Une pléiade de
films chinois à découvrir au 21ème festival de
Busan
par Brigitte Duzan, 14 octobre 2016
En cette année 2016, le 21ème festival de
Busan s’est ouvert sur fond de démonstrations de
soutien à l’un des festivals les plus intéressants
en matière de cinéma asiatique, mais qui se bat
depuis près de deux ans pour défendre son espace de
liberté. En dépit des difficultés, il fait preuve
cette année encore de la
500M800M
richesse de programmation qui lui est habituelle.
Il s’est ouvert le 6 octobre avec « A Quiet Dream »
(《春梦》),
le nouveau film du réalisateur sino-coréen
Zhang Lü (张律)
qui, depuis
« La
Rivière Tumen » (《图们江》),
tourne maintenant en Corée.
1. Côté chinois (Chine continentale et Hong Kong),
quatre longs métrages en compétition sont à
découvrir, outre « Soul on the String » (《皮绳上的魂》)
de
Zhang Yang (张扬)
qui était déjà au festival de Shanghai en juin. Ce
sont trois films de nouveaux venus, et un autre d’un
vétéran de Hong Kong.
« 500M800M »
(《五百米八百米》)
de
Yao Tian (姚天) :
un film qui revient sur les absurdités de la
politique de contrôle des naissances pratiquée en
Chine pendant 35 ans, jusqu’à la fin de 2015. En
1997, une famille qui vit à 800 mètres d’altitude
dans les montagnes de la région du barrage des
Trois-Gorges décide de déménager plus bas dans la
vallée pour répondre à une directive du
gouvernement. Les parents sont ravis, ils ont une
maison neuve et leur fille peut aller à l’école.
Mais ils apprennent que, à moins de 500 mètres, ils
n’ont plus droit qu’à un enfant…
« Duck Neck »
(《浮世千》)
de
Wei Shujun (魏书均),
sur un scénario coécrit avec
Wang Chao (王超) :
un film présenté comme un road-movie amoureux (青春公路爱情电影),
une histoire originale de trio amoureux, deux femmes
et un homme : deux jeunes actrices, Wen Jie (文杰)
rencontre Yang Dan (杨丹)
dans un cours d’art dramatique, puis fait la
connaissance de son petit ami Li Yihuan (李亦欢).
Des années plus tard, Wen Jie est devenue célèbre et
Li Yihuan est son manager ; mais un mystère plane
sur ses relations avec Yang Dan, et un incident
survenu une nuit lors d’une tempête dans le désert,
du côté de Dunhuang…
« One
Night Only»
(《天亮之前》),
premier film réalisé par l’acteur taïwanais, Matt Wu
(吴中天) :
un homme qui a ruiné sa famille au jeu et sort de
prison après sept années derrière les barreaux,
rencontre une prostituée, Momo (茉茉,),
avec laquelle il fraternise et passe la nuit. Mais,
pour sauver sa fille d’une mauvaise passe, il
s’accuse d’un crime qui lui vaut huit autres années
de prison – quand il en sort, Momo est morte… il lui
reste le souvenir de leur dernier baiser juste avant
l’aube, c’est le titre chinois du film.
« Three » (《三人行》)
de
Johnnie To (杜琪峰),
produit par sa société Milkway Image et sorti en
Chine en juin 2016 : un film d’action qui se passe
dans un hôpital, où les trois protagonistes sans
liens entre eux, un neurochirurgien, un flic et un
patient qui est aussi un suspect, sont rapprochés
par le destin, dans un scénario qui se veut une
réflexion sur les
Duck Neck
One Night Only
Three
Someone To Talk To
limites floues entre le bien et le mal. Avec Zhao
Wei (赵薇),
Louis Koo (古天乐),
Wallace Chung (钟汉良),
Suet Lam (林雪),
etc…
2. Outre le très attendu « Knife in the Clear
Water» (《清水里的刀子》)
de
Wang Xuebo (王学博),
la section New Currents, qui compte à elle
seule onze films de dix pays différents, offre deux
films chinois de réalisateurs dont c’est le premier
long métrage :
« Someone
To Talk To»
(《一句顶一万句》),
adapté par Liu Zhenyun (刘震云)
de son roman éponyme et réalisépar la jeune cinéaste
Liu Yulin (刘雨霖)
: une fable sur l’incommunicabilité en Chine, et
plus généralement dans le monde moderne.
Trailer
« The
Donor»
(《爸爸的最后选择》) de
Zang Qiwu (臧启武),
sorti sous son seul titre anglais : un homme vend un rein
pour sauver une jeune femme… et renflouer les finances
familiales.
Mais, comme la jeune femme a fait une réaction de rejet
après l’opération, son frère demande au donneur de leur
vendre un rein de son fils…
Trailer
3. Il faut ajouter trois films taïwanais,
dont deux ont déjà fait parler d’eux : « The
Road to Mandalay »
(《再见瓦城》)
de Midi Z (赵德胤)
et « Lost
Daughter »
(《再见女儿》)
de Chen Yu-jie (陈宇诘)
élu meilleur réalisateur
au 19ème festival de Shanghai,
en juin 2016.
A découvrir : « My Egg Boy » (《我的蛋男情人》)
écrit et réalisé par Fu Sola Tien-yu (傅天余) :
l’histoire d’une femme qui travaille dans une usine
de produits surgelés, tombe amoureuse d’un chef de
cuisine bio et fait congeler ses embryons.
En outre, à voir dans la section New Currents,
« White Ant » (《白蚁》),
premier film de fiction du documentariste Chu
Hsien-Che (朱贤哲),
qui développe une histoire de fétichisme sexuel dans
la Taipei moderne.
White Ant
Trailer
4. Signalons trois courts métrages dans la section
Asian shorts.
- « Pain
in Silence
» (《疼痛无声》),
premier court métrage de
Li Yujian (李雨谏),
19’ : orphelin à treize ans, après que ses parents
sont morts dans un accident, un jeune garçon resté
seul doit se débrouiller pour vivre, en silence.
- « The
Doomed Way»
(《横头道》)
de
Guo Sanpi (郭三皮),
29’ : trois personnages des plus ordinaires, un père
de famille transporteur routier de charbon, le
propriétaire de la mine locale dont la femme est
enceinte et le tenancier d’un petit restaurant… mais
tout n’est pas si calme que les apparences
pourraient le laisser croire.
The Doomed Way
- « Single Belief » (《一念》)
de Li Kangsheng (李康生),
15’ – l’acteur fétiche de
Tsai Ming-liang (蔡明亮)
passé derrière la caméra sous l’égide bienveillante
de son maître.
Tsai Ming-liang (蔡明亮)
qui présente par ailleurs « Autumn Days » (《秋日》),
un documentaire sur Nogami Teruyo, la scénariste,
collaboratrice et compagne d’Akira Kurosawa.