Zhang Ling |
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Le scénario est l’adaptation d’une nouvelle
intitulée « Aftershocks » (《余震》),
écrite en 2006
par une romancière chinoise vivant au Canada, Zhang
Ling
(张翎)
(1). Elle a raconté que l’idée lui en est venue
alors qu’elle feuilletait des livres sur la
catastrophe en attendant un avion à l’aéroport. L’un
de ces livres contenait des histoires sur les
troubles psychologiques occasionnés par le séisme
chez les enfants.
Or, l’importance et les conséquences de la
catastrophe ont toujours été atténuées par les
|
autorités chinoises qui ont au contraire souligné
l’importance des moyens mis en œuvre pour venir en aide aux
sinistrés et l’héroïsme des sauveteurs, alors que, vu l’état
de chaos du gouvernement central après la mort de Zhou Enlai
et en raison de la maladie de Mao, les secours ont mis
plusieurs jours avant d’arriver, et, même lorsque l’armée
arriva, elle manquait de matériel pour être efficace (2)
La nouvelle
n’a cependant rien de politique ; elle s’attache à
l’aspect humain d’une tragédie sur laquelle très peu
de choses ont été écrites jusqu’ici (3), et à ses
effets dévastateurs en particulier sur les enfants
laissés sans aide psychologique, ce qui ne fut pas
le cas ensuite au Sichuan, en 2008.
Le film
reprend ainsi une histoire effectivement capable
d’émouvoir un vaste public, comme annoncé, car elle
touche des fibres profondes. En outre, la publicité
s’en est emparée pour en tirer un slogan qui est une
synthèse magistrale de l’histoire, et que l’on
retrouve sur toutes les affiches mais qui est aussi
le thème principal de la musique du film :
"23 Seconds, 32 Years" (《23秒32年》),
c’est-à-dire le séisme n’a duré que 23 secondes,
mais ses conséquences se sont étalées sur 32 ans.
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La
nouvelle de Zhang Ling |
2ème
atout : les acteurs

La mère (Xu Fan)
tentant de sauver ses enfants |
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Le rôle de
la mère des deux enfants,
Li Yuanni (李元妮),
est interprété par l’épouse de
Feng Xiaogang, Xu
Fan (徐帆),
que l’on a déjà vue dans les films de son mari
depuis « Part A Part B »
(《甲方乙方》)
en
1997 mais surtout dans « Be there, be square » (《不见不散》)
et « Cell
phone » (《手机》)
(4).
Zhang Jingchu (张静初)
interprète Fang Deng adulte.
C’est certainement l’une des meilleures actrices
chinoises du moment, |
surtout célèbre depuis 2006 et
son rôle dans « The Road » (《芳香之旅》)
de
Zhang Jiarui (章家瑞).
Les deux actrices
sont entourées d’une pléiade d’acteurs et actrices connus et
populaires : Li Chen (李晨), Fang Da adulte, Lu Yi (陆毅),
le petit ami de Fang Deng, Chen Daoming (陈道明), le père adoptif,
Chen Jin (陈瑾),
la mère adoptive, et Zhang Guoqiang (张国强),
le père.
En outre,
les habitants de Tangshan ont fourni des figurants
hors pair, car beaucoup avaient des souvenirs des
lendemains du séisme, certains ont même apporté des
histoires personnelles. Certaines mères ont amené
leurs enfants pour qu’ils aient une idée des
souffrances endurées par les habitants à l’époque…
Les pleurs qu’on les voit verser n’ont rien
d’artificiel, le film y gagne en véracité. |
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Dans les ruines |
3ème
atout : la production

Fang Deng et sa mère
adoptive |
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Le film est une
co-production de deux grandes compagnies chinoises, l’une
privée, l’autre publique, la Huayi
Brothers (华谊兄弟)
et le groupe China Film, associés au groupe américain IMAX.
C’est le premier film IMAX réalisé hors des Etats-Unis.
Wang Zhonglei (王中磊),
l’un des deux
frères des Huayi Brothers, a expliqué à la sortie du film
qu’il allait être projeté dans quatorze salles IMAX du
groupe en Chine. Quatre d’entre elles étaient juste
terminées et inaugurées avec « Aftershock ».
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C’est un excellent exemple des progrès faits en matière de
distribution, pour augmenter les recettes plus que pour
élargir le public.
Le budget s’est élevé
à
150 millions de
yuans (environ 22 millions de dollars). Ont
également participé au financement la municipalité
de Tangshan, ainsi que celle de Hangzhou où, du
coup, a été tournée une séquence qui, dans le livre,
se passe à Shanghai.
La production a aussi fait un gros effort pour les
effets spéciaux. Comme la Chine ne dispose pas
(encore) de spécialistes suffisamment pointus dans
ce domaine,
les
producteurs ont fait appel à des experts de Corée du Sud et
de France pour les scènes de destruction. Le studio
néo-zélandais Weta, lauréat d’un Oscar pour les effets
spéciaux du film « Le seigneur des anneaux », a fourni des
conseils pour les modèles réduits de la ville de Tangshan
utilisés pour certaines scènes. |
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Fang Deng adolescente
(Zhang Jingchu) |
Quant à
la photographie, elle est signée Lu Yue (吕乐),
comme, entre autres,
« Assembly »
auparavant. Elle est tout aussi percutante, offrant des
teintes dorées, quasi sépia, pour les scènes de la vie
quotidienne avant le séisme et une vision dantesque du
séisme.
« Aftershock »
est un film qui restera dans les
annales. On ne peut éviter, cependant, une réflexion
rétrospective.
2. Réflexions sur
le film

