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Liu Fendou 刘奋斗
Né en 1969
Présentation
介绍
par Brigitte
Duzan, 11 septembre
2011
Né en 1969 à Pékin,
Liu Fendou (刘奋斗) fait partie de ce groupe de
réalisateurs chinois qui ont fait leurs études à
l’Académie centrale d’art dramatique, à Pékin
(中央戏剧学院).
A la fin de ses études, il partit aux Etats-Unis,
mais, se sentant coupé de ses racines, n’y resta que
deux ans et revint à Pékin en 1995. C’est là que,
deux ans plus tard, il entra comme scénariste à la
société de production Imar Films qui venait d’être
créée.
Scénariste puis producteur
Il a ainsi collaboré avec
Zhang Yang (张扬),
Cai Shangcun (蔡尚君)
et
Diao Yinan (刁亦男),
pour la rédaction des scénarios de « Spicy Love Soup
» (《爱情麻辣烫》) et « Shower » (《洗澡》) réalisés par le
premier respectivement en 1997 et 1999; entre les
deux, en 1998, il a écrit le scénario de
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Liu
Fendou (刘奋斗) |
« Beautiful New World » (《美丽新世界》), une
comédie romantique réalisée par Shi Runjiu (施润玖), l’histoire
d’un paysan qui gagne à la loterie un appartement à Shanghai
: trois très bons films qui ont été, en plus, des succès au
box office.
A la fin de l’année 2000, il a ensuite laissé Imar pour
créer sa propre société de production, Electric Orange
Entertainment, qui a produit le premier film de
Zhang Yibai
« Spring Subway » (《开往春天的地铁》), sorti en 2002. Interviewé
lors de la sortie du film, il déclara : « Je veux porter
Electric Orange au niveau des meilleurs studios de
Hollywood. Le développement du cinéma chinois devrait
pouvoir compter sur des studios indépendants, non sur
seulement des vedettes culte. … Trop de bonnes idées de
scénarios ont été perdues à cause du manque
d’infrastructures. Un grand nombre de gens se sont noyés en
essayant de gagner l’autre rive de cet immense fleuve. Je
veux bâtir un pont pour eux. »
C’était il y a près de dix ans. Entre temps, Liu Fendou est
aussi devenu réalisateur.
Deux premiers
films originaux
Affiche du film
« Green hat » (《绿帽子》) |
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En 2003,
il a fait ses débuts de réalisateur avec « Green
hat » (《绿帽子》),
dont il a aussi écrit le scénario et qu’il a
produit. Ce film, primé au Festival de Tribeca en
2003 et à celui de Thessaloniki en 2004, l’a fait
connaître en tant que réalisateur et a largement
contribué à lui assurer, pour son second film, le
support d’une équipe de production (et de promotion)
hors pair : Liu Xiaodian et le Beijing Zhengtian
Culture and Media Center).
« Green hat » est un condensé du style initial de
Liu Fendou : un humour décapant, à la limite de la
provocation et du mauvais goût, et une sorte de
fascination pour les situations désespérées,
l’impuissance à gérer sa vie. Tout cela superbement
illustré dès les deux premières séquences du film.
Il
commence par une explication du titre qui annonce le
thème principal – le vert étant la couleur des cocus
en Chine, venant de l’écharpe verte que portaient
les |
hommes qui travaillaient
autrefois dans les maisons closes chinoises.
Puis la
caméra se fixe sur un personnage qui raconte une
blague : "Le premier plan du film est un cadre serré
autour d'un homme riant sur la plage ; les
spectateurs se disent, c'est un film comique. La
caméra recule et on voit que l'homme se masturbe ;
les spectateurs se disent, c'est un film porno. La
caméra s'éloigne encore plus, révélant cent hommes
tous en train de se masturber sur la plage ; les
spectateurs se disent, c'est un film d'art."
C’est un style qui fait grincer les dents et en
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Photo du film « Green
hat » (《绿帽子》) |
Liu Fendou au festival
de Shanghai en juin
2011 |
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agace beaucoup. Il est fort bien rendu par
l’affiche iconoclaste conçue pour la distribution
internationale : elle arbore le « rire symbolique »
d’un des célèbres personnages du peintre Yue Minjun
(岳敏君),
figure de proue du « réalisme cynique ». Et le
personnage est coiffé d’une casquette Mao… d’un vert
électrique.
Pour son
second long métrage,
« Ocean
Flame » (《一半是海水一半是火焰》),
sorti en 2006, il a abandonné cet humour provocant
pour se concentrer sur le nihilisme latent dans
« Green hat », qui est aussi celui de l’auteur de la
nouvelle dont est inspiré le film : Wang Shuo (王朔)
(1).
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Un
troisième renié
En juin
2011, enfin, est sorti en Chine son troisième film :
« The Pretending Lovers » (《假装情侣》). C’était au festival international de cinéma de Shanghai. Le film a valu
à son auteur d’être qualifié de « précurseur » (“前期导演”).
Il s’agit
d’une comédie romantique : une jeune femme a perdu
son fiancé dans une tempête de neige ; désespérée,
elle refuse tout nouveau prétendant, jusqu’au jour
où elle rencontre un agent d’assurance qui arrive à
l’amadouer ; il partent en voyage ensemble, mais en
‘faisant semblant’ de s’aimer ; en fait elle le
prévient qu’elle ne l’aimera jamais, et ne cesse de
tester son endurance.
Le plus
original (et précurseur) est peut-être que le film a
été tourné à Trondheim, en Norvège, pour capter la
magie de la lumière polaire, selon le producteur. La
fin se passe en effet au pôle Nord, avec un
dénouement inattendu, un |
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Affiche du film « The
Pretending Lovers »
(《假装情侣》) |
dernier twist qui
donne du sel à l’histoire. Mais rien de « précurseur » en
soi.
De toute
façon, le film est mal parti : juste avant sa sortie
à Pékin, le 26 juin dernier, Liu Fendou a jeté un
froid en proclamant qu’il ne se considérait pas
comme l’auteur de ce film. Le différend viendrait du
dernier montage réalisé, par les producteurs, la
version initiale (115’) ayant été jugée trop longue
et coupée d’une vingtaine de minutes, ce qui n’est
pas rare en Chine. Les dernières affiches ne portent
pas le nom de Liu Fendou.
Photo du
couple dans le film |
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Les deux acteurs à la
première de Pékin
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Note :
(1) Sur
Wang Shuo (王朔),
voir :
www.chinese-shortstories.com/Auteurs_de_a_z_Wang_Shuo.htm
A lire en
complément
Ocean
Flame 《一半是海水
一半是火焰》
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