A découvrir,
voir et revoir au festival de Busan 2015
par Brigitte Duzan, 23 septembre 2015, actualisé 05 octobre
2015
En 2015, la 20ème édition du festival de Busan
aura lieu du 1er au 10 octobre. C’est chaque
année une vitrine de première importance pour découvrir les
nouveaux films asiatiques en avant-premières, mais l’année
2015 est particulièrement riche en films chinois.
On compte une dizaine de titres intéressants, parmi
lesquels deux mettent
Sylvia Chang à
l’honneur, comme actrice, auteur et réalisatrice ;
elle sera également
présidente du jury de la compétition.
C’est un film original pour Johnnie To : une comédie
dramatique musicale, adaptée de la comédie musicale
de
Sylvia Chang
« Design
for Living » qui a eu beaucoup de succès au théâtre
à Hong Kong. C’est une histoire de conflits
personnels au sein d’une grosse société, au moment
où elle va être introduite en Bourse.
Sylvia Chang
interprète elle-même le rôle principal féminin, aux
côtés de Chow Yun-fat, mais également, entre autres,
Tang Wei (汤唯)
et Wang Ziyi (王紫逸).
Le film est sorti le 2
Office
septembre à Hong Kong, et doit sortir le 24 en Chine
continentale.
Sorti en avril à Taiwan et en Chine continentale, le
film a fait également partie de la sélection du
festival de Toronto et s’annonce comme l’un des
meilleurs de
Sylvia Chang
qui n’avait pas réalisé de films depuis sept ans,
c’est-à-dire depuis
« Run,
Papa, Run
» (《一个好爸爸》),
en 2008.
C’est une nouvelle étape dans
son œuvre.
C’est une histoire de famille divisée et de conflit
de génération, traité comme un drame introspectif,
avec délicatesse et subtilité. Un frère et une sœur
ont été séparés après la rupture de leurs parents,
et ils l’ont mal vécu.
Ils évoquent leurs souvenirs d’enfance, sur un mode
élégiaque, en opposition avec la grisaille de leur
vie quotidienne.
Il est bâti sur des images symboliques, à commencer
par le titre (chinois), et l’île où se passe
l’histoire : l’île taïwanaise de
Lyudao (綠島),
ou « île verte », une île qui servait autrefois de prison.
Il signe le retour à l’écran de l’actrice Isabella Leong (梁洛施),
dans le rôle d’une femme peintre égarée dans un amour
problématique pour un aspirant boxeur ; son amant boxeur est
interprété par Joseph Chang (张孝全)
et son frère par Lawrence Ko (柯宇纶).
Murmur of the Hearts, trailer
3.
«
Ever Since We Love »
(《万物生长》),
de la réalisatrice
Li Yu (李玉),
adapté du roman à succès de l’écrivain Feng Tang (冯唐)
« Everything Grows » (《万物生长》)
dont le film a repris le titre chinois[1].
Comme le roman, partiellement
autobiographique, le film est une chronique
sentimentale d’un étudiant en médecine, à Pékin,
partagé entre trois femmes, dont une plus âgée que
lui et extérieure au monde universitaire. Les deux
rôles principaux sont interprétés par Han Geng (韩庚)
et, bien sûr, Fan Bingbing (范冰冰)
– c’est l’actrice fétiche de
Li Yu.
Le film est produit par Fang Li
(方励),
comme les autres films de Li Yu. Il est sorti en
Chine en avril 2015, et il a remporté un grand
succès commercial. Les critiques sont plus
partagées.
Ever Since We Love
Ever Since We Love,
trailer
4.
«
A Tale of Three Cities » (《三城记》)
de
Mabel Cheung (张婉婷).
A Tale of Three Cities
On attendait un nouveau film de Mabel Cheung depuis
son merveilleux « Echoes of the Rainbow » (《岁月神偷》)
de 2010. Ce nouveau film, le voici, dans la même
veine.
Co-écrit comme d’habitude avec son époux Alex Law (罗启锐),
le scénario est basé sur l’histoire vraie des
parents de Jackie Chan : son père, ancien espion du
Guomingdang, et sa mère, qui fut un temps
trafiquante d’opium. C’est, à la fin des années
1930, l’histoire d’un couple au passé aussi
chaotique que l’époque, séparés par la guerre et
aussi de leurs enfants, et obligés de les laisser
pour s’enfuir à Hong Kong.