L’écran géant à
Tanshan, 12 juillet 2009 |
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Lorsqu’« Aftershock » (《唐山大地震》),
est sorti en Chine, le 22 juillet 2010, sur plus de 3 500
écrans, dont ceux des cinémas IMAX, comme attendu, le public
a fondu en larmes. Pour l’avant-première à Tangshan, les
producteurs avaient prévu des mouchoirs gratuits qui ont été
distribués aux quelque quinze mille spectateurs qui ont
assisté à la projection sur l’écran géant érigé dans le
stade de la ville.
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Un film à valeur de
catharsis…
Le film a été
réalisé avec le plein accord des autorités de censure, et la
distribution a bénéficié de l’appui du Bureau du cinéma.
C’est une co-production du groupe China Film, le plus gros
investisseur officiel de Chine. Il y a donc une volonté
manifeste d’opérer une sorte de commémoration à valeur de
catharsis non seulement du tremblement de terre de 1976,
mais aussi de celui de 2008, dont « Aftershock » fait
justement un élément de son dénouement final. Le film n’est
pas tant sur le tremblement de terre, que sur la douleur des
survivants, avec en toile de fond une leçon toute
confucéenne sur les valeurs morales, et familiales, qui
permettent de survivre à une telle catastrophe.
Mais
Feng Xiaogang
a été dépassé par son sujet et ses figurants : ce sont eux,
pour la plupart des survivants du séisme, qui, finalement,
font la valeur du film, ce sont eux qui lui donnent sa
chaleur humaine, eux qui font pleurer, et Feng Xiaogang et
toute son équipe ont été les premiers à le faire. Il y a une
scène du film où les survivants organisent dans la rue une
cérémonie à la mémoire des disparus : ils brûlent de
l’encens et prient leurs morts. Pendant le tournage, lorsque
le réalisateur a crié
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|

Les réactions du
public à l’avant-première |
« coupez »,
personne n’y a prêté attention, tout le monde a continué :
tous ces gens revivaient leur passé et, tout à leur douleur
brusquement resurgie, avaient oublié la caméra.
Finalement, le
cinéma retrouve là la fonction cathartique de la
représentation théâtrale antique, celle qu’Aristote
conférait à la musique « qui trouble l’âme afin de mieux
l’apaiser », et qui plonge ses racines dans l’effroi du
sacré.
Mais c’est
peut-être là aussi la force du film par rapport au
documentaire. On a pu admirer celui de
Du Haibin sur le séisme du
Sichuan,
« 1428 »,
mais on n’a jamais vu personne verser la moindre larme lors
de sa projection, par exemple au festival Cinéma du Réel, en
mars dernier. Le documentaire suscite la réflexion, voire le
commentaire, le film l’émotion, et quand elle est vraie, les
larmes le sont aussi.
… mais un film
aussi politiquement correct
Le 28 juillet 2010,
quelques jours après la sortie du film en Chine, est paru
dans le ‘Southern Metropolis Weekly’ (南都周刊)
une
interview de la scénariste qui a signé le scénario
d’« Aftershock »
(《唐山大地震》)
: Su Xiaowei
(苏小卫).
L’article s’intitule « D’une nouvelle froide à un film plein
de chaleur » (《从冷小说到暖电影》)
(5).
Le journaliste commence par demander à la scénariste
pourquoi elle a été choisie : le film, dit-elle, n’est pas
vraiment un film sur la catastrophe, mais sur ses
conséquences ; le projet initial était clair : il s’agissait
de dépeindre des relations mère-fille, des problèmes
familiaux, des scènes de vie quotidienne, en y mettant toute
la chaleur humaine possible, c’est sa spécialité (6).
Un scénario qui
gomme les excès de la nouvelle
Si la nouvelle de
Zhang Ling a été initialement choisie pour son approche
originale des traumas laissés par le tremblement de terre,
Feng Xiaogang et ses producteurs ont voulu en atténuer le
caractère un tantinet morbide, et c’est la mission qu’a
remplie la scénariste. Dans la nouvelle de Zhang Ling (张翎),
la petite survivante qui en est le personnage principal
continue, après le séisme, à subir toute une série
d’expériences traumatisantes : sa mère adoptive meurt, elle
est violée par son père adoptif, son mari, ensuite, la
laisse pour une autre femme, sa fille s’en va, elle se
retrouve en hôpital psychiatrique (on s’y retrouverait à
moins) et tente de se suicider plusieurs fois. La nouvelle
dépeint donc une femme dont la personnalité, tout comme le
destin, a été totalement perturbée par le tremblement de
terre, et qui ne peut plus mener une vie normale.

