par Brigitte Duzan, 15 octobre 2016, actualisé
13 septembre 2024
Wei Shujun est né en 1991 à Pékin, et il est diplômé
du département de mise en scène de l’Université des
communications de Chine (中国传媒大学导演系).
Avec lui, on parle déjà de génération post’90.
Il a commencé à jouer dans des films, au cinéma et à
la télévision, à l’âge de quatorze ans. Il a joué en
particulier dans la série télévisée en trente
épisodes, diffusée en novembre 2007 : « La mère du
désert de Gobi » (《戈壁母亲》).
Wei Shujun
Il a d’abord réalisé deux documentaires, comme travaux
d’étudiant : « Said
in the Forbidden City
» en 2011 et
« Hancheng Color »
en 2013.
Un premier film en 2016
Duck Neck
A 25 ans, sur un scénario co-écrit avec
Wang Chao (王超),
il a réalisé son premier long métrage, « Duck
Neck » (《浮世千》),
en compétition, et première mondiale, au
21ème festival de Busan,
dans la section Window on Asian Cinema (“亚洲电影之窗”),
en octobre 2016.
Le film se présente comme un road-movie amoureux (青春公路爱情电影),
un trio original, deux femmes et un homme : la jeune
actrice Wen Jie (文杰)
rencontre Yang Dan (杨丹)
dans un cours d’art dramatique,
puis fait la connaissance de son petit ami Li Yihuan (李亦欢).
Des années plus tard, Wen Jie est devenue célèbre et Li
Yihuan est son agent ; mais un mystère plane sur ses
relations avec Yang Dan, et un incident survenu une nuit
lors d’une tempête dans le désert, du côté de Dunhuang…
C’est une histoire de rêve de jeunesse.
Le film a été produit par un présentateur célèbre en
Chine, Cheng Cheng (程成),
et les rôles masculins sont interprétés par des
nouveaux venus au cinéma, Wang Ziqiang (王子强)
et Zhang Ruofeng (张若峰)[1].
Retour au court métrage
En mai 2018, Wei Shujun a obtenu une Mention
spéciale au festival de Cannes pour son court
métrage de 15 ‘ « On the Border » (《延边少年》)
qui a fait partie des courts métrages sélectionnés
au festival du cinéma d’auteur chinois à Paris en
2019.
Zhang Ruofeng, Wang
Ziqiang, Cheng Cheng et Wei Shujun
(de g. à dr.) au
festival de Busan (oct. 2016)
Le
film dépeint le fantasme d’un
jeune Chinois appartenant à la minorité coréenne dans le
nord-est de la Chine : il rêve de traverser la frontière
pour rejoindre la Corée du Sud qu’il considère comme sa
patrie. Le sujet et la manière de le traiter rappellent les
films réalisés par
Zhang Lü (张律).
Trailer
En
2019, il réalise un autre court métrage, Xigua (《西瓜》),
dont le rôle principal est interprété par l’acteur Zhang
Ruoyun (张若昀).
C’est encore une histoire de jeunes. Comme l’est le long
métrage qui suit.
Xigua
2020 : en sélection au festival de Cannes
Zhou You et sa jeep
dans « Striding into the Wind »
Produit par Alibaba, ce long métrage a été
sélectionné, en même temps que le film de Hong Kong
« Septet,
the Story of Hong Kong » (《七人樂隊》),
dans la sélection officielle du festival de Cannes
2020, mais dans la section Premier films. Il
s’intitule « Striding
into the Wind »
(《野马分鬃》)
; le scénario a été coécrit avec le scénariste du
court métrage « On the Border », Gao Linyang (高临阳),
et les deux rôles principaux sont interprétés par
l’acteur Zhou You (周游)
et l’actrice Zheng Yingchen (郑英辰).
Zhou
You joue le rôle d’un jeune étudiant qui est en passe de
terminer ses études pour devenir preneur de son. Mais les
cours l’ennuient, il est comme un cheval sauvage aspirant à
la liberté des grands espaces
[2].
