Deux films
chinois en compétition et un nouveau Johnnie To à la
Berlinale 2016
par Brigitte Duzan, 16 février 2016
La Berlinale est toujours un événement attendu, en
particulier pour le cinéma chinois. En 2016 (11-21 février),
la 66ème édition du festival offre deux films
intéressants à cet égard, un film de fiction et un
documentaire.
1. Parmi les dix-huit films en compétition
pour l’Ours d’or ou d’argent :
« Crosscurrent » (《长江图》)
de
Yang Chao (杨超),
un film en première mondiale, dont le titre signifie
« la carte du Yangtse ».
C’est une histoire d'amour
à la poésie mélancolique,
dans le genre "réalisme magique" (“魔幻现实主义爱情片”),
avec Qin Hao (秦昊)
dans le rôle principal. Il interprète un jeune
capitaine qui navigue sur le Yangtse et dont le père
vient de mourir ; il suit une sorte d’errance
métaphysique, dont les lieux lui sont dictés par
Qin Hao dans
Crosscurrent
des poèmes, dans une atmosphère irréelle où il rencontre à
chaque étape la femme qu’il aime.
Mais c’est aussi une image hallucinée d’une Chine
pleine de légendes, qui sombre, engloutie sous les
flots, une Chine construite sur des ruines qu’ont
délaissées les habitants, contraints à déménager
ailleurs. Un film chinois où, pour une fois, la
recherche formelle mène le récit.
2. Parmi les dix-sept documentaires de la section
Dokumente : « My Land » (《吾土》)
de
Fan Jian (范俭),
qui avait déjà été présenté au
20ème festival de Busan,
en
My Land
octobre 2015, dans la section Documentary Showcase
(c’est-à-dire hors compétition).
Le personnage principal, Chen Chun (陈军),
est un paysan qui a quitté sa campagne quinze ans
auparavant et vit dans la banlieue de Pékin où il
gagne sa vie en cultivant des légumes. Mais la ville
s’étend de plus en plus et finit par atteindre la
zone où il vit et travaille. L’endroit est touché
par un projet d’urbanisation, et Chen Chun doit
partir…
3. Ajoutons un nouveau film de
Johnnie To,
présenté en première mondiale : « Trivisa » (《树大招风》).
Le film se passe avant 1997 à Hong Kong, où trois
criminels arrivent de Chine continentale pour tenter
de faire fortune. Trivisa est un terme
sanscrit qui signifie « les trois poisons », mais le
titre chinois est un chengyu qui signifie
« un grand arbre attire le vent », c’est-à-dire si
vous êtes riche et/ou célèbre, vous attirez
forcément les jalousies.
Trivisa (affiche de la
Berlinale)
Trailer
Notons par ailleurs dans
la section Panorama un film tourné en Chine :
« Dog Days » de Jordan Schiele, film tourné à Pékin par un
réalisateur d’origine américaine.
Dossier de presse de la Cinéfondation de Cannes où Jordan
Schiele a été en résidence :
Dans cette même section Panorama, on remarque aussi une
anomalie intrigante : « While the Women are Sleeping », un
film japonais, avec Takeshi Kitano, réalisé par …
Wayne Wang.