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Le
Festival de cinéma chinois de Changchun : vitrine du cinéma
officiel
par Brigitte Duzan,
22 août 2012
Le Festival
du cinéma chinois de Changchun (中国长春电影节)
a fêté son 10ème anniversaire en août
2010. Fondé en 1992 à l’initiative des
Studios de Changchun
(长春电影制片厂),
sous l’égide conjointe de l’Administration d’Etat de
la radio, du cinéma et de la télévision (SARFT), de
la province de Jilin et de la ville de Changchun qui
en assurent le financement, il dure
traditionnellement cinq jours, la dernière semaine
d’août, et se tient tous les deux ans, en alternance
avec le
festival des Huabiao.
Une vitrine
prestigieuse du cinéma ‘officiel’
Classé
parmi les quatre premiers festivals de cinéma en
Chine, le festival de Changchun fait pendant au
festival international de cinéma de Shanghai, en se
positionnant sur un créneau plus ‘officiel’ et
populaire, plus traditionnellement ‘chinois’, en
quelque sorte. |
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Le Cerf d’or |
Il est ouvert,
selon la terminologie officielle, aux films « de fiction en
langue chinoise » (华语故事片)
« des deux rives et des trois territoires » (“两岸三地”),
c’est-à-dire la Chine continentale, Hong Kong et Taiwan.
Wang Xiaotang |
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Le prix
traditionnellement décerné est le ‘Cerf d’or »
(“金鹿奖”
jīnlù jiǎng). En 2010, le jury a été élargi
de onze à treize membres et présidé par l’ancienne
actrice, ancienne directrice des
Studios du 1er Août,
Wang Xiaotang (王晓棠).
A l’issue
de la précédente édition du festival, le Cerf d’or
avait été décerné à un film sorti de ces studios,
toujours possédés par l’Armée populaire : « Dans les
monts Taihang » (《太行山上》),
un
film tourné pour commémorer les 100 ans du cinéma
chinois et le 60ème anniversaire de la
victoire sur le Japon.
Ce choix
est révélateur en soi de l’image propre du festival,
plus spécifiquement tournée vers le public chinois,
avec une forte présence de films ‘officiels’.
Les
prix décernés jusqu’ici sont allés à des films du
même genre :
le ‘Cerf
d’or’ 1996 a été décerné au film de
Hou Hsiao-hsien (侯孝贤)
« Good men, good women » (《好男好女》),
qui dépeint deux communistes chinois de Taiwan
partis sur le continent, dans |
les années
quarante, pour participer à la guerre contre le
Japon, tandis que celui de 1998 a récompensé un film
de Hong Kong, tourné cette même année dans les
studios de Mongolie intérieure : « Gengis Khan » (《成吉思汗》).
En 2010,
bon nombre des quarante films en compétition pour le
‘Cerf d’or’ étaient des films réalisés pour le
soixantième anniversaire de la fondation de la
République populaire, dont, bien sûr, les deux
superproductions
« La
fondation de la République »
(《建国大业》)
et le « Confucius »
(《孔子》)
de Hu Mei (胡玫).
Un aspect
du cinéma chinois à découvrir
Le festival
ne se borne cependant pas à cela, ayant aussi sa
part de films que l’on peut qualifier de ‘films
d’auteur’, comme celui du Taiwanais Leon Dai,
vedette du festival de Taipei en novembre 2009 : « No
puedo vivir sin ti » (《不能沒有你》).
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Dans les monts Taihang |
L’un des
mérites essentiels de ce festival est de
relativiser la notion de « cinéma de propagande »,
et de
mettre à l’honneur et faire découvrir des films
classés dans cette rubrique que l’on aurait tendance
à négliger un peu trop vite. Il
permet en
particulier de découvrir des films que l’on verra
rarement ailleurs, et de confronter à des films
connus d’autres qui le sont moins, sur des sujets
proches, et qui soutiennent la comparaison.
C’est le
cas, par exemple, du « Tian’anmen »
(《天安门》)
de Ye Daying (叶大鹰)
présenté en 2010, mais
malheureusement écrasé
par
« La
fondation de la République ».
Un festival
qui évolue
Pour son dixième anniversaire, le festival a eu un
éclat particulier, avec la présence d’une foule de
vedettes à la |
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Le Confucius de Hu Mei |
cérémonie d’ouverture, dont les deux actrices principales
d’ « Aftershock »,
Xu Fan (徐帆)
et la
petite Zhang Zifeng (张子枫).
Il
s’est affirmé comme acteur de première importance dans le
cinéma chinois en élargissant son programme et en créant un
nouveau prix.
Une des premières
caractéristiques du festival, dès sa fondation, a été
l’accent mis sur les thèmes ruraux. Ce n’est pas pour rien
que le premier ‘Cerf d’or’, en 1992, a été décerné au film
de Zhang Yimou « Qiu Ju, une femme chinoise » (《秋菊打官司》),
qui dépeint les tribulations d’une paysanne décidée à
obtenir justice pour son mari.
Zhao Wei en Reine des
Neiges lors du spectacle de clôture du 10ème
festival |
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Cette
orientation du festival a été accentuée en 2010 par
la création d’un prix spécial : l’Epi d’or (“金麦穗奖”
jīn màisuì
jiǎng).
Désormais, le festival aura donc deux compétitions,
ou plutôt, selon la terminologie officielle, deux
branches (ou deux ‘ailes’) d’une même compétition (“一主两翼”).
Le côté
populaire de l’initiative a été souligné par la
présence lors de la cérémonie d’ouverture de Zhao
Benshan (赵本山),
Xiao Shenyang (小沈阳)
et diverses autres vedettes du errenzhuan (二人转),
ce divertissement populaire justement originaire du
Nord-Est.
La soirée
de clôture, et de remise des prix, le 28 août 2010,
était un show à grand spectacle dans l’immense stade
et patinoire de la ville, avec l’ambassadrice du
festival, l’actrice Zhao Wei (赵薇),
transformée pour l’occasion en Reine des Neiges :
elle sortait de son château de glace pour illustrer
symboliquement les progrès réalisés par le cinéma
chinois en dix-huit ans, depuis la fondation du
festival. |
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