Su Xiaowei |
|
Le film a gommé le
caractère excessif de la nouvelle, la plupart des événements
tragiques du récit ayant été supprimés. Su
Xiaowei
souligne bien que l’optique générale a été décidée
après discussion avec les producteurs : c’est donc un
travail commun de réflexion qui a abouti à l’adoption d’une
vue plus réconfortante des choses, en montrant les gens,
après la catastrophe, se remettre du traumatisme pour
retrouver peu à peu une vie normale, ce qui est aussi une
vue plus réaliste des choses – la série de drames vécus par
la jeune femme dans la nouvelle est quelque peu hors
normes : cette optique littéraire serait difficilement
passée au cinéma, au risque de tomber dans le mélo.
Tout a été fait
pour mettre l’accent sur les côtés émouvants des caractères
et des situations sans justement déborder sur le trivial.
C’est là qu’est intervenu le génie de Feng
|
Xiaogang, soutenu
par la part d’émotion diffusée naturellement par les
figurants.
Mais cette émotion
est aussi ‘utilisée’ pour diffuser un message officiel de
façon subliminale, et Feng Xiaogang a sans doute dû accepter
ce qui apparaît comme un ‘deal’ d’autorités de contrôle de
plus en plus pointues dans leur utilisation du cinéma à
leurs fins propres.
Un scénario
officiel qui gomme aussi la réalité
Le journaliste
indique en introduction de son article que ce serait
le directeur adjoint du Bureau du
Cinéma qui aurait recommandé Su Xiaowei à Feng Xiaogang
après quelques essais de scénarios peu satisfaisants.
Su Xiaowei
travaille en effet à l’Administration d’Etat du cinéma, de
la radio et de la télévision (le SARFT), dont dépend le
Bureau du Cinéma ; elle est directrice adjointe du bureau
central des scénarios de cinéma qui en fait partie (国家广电总局电影剧本中心副主任)
:
cela signifie que, deux fois par semaine, elle participe
aux sessions de travail du bureau de la censure (每周两天参与电影局的审片工作).
Quant à
son travail de scénariste, il est axé principalement sur des
‘main melody films’ (“主旋律”),
ce
qu’on appelle tendancieusement ‘films de propagande’.
Il y a
quelques inconsistances dans le déroulement de l’histoire
elle-même, mais ce n’est pas l’important. Ce qui l’est
beaucoup plus, c’est que le scénario d’« Aftershock » est
redoutablement efficace pour dépolitiser une histoire sur
laquelle le pouvoir a soigneusement fait le silence pendant
des années pour éviter les questions sur les responsabilités
en cause.
La
vérité sur Tangshan n’a commencé à percer qu’une dizaine
d’années après les faits. Trois jours après le séisme, le
Quotidien du Peuple en offrait la description idyllique
suivante :
Guidées par la ligne révolutionnaire du président Mao et par
les grandes victoires remportées dans la critique de Deng
[Xiaoping] et les contre attaques contre les forces de
droite, les masses des zones affectées par le séisme sont
déterminées à aller de l’avant dans leur foi indomptable
dans la capacité de l’humanité à surmonter les fléaux
naturels…. » (7)

