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« La
fondation d’une République » et « La fondation d’un
Parti » : analyse de Sebastian Veg
par Brigitte Duzan,
24 août 2012
Dans le
second numéro de 2012 de China Perspectives (1)
figure une longue analyse, par Sebastian Veg, des
deux superproductions officielles, sorties en 2009
et 2011 :
« La
fondation d’une République » (《建国大业》)
et
« La fondation d’un Parti » (《建党伟业》).
Les replaçant dans le contexte politique et
idéologique mouvant de la période,
Sebastian
Veg développe l’idée que ces deux films contribuent
à la redéfinition des dogmes du Parti, et en
particulier de la personnalité du président Mao, à
la veille du 18ème Congrès du Parti.
Le contexte
idéologique et culturel
Sebastian
Veg part d’un bref aperçu des analyses récentes
faites par divers chercheurs sur les transformations
des actions de l’appareil de propagande du Parti et
de l’image de Mao Zedong. |
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China Perspectives,
2012.2 |
Evolution des modes
de « propagande »
Veg cite les études
d’Anne-Marie Brady* et David Shambaugh* sur l’adaptation de
l’appareil de propagande chinois depuis 1989 ; la première,
en particulier, a souligné l’adoption par le Parti de
méthodes de relations publiques et de communication de masse
mises en œuvre dans les pays occidentaux où des campagnes
publicitaires subtiles ont remplacé les campagnes politiques
d’antan.
Est ensuite cité à
l’appui de cette analyse le discours de 2008 du président Hu
Jintao esquissant une nouvelle stratégie de communication
dans les media, fondée sur un ensemble de « nouvelles
dispositions visant à guider l’opinion publique »
(舆论引导新格局) :
toujours sous le contrôle du Parti, mais plus orienté vers
le public.
Ces nouvelles
orientations ont modifié les fondements de la mission
pédagogique traditionnellement attribuée par Mao aux divers
secteurs culturels, et au cinéma en particulier, obligé
d’adopter une optique de plus en plus commerciale, tournée
vers le divertissement populaire. Les deux films analysés en
sont le reflet, ave une même formule visant à attirer le
public par une kyrielle de stars de tous horizons.
En même temps, ce
sont des initiatives venues « d’en haut », avec pour but de
véhiculer de nouvelles images consensuelles des personnages
iconiques du régime chinois, ainsi qu’une nouvelle vision
des grands moments de son histoire qui permette mieux au
régime d’affirmer sa légitimité et d’asseoir son pouvoir à
une époque de remise en question des fondamentaux
idéologiques.
Dans ce contexte,
remarque Sebastian Veg, Mao Zedong conserve une position
centrale, mais son image a évolué.
Un Mao nouvelle
mouture
Sebastian Veg
commence par noter que les deux films évitent soigneusement
l’histoire postérieure à 1949, soulignant le défaut de
consensus sur l’interprétation de la période maoïste.
Pour ce qui
concerne Mao, dit-il ensuite, on en reste à la résolution
de 1981 définissant cinq périodes dans l’histoire du
Parti (2) :
- avant 1949 et
1949-56 : deux périodes où la ligne est « correcte » ;
- 1956-66 :
décennie marquée par « quelques erreurs » dont la
responsabilité est partagée entre Mao et la direction du
Parti ;
- la décennie de la
Révolution culturelle, 1966-76, entièrement condamnée, y
compris pour ce qui concerne le rôle de Mao ;
- l’ère
post-maoïste, enfin, qui retrouve une approbation générale.
Le jugement porté
sur Mao Zedong est cependant globalement positif. Il
sert de base à tous les films, y compris télévisés, sur
l’histoire (la légende) maoïste des années 1980 et 1990. Il
fut encore renforcé par les déclarations de Jiang Zemin en
novembre 1989, dans la foulée des événements de Tian’anmen.
Dans les années
1990, ensuite, la personne de Mao est devenue le point
d’ancrage de la légitimité du Parti, et, en termes
commerciaux, la « marque » indispensable pour faire face aux
défis qu’il avait à affronter (3), marquant, note Veg, un
relâchement idéologique, de « l’arme » brandie par Jiang
Zemin au vague symbole promotionnel d’aujourd’hui. Pris dans
les contradictions mêmes de « l’économie socialiste de
marché », ironise Veg, le Parti finit par adopter pour
lui-même les techniques de marketing moderne, sans renoncer
cependant au contrôle politique et idéologique.
