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« One second », le film de Zhang Yimou jusqu’ici interdit, a passé la censure !

par Brigitte Duzan, 27 septembre 2020

 

En février 2019, « One Second » (《一秒) de Zhang Yimou (张艺谋) devait sortir en première mondiale à la 69ème Berlinale. Il a causé la surprise en étant retiré à la dernière minute en raison « de problèmes techniques », et le film était depuis lors interdit de sortie en Chine aussi.

 

En octobre 2019, Zhang Yimou a déclaré au festival de Pingyao qu’il ne savait pas quand le film pourrait sortir.

En avril 2020 encore, la sortie du film était toujours repoussée à un avenir incertain, mais quelques images et détails du scénario et des personnages commençaient à filtrer, définissant le film comme d’une part un hommage de Zhang Yimou au cinéma, et d’autre part un retour sur ses propres souvenirs de la Révolution culturelle.

 

Et soudain, l’autorisation du film est annoncée à la mi-septembre : la copie de l’autorisation, en date du 10 septembre, en est publiée le 18 septembre sur le portail sina.

 

One Second

 

 

 

L’autorisation du film, datée

du 10 septembre 2020

 

Parmi les raisons données pour le retrait du festival de Berlin figuraient les procédures administratives : le contrôle du secteur du spectacle et du divertissement est passé en 2018 au département de propagande du Parti ; les contrôles sont donc bien plus stricts, en particulier au niveau idéologique, et les conditions de sortie d’un film en festival à l’étranger se sont durcies en conséquence ; début 2019 est tombée une nouvelle réglementation : le petit dragon signifiant qu’un film a passé la censure, le longbiao (龙标), ne suffit plus, il faut une autorisation supplémentaire, que – semble-t-il – « One Second » n’avait pas (encore) obtenue.

 

Mais il apparaît aujourd’hui que la raison réelle de l’interdiction du film, y compris en Chine même, tient bien plus au traitement du sujet lui-même, éminemment sensible s’agissant de la Révolution culturelle.

 

 

L’autorisation indique la longueur du film : 104 minutes. Ce n’est qu’une minute de moins que le film tel qu’il était programmé à Berlin, et tel qu’il figure encore sur douban [1]. Mais, selon les rumeurs, Zhang Yimou est revenu avec son équipe et les acteurs sur les lieux du tournage dans le Gansu, près de Dunhuang en bordure du désert de Gobi, pour tourner de nouvelles séquences afin de remplacer celles qui fâchaient les censeurs. L’acteur Zhang Yi (张译), qui interprète le rôle principal, a posté une photo du nouveau tournage avec le commentaire : retour à Dunhuang, film à attendre, suggérant que de nouvelles scènes

 

Premières images : Projection de fortune

 (comme la caverne de Platon)

avaient été tournées pour satisfaire les censeurs [2].

 

Les deux personnages principaux

 

Le film a pour cadre le milieu des années 1970. Il raconte l’histoire de Zhang Jiusheng (张九声), interprété par Zhang Yi (张译), qui a été envoyé dans une ferme du Gansu, et de la petite orpheline Jilin (吉林), interprétée par l’actrice Liu Haocun (刘浩存). Un soir, Zhang Jiusheng s’est discrètement faufilé hors de la ferme pour aller voir un film, un film de propagande qui l’a stupéfait car il a cru y voir sa fille morte. Au même moment il rencontre la jeune Jilin : l’un pleure sa fille, l’autre son père… l’un veut absolument revoir la

séquence du film entrevue, l’autre veut mettre la main sur des rushes de film, on ne sait trop pourquoi. Leurs chemins se croisent, et le cinéma les unit.

 

C’est le souvenir d’une époque où le cinéma avait une grande importance en Chine, suscitant curiosité, ferveur et émotion. C’est aussi inspiré des souvenirs personnels de Zhang Yimou.

 

L’autorisation de « One Second » arrive peu de temps après la sortie du film de Guan Hu (管虎) « Les 800 » (《八佰》), et dans des circonstances similaires. Même si aucune date précise de sortie n’est encore annoncée pour le film de Zhang Yimou, il semble bien que la situation catastrophique du cinéma,

 

Dans le désert

aujourd’hui en Chine, motive des sorties qui n’auraient peut-être pas eu lieu autrement, et dans les deux cas, après des compromis avec la censure qui n’entament pas la viabilité du film. 

 

 

 

     

 

 

 

 

 
     
     
     
     
     
     
     
     

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



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