Qian Gang |
|
Mais
les rumeurs circulaient sous le manteau, des journalistes
commencèrent à recueillir et noter anecdotes et
statistiques. Dix ans plus tard, en mars 1986, le grand
journaliste et reporter de guerre Qian Gang (钱钢)
signait dans la
revue littéraire de l’Armée de libération un article
dévastateur, basé sur sa thèse sur un sujet qu’il
connaissait bien car il avait lui-même participé aux secours
en 1976. Son article, comme sa thèse, rendait compte des
lendemains catastrophiques
|
du séisme, non tant
des suites des destructions mêmes, mais en raison du chaos
ambiant, montrant une population déboussolée, sur fond de
fraudes, vols et prostitution. Inutile de dire que ce genre
d’article reste unique.
Le
scénario d’« Aftershock », lui, traite la catastrophe comme
un drame familial et personnel, hors de tout contexte
politique. Les images de la vie de la famille avant le
séisme sont paisibles et bucoliques, rien qui puisse évoquer
le contexte de 1976, à la toute fin de la Révolution
culturelle, alors que se mourait Mao. La séquence du séisme
lui-même est réaliste à souhait, une bonne partie du budget
du film est passée dans les effets spéciaux. Mais rien
ensuite n’évoque la désorganisation des secours (et le refus
de l’aide étrangère), qui a laissé les survivants obligés de
s’organiser comme ils pouvaient.
Si le
reste du film est une peinture assez réaliste de la
transformation de la Chine, et de ses habitants, au cours
des trente années suivantes, celles, justement, du boom
économique, la fin apporte le message positif vers lequel
tend tout le film : l’autre tremblement de terre, celui du
Sichuan, est élevé en séisme salvateur qui permet au frère
et de la sœur de se retrouver dans les décombres et de
conjurer les fantômes du passé en retrouver la paix
intérieure.
Le film
est ainsi construit pour donner une vision lisse des
événements débouchant sur une résolution des tensions, qui
sont des tensions personnelles. Les problèmes, les
ambiguïtés, les responsabilités politiques sont évacués : la
population a souffert d’une calamité naturelle, et a
surmonté son destin en travaillant à la construction d’une
nation
|
|

Photo de Cosmopolitan |
moderne
et chaque jour plus prospère où ce genre de catastrophe est
bien mieux maîtrisé. Le film suggère l’idéologie dominante :
il faut ‘regarder vers l’avenir’ sans se laisser freiner par
les divisions du passé.
Il
fallait faire un film sur Tangshan (8). Il est fait. On n’en
verra pas un autre de si tôt.
En même
temps, le film de Feng Xiaogang invite réviser la notion de
‘cinéma de propagande’ : il contribue à brouiller les
frontières déjà ténues entre ce cinéma dit de propagande et
le cinéma tout simplement commercial.
Notes
(1) Sur
Zhang Ling, voir:
http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_ZhangLing.htm
(2) Ce
documentaire chinois est un exemple du discours officiel sur
le sujet :
http://www.youtube.com/watch?v=shAqeHVD7Og&feature=related
(3) Il
y a cependant une nouvelle de Dong Xi (东西)
intitulée
« Tu ne sais pas combien elle était belle »
(《你不知道她有多美》),
qui décrit, comme une sorte de conte irréel, une jeune femme
disparue dans ce même tremblement de terre, le narrateur
étant un enfant qui était son voisin et, fasciné par sa
beauté, en reste obsédé. Voir :
http://www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_DongXi.htm
(4) Feng Xiaogang
et elle ont fait la couverture du premier numéro de juillet
2010 du magazine ‘Cosmopolitan’, à l’occasion de la sortie
du film – cela fait aussi partie de sa promotion.
(5) Article (en
chinois) :
http://www.nbweekly.com/Print/Article/10822_0.shtml
(6) Dans
l’interview, elle se crédite du scénario de « Postman
in the mountains » (《那山,那人,那狗》)
de
Huo
Jianqi
(霍建起),
film très réussi de 1999 qui dépeint les dernières tournées
d’un postier et de son chien dans les montagnes du Hunan, au
moment où il va prendre sa retraite et laisser la place à
son fils, un film que sina.com a qualifié, justement, de
« film plein de chaleur » (暖暖的片子).
Le scénario de ce film est cependant habituellement attribué
à Si Wu (思芜).
A priori, et jusqu’à plus ample informé, Su Xiaowei a dû
être co-scénariste.
(7) Cité par
Perry Link, in « The Uses of Literature, Mife in the
Socialist Chinese Literary System, Princeton University
Press, 2000, p. 303.
(8) Mentionnons
quand même un autre film réalisé sur Tangshan et
soigneusement rayé de l’histoire du cinéma chinois : un film
de Shi Wenzhi (史文帜)
de 1977, intitulé
tout simplement « Tremblement »
(《震》).
Il
est mentionné comme figurant dans le catalogue de l’année
par Khan Budong dans son article « Convalescence, 1977-79 »,
in « Le cinéma chinois », sous la direction de M.C.
Quiquemelle et J.L. Passek, Centre Georges Pompidou, 1985,
p. 145.
Lire en
complément :
Heaven Cracks, Earth Shakes: The Tangshan Earthquake and the
Death of Mao’s China, de James Palmer
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