Il est tout aussi
ironique que la coréalisation des deux films qui sont
l’application directe de ces nouvelles méthodes ait été
confiée à ce même réalisateur,
Huang Jianxin (黄建新),
qui, avec
« The
Black Cannon Incident » (《黑炮事件》),
en 1985, avait signé une satire mordante du système
maoïste ; mais cette satire avait ouvert la voie à une
révision des canons sur fond de nostalgie encouragée par le
Parti lui-même, nostalgie rouge que Geremie Barmé a opposée
à la « nostalgie totalitaire » (4).
Veg termine cette
introduction en replaçant son analyse des deux films dans le
contexte plus vaste d’une « dépolitisation » générale de la
politique (取政之化的政治)
dans la Chine « post-maoïste » comme dans l’Occident
« post-moderne », qui réduit la politique à une forme de
marketing, sous des formes diverses, mais que l’on continue
à appeler propagande.
Le cas du cinéma
La production
cinématographique postérieure à la réforme post-maoïste est
traditionnellement scindée en trois secteurs : films de
propagande, films commerciaux et films indépendant/films
d’art ou d’auteur.
Mais la distinction
entre les deux premiers secteurs est de plus en plus floue :
les grands films commerciaux ont leurs côtés politiques,
satiriques très souvent, mais peuvent être aussi des
apologies déguisées du régime (voir
:
« Aftershock »),
tandis que les films dits de propagande adoptent les
techniques narratives et visuelles des films commerciaux,
avec le même impact sur le public.
Le terme chinois
désignant les films de la ligne officielle est ce que les
Anglo-saxons ont traduit par « main melody films » (主旋律
zhǔxuánlǜ) :
les films qui reprennent le « thème » principal. Veg propose
de retenir, pour définir les deux films de Huang Jianxin/Han
Sanping, le concept de films « post-
zhǔxuánlǜ » proposé par le critique de cinéma
Shelly Kraicer (5) : des films sur des thèmes typiquement
« de propagande », mais développant des points de vue
nouveaux et appuyés par une optique marketing. Il remarque
en passant que Lu Chuan a été l’un des assistants
réalisateurs pour les deux films (6).
Il y a donc
reconfiguration du cinéma chinois officiel, mais il ne peut
cependant, continue Veg, se passer des symboles et images de
la Révolution et de Mao : il lui faut donc les réinventer
afin, en premier lieu, de reconstruire une image
consensuelle de Mao qui puisse devenir la pierre angulaire
d’une nouvelle histoire nationale, celle de la « grande
renaissance de la nation chinoise » (中华民族的伟大复兴)
pour reprendre les termes du président Hu Jintao.
C’est le modus
operandi de cette reconstruction de l’image de Mao
qu’analyse Veg à travers les deux films de
Huang Jianxin
/ Han
Sanping qui, en ce sens, peuvent être qualifiés de
« fondateurs ».
La fondation d’une
République
« La
fondation d’une République » (《建国大业》)
commence par faire référence au 60ème
anniversaire de la fondation de la République
populaire (jiànguó
建国
étant le
terme officiel utilisé dans les manuels
scolaires), et plus spécifiquement à la 1ère
Conférence politique consultative du Peuple chinois
qui en constitua les prémices ; puis il poursuit
avec un texte indiquant que nous sommes en 1945,
année où « l’avenir était encore incertain », et se
termine avec les images d’archives de Mao proclamant
la nouvelle République place Tian’anmen le 1er
octobre 1949, puis avec l’image du drapeau rouge
flottant aujourd’hui sur la Porte.
Mao comme
icône affective plutôt que révolutionnaire
Le film
apparaît, selon Veg, comme le résultat d’un
compromis entre deux lignes opposées qui en font un
produit hybride, à la fois |
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The Founding of a
Republic (affiche anglaise) |
narration
historique et produit de divertissement
populaire, la guerre civile elle-même comportant des
épisodes historiques
comme des séquences
de fiction destinées à promouvoir le côté humain du
personnage de Mao. La complexité de la structure narrative
et l’interprétation des personnages historiques par des
stars du cinéma obligent à l’emploi d’intertitres précisant
l’identité des personnages apparaissant à l’écran
(l’identification des acteurs devenant en revanche un jeu de
devinettes).