Il s’achète une jeep d’occasion, et conduit sans permis de
conduire, la voiture est un moyen d’évasion : il rêve
d’emmener sa petite amie en Mongolie intérieure. Il finira
par y aller mais sans elle, et dans des circonstances qui ne
collent pas vraiment avec son rêve. Le film est une satire
grinçante, mais un peu trop caricaturale, des milieux
cinématographiques.
2021 : 53e Quinzaine des réalisateurs
En 2021, un nouveau film de Wei Shujun est
sélectionné au festival de Cannes, à la Quinzaine
des réalisateurs : « Ripples of Life »
(《永安镇故事集》)[3].
C’est à nouveau un film sur le cinéma. Un tournage a
lieu dans la petite bourgade reculée de Yong’an (永安镇).
La venue d’une équipe de tournage bouleverse la
patronne d’un petit restaurant local qui rêve d’une
autre vie et se fraie une place sur le tournage. Par
ailleurs, une jeune femme originaire du bourg et
devenue star revient grâce au tournage dans sa ville
natale où elle espère retrouver ses amis d’enfance
et ses meilleurs souvenirs. Cependant, le
réalisateur et le scénariste ne sont pas d’accord.
Le tournage doit pourtant commencer…
Ripples of Life
2023 :
Cannes encore
Wei Shujun revient à
Cannes en 2023 avec un film sélectionné dans la
section Un certain regard : « Only
the River Flows » (《只有河水在流》)
adapté d’une novella de
Yu Hua (余华)
initialement publiée en 1988, « Mistakes by the
River » (《河边的错误》)
[4].
C’est un récit énigmatique qui tend vers l’absurde :
l’inspecteur Ma Zhe (马哲)
est dépêché dans une petite ville pour enquêter sur
le meurtre d’une vieille femme, mais se retrouve
bientôt avec deux autres meurtres sur les bras,
commis de la même manière et au même endroit, au
bord de la rivière. Ses deux principaux suspects
sont un fou qu’a adopté la vieille femme et un jeune
suicidaire qui travaille dans l’usine locale. Tout
est dans l’atmosphère…
L’inspecteur Ma Zhe est interprété par
Zhu Yilong (朱一龙),
jeune acteur sorti en 2010 de l’Institut du cinéma
de Pékin et devenu célèbre pour son interprétation
du rôle de Mo Sanmei (莫三妹)
dans le film « Lighting Up The Stars » (《人生大事》)
de Liu Jiangjiang (刘江江)
sorti en juin 2022 et grand succès au box-office
chinois - le rôle lui a valu d’être primé au
festival du Coq d’or en 2022.
2024 : Mostly Sunny
En juin 2024, le cinquième long métrage de Wei
Shujun était en compétition au festival de
Shanghai : « Mostly Sunny » (《阳光俱乐部》)
– littéralement « le club du soleil ». L’interprète
principal,
Huang Xiaoming (黄晓明),
a été couronné meilleur acteur.
Only the River Flows
Mostly Sunny
Filmographie
2016 :
Duck Neck《浮世千》
2018 :
On the Border
《延边少年》
(court métrage)
2020 : Striding into the Wind《野马分鬃》
2021 : Ripples of Life
《永安镇故事集》
2023 : Only the River Flows 《只有河水在流》
2024 :
Mostly Sunny《阳光俱乐部》
[1]
Il faut sans doute l’oublier.
Le film figure dans la filmographie de Wei Shujun
sur baidu, mais il est passé sous silence
dans beaucoup d’autres filmographies du réalisateur
qui font commencer ses réalisations avec son court
métrage de 2018. C’est ce court métrage qui est la
seule référence donnée par le festival de Cannes.
[2]
Le titre chinois est le nom d’un mouvement de
diverses écoles de taijiquan (太极拳)
qui signifie « la crinière divisée du cheval
sauvage ».
[3]
Le titre signifie « Histoires du bourg de Yong’an »