Le rôle principal, en particulier, est
remarquablement interprété par
Tang Wei (汤唯).
Tale of Three Cities, trailer
5. «
Bad Guys Always Die
» (《坏蛋必须死》),
de
Sun Hao (孙皓)
Premier film du jeune réalisateur Sun Hao, il est
annoncé comme un film d’action et comédie noire. Il
raconte l’histoire de quatre copains qui, lors d’une
visite dans l’île de Jeju, tombent par hasard sur
une femme qui a perdu conscience après un accident ;
alors qu’ils tentent de l’aider, on leur tire
dessus…
Sun Hao a été l’assistant et le collaborateur de
Feng Xiaogang (冯小刚)
pour une dizaine de ses films. C’est Feng Xiaogang
qui a coproduit le film, avec le Coréen
Kang Je-gyu ; c’est leur troisième coproduction. La
Huayi Brothers a financé la majeure partie du
budget.
Le film a été tourné dans l’île touristique de
Jeju, et les deux rôles principaux sont interprétés
par
l’acteur taïwanais Chen Bolin (陈柏霖)
et l’actrice coréenne
Son Ye-jin. La sortie est annoncée, en Chine et en
Corée, pour 2016. Il fait partie de la vague
actuelle de coproductions sino-coréennes.
Bad Guys Always Die
6. « Paths of the Soul » ou “Kang Rinpoche” (《冈仁波齐》)
de
Zhang Yang (张扬)
Paths of the Souls
Tourné en style documentaire, pendant une année
entière, ce nouveau film de
Zhang Yang est une
chronique mêlant fiction et documentaire d’une
expérience réellement vécue par un groupe de
villageois tibétains partis faire un pèlerinage de
2 000 kilomètres à Lhassa, en se prosternant à
chaque pas, comme le veut la tradition, dans un but
de purification personnelle, mais aussi de prière
pour d’autres.
Le film progresse au rythme des pèlerins, sans
scénario préalable, en suivant les péripéties du
voyage et les multiples dangers qui les guettent,
dans un environnement dangereux où le moindre rhume
peut être fatal…
7.
Film de clôture :
« Mountain Cry » (《喊·山》),
de
Larry Yang (杨子).
Coproduit par
Beijing
Hairun Pictures et Village Roadshow Pictures Asia,
le film est un mélodrame adapté d’un roman de la
romancière Ge Shuiping (葛水平)
qui a été couronné du prix Lu Xun en 2005
[2].
Le récit lui a été inspiré par un fait divers qui
s’est passé dans son enfance dans son Shanxi natal,
dans la région des monts Taihang.
Arrivant dans un village de montagne loin de tout
avec sa femme, qui est muette, un homme est tué en
marchant sur un explosif qui était destiné à tuer un
animal. Le village étouffe l’affaire en obligeant le
responsable à prendre en charge sa veuve. Mais il
tombe peu à peu amoureux d’elle… L’histoire est
prétexte à analyser les secrets d’un village perdu
où les habitants ont peu de contacts avec
l’extérieur.
Larry Yang est peu connu bien que « Mountain Cry »
soit son septième film. Il a fait ses études aux
Etats-Unis avant de revenir à Pékin pour entrer à
l’Institut du cinéma.
Mountain Cry
8.
Programme spécial de quatre courts métrages, commande du
festival.
Ils sont réalisés par le Thaïlandais Apichatpong
Weerasethakul, la Japonaise Naomi Kawase, le Coréen
Im Sang-Soo et le Chinois
Wang Xiaoshuai (王小帅). Parallèlement
les quatre cinéastes doivent servir de mentor à
quatre nouveaux réalisateurs qui doivent également
chacun réaliser un court.
Le court métrage de
Wang Xiaoshuai est
intitulé « Corn Fields » : l’histoire d’un jeune
garçon qui vit seul avec sa grand-mère, dans un
village.
9.
Parmi les documentaires présentés, signalons :
- « Afternooon » (《那日下午》),
de
Tsai Ming-liang (蔡明亮),
présenté à la Biennale de Venise en août dernier :
dialogue au milieu de ruines du réalisateur avec son
acteur Lee Kan-sheng (李康生).