Pour Veg,
cependant, cette forme narrative implique un sens bien plus
profond : l’histoire des débuts de la République populaire
devient une succession d’intrigues et de coups stratégiques
concoctés par Mao et son entourage, comme dans toute
révolution ; le prolétariat et les masses rurales
disparaissent de la carte.
Cette nouvelle
présentation de l’histoire de la République populaire
remonterait à la quête identitaire suscitée par les
événements de juin 1989, quête d’une nouvelle âme plutôt que
d’un supplément d’âme qui a débouché sur l’évolution de la
définition même du Parti, de Parti révolutionnaire en Parti
au pouvoir (执政党
zhízhèngdǎng). Mais cela ne veut pas dire que les vieux mythes ont été abandonnés :
l’idéalisme de la période maoïste persiste comme fondement
affectif, mais adapté à l’époque actuelle. En ce sens, Mao
reste une icône incontournable de la Chine moderne, mais
après expurgation de son contenu révolutionnaire.
Mao comme humaniste
et penseur d’une « nouvelle démocratie »
Tang Guoqiang dans le
rôle de Mao Zedong |
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Le film
reflète le nouvel intérêt manifesté dans le domaine
de la recherche politique, en Chine, pour la
« Nouvelle Démocratie » (《新民主主义》),
l’un des textes fondamentaux de Mao datant de 1940,
à Yan’an, dans lequel il se fait l’avocat d’une
troisième forme de république démocratique, qui ne
serait dictature ni de la bourgeoisie ni du
prolétariat, mais plutôt « dictature conjointe de
plusieurs classes révolutionnaires ».
Le texte a
été renié par Mao dès 1950, mais |
a continué à
alimenter la recherche d’une « troisième voie », surtout
après la chute du modèle soviétique. La « Nouvelle
Démocratie » a été défendue par Liu Shaoqi, puis par son
fils, le général Liu Yuan, du département de logistique de
l’Armée populaire. Détail significatif, Sebastian Veg note
que, dans le film, Liu Shaoqi figure parmi les personnalités
qui s’enivrent joyeusement pour célébrer la victoire, à
l’issue de la bataille de la rivière Huai.
Mao est ainsi
reconfiguré, pour les besoins du Parti, en incarnation du
consensus politique, en évacuant au passage la référence
première au marxisme. En même temps, il n’est plus question
de prolétariat, les réformes agraires des années 1940 sont à
peine évoquées. Mao devient plus généralement un humaniste,
sensible au sort du peuple, et finalement peu intéressé aux
discussions théoriques.
De la même manière,
les questions idéologiques sont traduites en simples termes
de conflits personnels, symbolisés par une partie d’échecs
disputée entre Chang Kai-chek et Mao Zedong ; la guerre
civile est dépeinte comme une lutte entre ces deux fortes
personnalités, à l’exclusion de toute autre force extérieure
(Américains ou Soviétiques), deux fortes personnalités
elles-mêmes au départ, comme le déclare Mao, « disciples de
Sun Yat-sen » (孙先生的弟子)
dont
elles portent toutes deux le costume caractéristique.
Le film va même,
remarque Veg, jusqu’à présenter Chang Kai-chek en fidèle
indéfectible de Sun Yat-sen et promoteur infatigable de
l’union nationale, totalement pur et dénué de toute
corruption (7), sa défaite étant finalement attribuée au
destin, le tout dans le but évident de gagner à la thèse du
film le public chinois « de l’autre rive » et de favoriser
la réunification.
Veg souligne enfin
le rôle important attribué dans le film à la Ligue
démocratique de Chine (民主联盟
Mínzhǔ liánméng,
ou Mínméng), dont l’un des membres, pourtant condamné
comme « droitier » en 1957, est salué dans le film par Mao
comme l’un des grands promoteurs de la cause de la
démocratie en Chine.
Par ces divers biais, le film est vraiment centré sur le
problème de la démocratie, mais – et c’est l’un des
points forts de l’analyse de Sebastian Veg - dans une
version totalement différente du dogme originel qui voulait
que le Parti communiste incarnât à lui seul la légitimité
démocratique en Chine, impliquant qu’il est peut-être temps
de procéder à des révisions de principes (voire de
verdicts).
Le message plus
général est que les désaccords anciens doivent être
surmontés dans le but de l’unité nationale, qui reste
« la ligne fondamentale » (底线
dǐxiàn).
La fondation d’un
Parti
Réalisé
deux ans plus tard et partageant de nombreux points
communs dans sa conception artistique avec le film
précédent, en particulier une bonne centaine
d’acteurs célèbres dans les principaux rôles, « La
fondation d’un Parti » (《建党伟业》)
reflète cependant, remarque d’emblée Sebastian Veg,
le changement de climat politique entre les deux
dates de réalisation : de la gloire postérieure aux
Jeux olympiques à la tension croissante dans la
phase préparatoire du 18ème Congrès du
Parti.
Mao seul au centre
Comme le précédent,
« La fondation d’un Parti »
prend l’événement commémoratif – le 90ème
anniversaire de la fondation du Parti communiste
chinois – comme point de départ et retrace en
flashback ceux qui y ont conduit. Il se termine, de
manière semblable, par les discussions un rien
pesantes concernant l’adoption des statuts du Parti.
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La fondation du Parti |
Logiquement, le Parti fait remonter sa légitimité à
l’héritage du 4 mai auquel il est déjà fait allusion dans
« La
fondation d’une République »,
héritage souligné par Mao dans « La Nouvelle Démocratie » et
rappelé à de nombreuses reprises dans le film. Mao est
replacé au centre des événements, en omettant, précise Veg,
la réunion de mai 1920 de la première cellule communiste, à
Shanghai, à laquelle il n’a pas participé.
Liu Ye en Mao Zedong
dans La fondation d’un
Parti |
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En fait, explique Veg, le tournage et la post-production du
film se sont passés sur fond de rumeurs sur la préparation
du 90ème anniversaire, suggérant que, fin 2010,
le Comité central avait décidé de supprimer toute référence
à Mao dans les documents émanant du Parti. Le 20 juin 2011,
le vice-président Xi Jinping démentait publiquement ces
rumeurs en avançant le nouveau concept des « deux grandes
avancées théoriques » (两大理论成果)
des 90 ans écoulés du Parti : l’adaptation des principes de
base du marxisme à la réalité concrète de la Chine et la
sinisation du marxisme.
Ces deux avancées sont liées à la pensée de Mao,
complétée par les théories de ses successeurs.
Reprise et développée par le président Hu Jintao
lors de son discours pour le 90ème
anniversaire, cette déclaration réaffirma donc le
rôle de Mao au centre de l’histoire du Parti, et en
tête de ses successeurs
|
qui ne sont cités qu’en renfort. De même,
« La fondation d’un Parti »
est
construit autour de la figure centrale de Mao, alors
que le film précédent était bâti sur les
personnalités contrastées de Chang et de Mao.
Un Mao romantique,
charmeur et dépolitisé
Le jeu de Liu Ye
lui prête des allures de jeune homme romantique et même un
tantinet mélancolique, humain et impulsif, prône à tomber
amoureux et à changer d’opinion politique. Le film montre
ainsi un Mao projetant d’aller étudier à l’étranger, mais
décidant finalement, au dernier moment, de rester en Chine
par amour et camouflant cette raison sous une raison
politique : les solutions étrangères ne peuvent être
transposées en Chine (8)… Selon la lecture de Veg, le Mao
de ce second film va un pas plus loin dans la dépolitisation
du personnage, en le représentant sous les traits d’une star
populaire, entouré d’autres stars du même acabit.
Tout ce qui concerne les événements historiques et les
débats intellectuels est un peu biaisé, la dimension
démocratique de la République de 1911, en particulier, étant
mise en cause dès le départ. Les épisodes du 4 mai 1919 sont
réduits à de violentes manifestations patriotiques ; Lu Xun
n’apparaît pas, tandis que Chen Duxiu (陈独秀),
co-fondateur du Parti, est dépeint comme un intellectuel
naïf qui a besoin d’être guidé par Li Dazhao (李大钊)
pour comprendre les tenants
et aboutissants du marxisme…
Malgré tous ses atouts,
« La fondation d’un Parti »
manque des
subtilités qui ont fait le succès du film précédent, en
particulier ses touches d’humour et d’ironie.
Pour Veg, il marque
les limites de la reconfiguration à des fins commerciales de
l’histoire chinoise sous la conduite du Parti, sans doute en
raison des contraintes idéologiques mouvantes, et de la
censure.
Notes
(1)
Progaganda and Pastiche, in
China Perspectives, 2012-2, Special Feature : Mao today, a
Political Icon for an Age of Prosperity, p. 41-53…
(2) Résolution sur
quelques questions de l’histoire de notre Parti depuis la
fondation de la République populaire (关于建国以来党的若干历史问题的决议),
publiée le 6 juillet 1981.
Texte chinois :
http://cpc.people.com.cn/GB/64162/64168/64563/65374/4526448.html
Traduction :
http://french.beijingreview.com.cn/zt/txt/2011-05/19/content_359311.htm
La conclusion
concernant le rôle de Mao est très claire (par. 27,
traduction Beijing Review) :
毛泽东同志是伟大的马克思主义者,是伟大的无产阶级革命家、战略家和理论家。他虽然在“文化大革命”中犯了严重错误,但是就他的一生来看,他对中国革命的功绩远远大于他的过失。他的功绩是第一位的,错误是第二位的。
« Le camarade
Mao Zedong fut un grand marxiste, un grand révolutionnaire,
un grand stratège et un grand théoricien prolétariens.
Certes, il a commis de graves erreurs au cours de la
«Révolution culturelle», mais si l'on considère sa vie dans
son ensemble, sa contribution à la révolution chinoise
dépasse de loin ses erreurs. Son mérite occupe la première
place, tandis que ses erreurs n'occupent qu'une place
secondaire. »
(3) Selon les
termes d’Anne-Marie Brady *.
(4) Dans son
ouvrage « In the Red »*.
(5) Shelly Kraicer
développe son argument à partir de l’analyse du film de Lu
Chuan (陆川)
« The
City of Life and Death » (《南京!南京!》)
sur le massacre de Nankin.
Voir
:
http://cinema-scope.com/features/features-a-matter-of-life-and-death-lu-chuan-and-post-zhuxuanlu-cinema-by-shelly-kraicer/
(6) La
reconfiguration du cinéma officiel est à replacer dans une
politique culturelle plus générale, ajoute Veg, annoncée par
le discours prononcé par le président Hu Jintao lors du
plénum du Comité central de 2011 : il a appelé à poser les
bases d’une nouvelle culture chinoise en défendant une
redéfinition des modes de contrôle des industries
culturelles dans un sens protectionniste, comme une
politique légitime visant à assurer une « égalité de
contenu culturel » dans une situation « de force occidentale
et de faiblesse chinoise » (西强我弱),
et ce afin de sauvegarder des « industries culturelles »
menacées, le cinéma en particulier.
(7) Veg consacre
tout un passage à l’analyse d’une déclaration de Chang
Kai-chek affirmant que lutter contre la corruption est un
risque pour le Parti, mais que ne pas le faire est un risque
pour la nation :
« 反辱要亡党,不反辱要亡国 »
Déclaration qui
sonne comme une explication de la chute du Guomingdang, mais
qui a une autre résonance encore dans le contexte actuel…
(8) La réalité
semble plus prosaïque : il n’avait vraisemblablement pas
l’argent nécessaire pour partir…
* Ouvrages
cités :
- Marketing
Dictatorship : Propaganda and Thought Work in Contemporary
China, par Anne-Marie Brady, Lanham, Rowman & Littlefield,
2008.
- China’s
Propaganda System : Institutions, Processes and Efficacy,
par David Shambaugh, in The China Journal, n° 57, janvier
2007, pp. 25-28.
- In the Red,
par Geremie Barmé, Columbia University Press, 1999
Sebastian Veg est
actuellement directeur du CEFC (Centre d'Études Français sur
la Chine contemporaine)
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